Le préfet du Tarn a décidé d'interdire la manifestation en marge du procès de trois membres du groupe identitaire Patria Albiges, mardi 26 septembre 2023. Une décision contestée par la députée (LFI) Karen Erodi pour qui "la liberté d'expression et les valeurs républicaines" sont remises en cause.
Réformes des retraites, projet d'autoroute A69. Les désaccords sur l'organisation de manifestations entre le préfet du Tarn, sur le départ, François-Xavier Lauch, et les représentants tarnais de La France Insoumise ne manquent pas depuis plusieurs mois. Le procès de trois membres du groupuscule identitaire Patria Albiges donne l'occasion aux de camps de remettre une pièce dans le jeu de la polémique.
Risque de "troubles à l'ordre public"...
Le représentant de l'Etat, François-Xavier Lauch, a décidé d'interdire toute manifestation prévue mardi 26 septembre 2023 en lien avec l'audience des trois militants d'extrême-droite.
"En raison du risque de trouble à l’ordre public, le Préfet, garant de la sécurité de tous, ne peut permettre de tels rassemblements dans ce contexte particulièrement sensible. Les services de l’État relèvent en effet qu’à plusieurs reprises, des rassemblements d’opposants et de partisans de ce groupement de fait ont occasionné des violences physiques. De plus, d’autres appels à
manifester, non déclarés, ont été portés à la connaissance de la préfecture. Le préfet a émis cet arrêté d'interdiction en invoquant des préoccupations de sécurité publique. Selon lui, des rassemblements antérieurs liés à Patria Albigès ont souvent dégénéré en violences physiques. De plus, des appels non déclarés à manifester ont été portés à la connaissance des autorités, accentuant les craintes de troubles.", avance la préfecture dans un communiqué de presse.
L'arrêté préfectoral ne passe pas chez les organisateurs de la manifestation dont l'objectif est de demander la dissolution du groupuscule d'extrême-droite Patria Albigès en raison de ses dérives violentes. Parmi eux, la députée (LFI) Karen Erodi a critiqué vivement la décision du préfet. La parlementaire estime que les raisons invoquées par le préfet pour l'interdire ce rassemblement n'était pas valable, les événements passés et la manifestation prévue étaient selon elle distincts.
... contre "société civile et élu-es de la République muselés"
L'ancienne élue de Realmont a également contesté, dans un communiqué, l'argument du manque d'effectifs en raison de la Coupe du Monde de Rugby : "La vie démocratique et la défense des valeurs républicaines contre les groupuscules fascistes doivent-elles s'arrêter pendant la Coupe du Monde ? Le Président de la République s'est félicité hier d'avoir reçu un Pape, un Roi et une Coupe du Monde en même temps, mais les services de l'État du Tarn ne peuvent pas encadrer une manifestation devant un tribunal ! Si la décision du Préfet va dans le sens de l'interdiction, Madame la députée, dénonce une décision arbitraire et s'interroge sur le bien fondé de cette décision qui musèle la société civile et les élu-es de la République."
Les trois militants jugés mardi 26 septembre par le Tribunal correctionnel d'Albi (Tarn) sont poursuivis pour provocation publique à la haine après une action anti-migrants dans les parcs d'Albi en juin dernier. Le procès a finalement été repoussé au 12 décembre 2023.