En plein débat sur la fin de vie, une médecin anesthésiste a été condamnée, hier vendredi 22 décembre 2023, à deux ans de prison avec sursis pour avoir administré une dose léthale de curare à une octogénaire de 83 ans, à l'hôpital de Lavaur dans le Tarn.
La médecin anesthésiste, jugée pendant ces deux derniers jours pour meurtre sur une patiente dans le Tarn, a été condamnée ce vendredi soir, 22 décembre 2023 à Albi, à deux ans de prison avec sursis. Elle avait euthanasié une patiente octogénaire en décembre 2018 à l'hôpital de Lavaur, situé dans le sud du département.
L'avocat général avait requis trois ans de prison avec sursis à l'encontre de cette femme de 73 ans, pour avoir "volontairement donné la mort" à une patiente de 83 ans, à qui elle avait administré une dose létale de curare.
"La peine avec sursis, qui est une peine d'avertissement - on dit à la personne : "Madame, une fois, pas deux' - nous est parfaitement admissible, compréhensible, juste", a déclaré après l'énoncé du verdict l'avocat de la famille, Nicolas Nassier. "On a une famille aujourd'hui, à la veille des fêtes, qui, je pense, est apaisée, soulagée et peut enfin tirer le rideau à cette triste histoire", a-t-il commenté à nos confrères de l'AFP.
L'accusée a reconnu sa faute
Les faits remontent à 2018. L'accusée avait alors 68 ans, et travaillait à l’hôpital de Lavaur comme médecin anesthésiste remplaçante. Un soir de décembre, une femme de 83 ans est admise à l’hôpital en état d’urgence absolue. Elle y passe la nuit, dans le coma, entourée des membres de sa famille.
Dans la matinée du lendemain, l’anesthésiste met un terme à ses souffrances et à sa vie, en lui faisant administrer une dose létale d’anesthésiant, et en faisant débrancher son respirateur. Les enfants de la patiente ont toujours confirmé avoir demandé à la médecin de soulager les souffrances de leur mère et qu’elle s’endorme en douceur sans pour autant imaginer qu'un acte illicite serait opéré.
Au cours de deux jours de ce procès, la médecin, elle, a toujours reconnu sa faute. Celle notamment de ne pas avoir suivi la procédure prévue par la loi Leonetti.
Pas d'intention criminelle
L'avocat de la défense, Laurent Belou, a regretté la décision du tribunal : "On a plaidé l'acquittement. Notre discours, nos explications n'ont pas convaincu", a-t-il affirmé. Pour lui, "il n'y a pas d'intention criminelle", mais une volonté d'éviter "un acharnement thérapeutique". Sa cliente est "très surprise du verdict puisqu'elle ne se considère pas comme meurtrière. Au bout de 43 ans d'exercice de la médecine, terminer sur une accusation, puis une condamnation aujourd'hui, de meurtre, c'est extrêmement compliqué et dur", a encore déclaré Me Belou.
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En plein débat sur la fin de vie, cette condamnation prend donc un relief particulier. Un nouveau texte législatif sur cette question sensible, doit prochainement voit le jour, après avoir été une nouvelle fois repoussé. lnvité sur le plateau de C à Vous, il y a trois jours, le chef de l'Etat, Emmanuel Macron, a précisé qu'il souhaitait que cette réforme donne la possibilité au paeitn atteint d'une " maladie sans espoir, dans des conditions de délibération avec sa famille, dans des conditions médicalement encadrées, d'avoir une fin de vie digne et d'avoir une réponse qui est plus adaptée, plus humaine que celle que nous avons aujourd'hui."
( Avec Auriane Duffaud et AFP)