Connu pour ses conseils en musculation, l'Albigeois, Tibo Inshape a fait parler de lui pour un tout autre sujet. Dans une vidéo, en partenariat avec le GIFAS (Groupement des Industries Françaises Aéronautiques et Spatiales), il se demande si l'avion pollue. Avant de donner la parole aux entreprises les plus puissantes du marché. Une question et une vidéo qui font réagir.
Tibo Inshape en spécialiste de l'aéronautique, l'image est surprenante. Plutôt habitué à distiller ses conseils en musculation ou sur la santé, l'influenceur albigeois sort de temps en temps des sentiers battus avec des vidéos différentes, où il découvre notamment de nouveaux métiers. Dans sa dernière vidéo, publiée le vendredi 14 juillet sur YouTube, le Tarnais s'intéresse cette fois à l'aéronautique.
"L'avion ça pollue ?"
Un intérêt avant tout financier, puisque cette vidéo est une collaboration commerciale, en partenariat avec le GIFAS (Groupement des Industries Françaises Aéronautiques et Spatiales). Comme la loi l'y oblige, Thibaud Delapart précise l'aspect publicitaire via un #collaborationcommerciale sur Instagram. Sur YouTube, la mention est inscrite dans la description de la vidéo et relate un "Collaboration avec le GIFAS".
S'il est commun de voir des partenariats entre institutions et influenceurs, c'est plutôt le contenu qui détonne. Faire appel à un influenceur pour présenter un produit ou une marque, c'est s'assurer un certain confort pour cette dernière, qui écrit les scripts auparavant et s'assure donc de tout ce qui est dit. Mais c'est également s'assurer de toucher une audience importante, près de dix millions de personnes suivant Tibo Inshape sur YouTube.
Les acteurs les plus influants du marché...
Dans cette vidéo, il se présente depuis le salon international de l'Aéronautique et de l'Espace, au Bourget (Seine-Saint-Denis). En préambule, il explique : "Le but de cette vidéo c'est de montrer que l'avion de demain, peut être un avion propre. (...) Faut être réaliste, aujourd'hui ce serait dur de se priver des avions, donc dans cette vidéo on va montrer comment l'industrie aéronautique se transforme et évolue pour qu'on puisse continuer à voyager sans polluer".
Tout un programme. Dans son entreprise, l'influenceur enchaîne les rencontres et les interviews. Le directeur de la communication de Dassault Aviation, Stéphane Fort, est le premier interviewé. Après avoir présenté un avion d'affaire, ce dernier explique la volonté de son groupe d'émettre zéro gramme de CO2. "Le Falcon 10 X sera certifié 100% SAF (sustainable aviation fuel), ce sont des carburants qui permettent de réduire de 90 % l'empreinte carbone".
... sans contradicteur
Suivent d'autres interviews avec des cadres de Dassault Aviation, Airbus, Thalès, Safran ou encore Ascendant Flight Technologies. Tous présentent le meilleur de leur innovation et leur désir de mettre au point des avions verts. Une perspective qui semble encore peu réaliste à ce jour.
Durant les 25 minutes de la vidéo, Tibo Inshape laisse dérouler les réponses de ses interlocuteurs, sans les contredire ou entrer dans le détail des réponses. Aucun contradicteur n'intervient pour contrebalancer ou donner un avis contraire.
"Ça s'appelle le greenwashing"
Ouvrier dans le secteur de l'aéronautique et militant CGT reconnu à Toulouse, Gaëtan Gracia s'est empressé de répondre à cette vidéo, via un post sur Twitter. "Catastrophé" il explique se sentir trahi par un YouTubeur qu'il suit depuis des années. "Ne viens pas dans l'industrie aéronautique pour tendre le micro aux patrons d'Airbus, Safran et Thalès pour dire qu'ils sont écolos, réagit-il. Je t'explique un truc, ça s'appelle le greenwashing. Toutes les industries polluantes mettent leur argent au service de ça".
Qu'est-ce que le greenwashing ?
Selon l’ADEME, le terme de greenwashing est utilisé "pour qualifier tout message publicitaire pouvant induire le public en erreur sur la qualité écologique réelle d’un produit ou d’un service ou sur la réalité de la démarche développement durable d’une organisation".
Ce n'est pas la première fois que l'Albigeois fait parler de lui. En juillet 2019, sa participation, rémunérée par le gouvernement, à la promotion du Service national universel (SNU) avait fait débat sur la scène publique. Les éléments de langage et le côté promotionnel lui avaient été reprochés.
