Une clinique privée rachetée par l'hôpital public, une option envisagée mais rejetée...pour le moment

Dans le Tarn, la clinique Toulouse-Lautrec est placée en redressement judiciaire. En 2017, l'hôpital d'Albi était candidat pour racheter la structure. Les difficultés financières de la polyclinique pourrait relancer le chantier.

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En juin 2023, la clinique Toulouse-Lautrec (Tarn) développe une nouvelle activité : des soins de suite et de réadaptation (SSR). Moins d'un an plus tard, en mars 2024, la structure employant plus de 50 médecins spécialisés est placée en liquidation judiciaire. Par définition, une liquidation judiciaire suppose un maintien d'activité. Mais les difficultés financières de la polyclinique relance l’idée d'un rachat par l'hôpital public.

Un potentiel rachat rejetée par la clinique 

L'idée n'est pas nouvelle. En 2017, la clinique Toulouse-Lautrec est en vente. Cette opération n'est pas liée à des turbulences économiques. Elle est imposée par l'Autorité de la Concurrence pour éviter une situation de quasi monopole. En effet, le groupe propriétaire de la polyclinique se positionne pour acquérir un autre établissement sur la ville d'Albi, la clinique Claude Bernard

Face à cette cession forcée, le centre hospitalier (CH) présente alors un projet pour "reprendre la totalité des activités" de "Toulouse-Lautrec". Le directeur du CH précise que "tout le monde sera repris, ceux qui sont en CDI passeront en CDI avec un contrat de statut public et les CDD seront repris en CDD de la même durée". Les médecins, quant à eux, pourront garder leur statut libéral.  

Finalement, c'est un groupe privé qui va rafler la mise, le groupe Clinipole. Un groupe qui se présente comme 'famillial et régional" et qui, 7 ans après l'achat de la polyclinique, se retrouve face à une cessation de paiement. Il manque 2 millions d'euros dans les caisses.

Ce retournement de situation pourrait relancer les velléités de l'hôpital public. Le CH cherche, selon une source médicale, des activités rentables. Toujours selon cette source, le CH développe, dans ce sens, un pôle ORL. Or, la clinique a une activité phare : l'urologie. Une activité qui n'est dispensée dans aucune autre structure médicale albigeoise.L'hôpital pourrait donc étoffer son offre de soins. Depuis une dizaine d'années, ce qui était exceptionnel est devenu plus fréquent. 

Comme le souligne le docteur Michel Boussaton, président d'honneur de l'ordre régional des médecins "beaucoup de cliniques ont disparu dans notre région. Des hôpitaux, notamment à Auch dans le Gers, ont parfois récupéré des lits et des chirurgiens du privé sont venus opérer à l'hôpital tout en conservant leur statut libéral ".

Chaque fois qu'une clinique ferme, on observe la même réalité : l'offre de soin diminue

Michel Boussaton - Président d'honneur de l'ordre régional des médecins

Sur le papier, rien ne s'oppose à ce que le CH entreprenne en 2024 ce qu'il voulait faire quelques années auparavant. Mais il existe une différence de taille : la clinique n'est pas à vendre. Une liquidation judiciaire et un dépôt de bilan n'est pas synonyme de vente. La procédure est même censée éviter cette extrémité en apurant les dettes. 

Le directeur du CH d'Albi a bien noté ce "détail". Alexandre Fristsch précise " un redressement n'est pas une liquidation". 

Néanmoins si l'ardoise continue à s'alourdir, le propriétaire de Toulouse-Lautrec peut parfaitement décider de se séparer de son établissement albigeois. Contacté au sujet d'une vente ou simplement de cessions d'activités, le groupe Clinipole répond négativement.

Cette option n'est pas d'actualité

Groupe Clinipole - propriétaire de la clinique Toulouse-Lautrec

La position est claire. Même si, bien sur, les affirmations du moment peuvent évoluer en fonction des circonstances.  

L'hopital d'Albi intéressé par un éventuel rachat ?

Ce mardi 12 mars, une Commission Médicale d'Etablissement (CME) s'est déroulée au CH d'Albi. Selon l’un des membres, " le sujet de la clinique Toulouse-Lautrec n'a pas été abordé". Mais, selon un médecin hospitalier, sans que l'on puisse parler de projet, la question a bien été évoquée en interne.

Contacté sur le sujet, le directeur du CH, Alexandre Fristch se contente d'adresser un message de soutien à la clinique.

 

Aujourd'hui, pour le territoire, l'hôpital souhaite que la clinique retrouve son équilibre afin que son offre de soins médicaux et chirurgicaux largement complémentaire de la notre, puisse sans perturbation, continuer de bénéficier aux habitants du territoire

Alexandre Fritsch - directeur du CH d'Albi

A noter que, comme le groupe Clinopole, la direction de l'hôpital public laisse la porte ouverte en fonction de l'évolution de la situation. "Aujourd'hui" n'est pas, par définition, demain ou après-demain. Une liquidation judiciaire dure 6 mois et peut être renouvelée au maximum deux fois.

Au plus dans 18 mois, la clinique Toulouse-Lautrec devra sortir de son état de cessation de paiement.

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