La Verrerie Ouvrière d’Albi (VOA) "attaquée" par 600 goélands

Depuis plusieurs semaines, une colonie de 600 goélands s'est installée sur les toits de la Verrerie ouvrière d'Albi (VOA) dans le Tarn. Cette présence provoque de nombreuses nuisances pour la production de l'usine et interroge sur l'installation durable de ces oiseaux dans le département.

Un soleil éclatant, un ciel bleu et au loin les cris stridents des goélands. Il ne manquerait que les embruns marins pour que les riverains de la Verrerie ouvrière d’Albi (VOA) aient la drôle d’impression, en ouvrant leurs fenêtres, d’habiter au bord de mer, située à plus de 100 kilomètres de là. Depuis plusieurs mois, une bruyante colonie de 600 goélands s’est installée sur les toits de l’usine de production de bouteilles en verre tarnaise.
 

600 à 1000 individus chaque année dans le Tarn

Difficile de savoir d’où proviennent ces oiseaux marins mais, comme le souligne Christophe Maurel de la Ligue de protection des oiseaux du Tarn, leur présence dans le département n’est pas nouvelle. "Dans le Tarn, depuis dix ans, leurs effectifs restent stables aux alentours de 600 à 1000 individus. Tous les ans, ces oiseaux passent dans le département lors des périodes migratoires au printemps et en automne. A la VOA, on trouve des goélands argentés qui viennent le plus souvent de la façade atlantique et des goélands leucophée issus du bassin méditerranéen. Tous deux ont vu leurs populations augmenter et se répandre sur les côtes grâce aux déchets de la surpêche jetés à la mer et aux grands sites de déchets. A l’intérieur des terres, ils ont trouvé des milieux favorables pour les accueillir avec le développement à partir des années 50 des lacs collinaires et des barrages hydro-électriques et des sites d’enfouissement de plus en plus grands pour se nourrir".
 

Des nuisances pour l'usine

Leur implantation peut paraître anecdotique. Elle est en réalité lourde de conséquences pour la VOA. Depuis plusieurs semaines, ces rassemblements provoquent d’importantes nuisances pour l’usine et ses salariés.

« Les odeurs fortes des fientes incommodent les équipes, particulièrement en période estivale à cause de la chaleur, explique l’industriel dans un communiqué. Les plumes des oiseaux sont susceptibles de pénétrer dans le hall de production. L’entretien des toitures ne peut plus être assuré car les goélands sont agressifs lorsqu’on monte sur la toiture. Les fientes et les détritus qu’ils apportent génèrent des fuites ou des débordements des chenaux destinés à évacuer les eaux pluviales. »

Les dirigeants de la Verrerie ouvrière d’Albi se seraient bien passés de cette installation et de ces conséquences « C’est un sujet sensible, reconnaît un acteur de ce dossier. Une entreprise qui fabrique des contenants alimentaires doit être vigilante en matière sanitaire. Elle ne peut pas se permettre d’avoir des refus de la part de ses clients ni de créer des tensions avec ses salariés qui s’inquiètent fortement de l’avenir de l’entreprise, après des rumeurs de revente."
 

Des fusées d'effarouchement

Pour trouver une solution au problème, la Ligue de protection des oiseaux du Tarn (LPO), l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) ont été contactés, et le conseil scientifique du patrimoine naturel et de la biodiversité (CSPNB) a été réuni en urgence par les services de l’Etat. Le choix s’est porté sur une campagne d’effarouchement. Depuis le 5 juillet 2018, la VOA tire ainsi « une fusée éclairante et crépitante » en début de soirée et maximum 2 fois par jour. Les premiers résultats semblent confirmer l’efficacité de la démarche.
 

Des oiseaux devenus sédentaires ?

Mais l’épisode des goélands de la VOA soulève une problématique plus large : ces oiseaux qui ne faisaient que passer à l’intérieur des terres, dans des départements comme le Tarn, l’Aveyron, le Tarn-et-Garonne ou la Haute-Garonne, semblent désormais y rester tout au long de l’année.   

« Il y a encore peu de temps, la colonie de la verrerie d’Albi allait dormir la nuit, à plusieurs kilomètres de là, dans l’Aveyron sur le lac du Lévézou Pareloup, nous raconte Christophe Maurel. Dans la journée, ils allaient se nourrir dans le Tarn à la déchetterie de Ranteil. Les casiers de ce site ont été fermés et les goélands doivent désormais se déplacer plus loin pour manger. Par exemple à Graulhet, sur le site d’enfouissement de déchets de Trifyl. C’est une hypothèse que j’émets mais il me semble que les toits de la VOA ont pu être un site de substitution à celui de l’Aveyron. Les goélands se sont adaptés en fonction de leur ressource alimentaire. »

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