Dans la nuit du jeudi 9 février 2023, deux véhicules ont été incendiés au sein d'une entreprise de Muret (Haute-Garonne). Ces dégradations ont été revendiquées comme un acte "contre l'autoroute Toulouse-Castres", l'A69. Le climat est de plus en plus tendu, au fil des semaines, dans le sud du Tarn.
"L’autoroute ne passera pas. Jeudi soir, quelques véhicules ont malencontreusement brûlé au siège de NGE, sur la route d'Ox, près de Muret. Comparé à leur capacité de nuisance, ce n'est pas grand-chose, mais que ce geste résonne comme un avertissement à NGE et autres bétonneurs de malheurs". La revendication a été envoyée par mail à plusieurs médias. Dans la nuit du jeudi 9 février 2023, deux voitures ont été incendiées dans cette entreprise dont des locaux sont installés à Muret (Haute-Garonne). L'objectif des auteurs de cette action est clairement assumé : s'opposer au projet d'autoroute A69 entre Castres (Tarn) et Toulouse.
Un avis favorable "en forme de long camouflet"
La date de ces dégradations n'est sûrement pas anodine. Le jour même, la commission chargée de l’enquête publique environnementale a rendu ses conclusions. Un avis favorable à la demande d'autorisation environnementale pour la construction de cette autoroute. Pourtant, au fil des 162 pages de ce rapport, les membres de la commission compilent les arguments contre la construction de cette infrastructure comme ceux concernant l'artificialisation des sols, le tarif trop élevé du futur péage ou le doublement des voies de l'A 680 (bretelle d'accès de Verfeil). Comme le souligne très justement le journaliste Stéphane Thépot, "Christian Lasserre et les 6 membres de la commission d'enquête innovent en rendant un avis favorable... en forme de long camouflet".
"Cet avis favorable est un véritable mépris démocratique, un passage en force" réagit Geoffrey Tarroux, membre de La Voie est Libre qui se mobilise depuis plusieurs mois contre le projet. Pour le collectif désormais la "lutte commence". "On va ouvrir une lutte juridique, car on n'a pas vraiment le choix. Ce projet, on a la chance qu'il soit caricatural et qu'il nous donne toutes les données argumentatives."
Mais la lutte des opposants n'est pas seulement judiciaire, elle est aussi sur le terrain. Depuis plusieurs semaines, des actions comme celle de Muret commencent à se multiplier.
Les opposants désormais "en lutte" contre le projet d'autoroute
Au début du mois de décembre 2022, c'est une pelleteuse utilisée pour les fouilles archéologiques qui a été dégradée sur le chantier de la future autoroute A69. Le 4 février 2023, les militants écologistes du collectif Extinction Rébellion Toulouse ont occupé une maison de la société Atosca.
"Le but de La Voie est Libre est de donner l'alerte, explique Geoffrey Tarroux. Nous voyons bien de nouveaux acteurs qui s'intègrent à la lutte. Il y a des collectifs beaucoup plus activistes qui s'en saisissent. Chaque semaine, il y a des actions qui ne correspondent pas forcément aux nôtres. Nous ne les contrôlons pas. Nous, nous sommes vraiment dans des événements festifs. Une lutte, c'est fait de profils très divers. Et c'est là qu'ils auront beaucoup de mal à arrêter cette opposition."
Des affirmations auxquelles ne croit pas Guy Bousquet, président de l'association Via 69 et l'un des plus fervents partisans de l'autoroute. "Il y a une poignée de fauteurs de troubles qu'il faut punir sévèrement. Dans toutes les associations opposées à l'autoroute, il n'y en a aucune qui a les mains propres. Aucune. La Voie est Libre, qui dit "ce n'est pas nous", sous-traite des actions à des groupes comme Extinction Rebellion. De toute façon, cette autoroute va se faire. Soit elle se fait dans le calme. Soit elle se fait dans le désordre. Mais elle se fera."
Le spectre du traumatisme de Sivens
Pour l'entrepreneur castrais. "Tout a été décidé. Cette autoroute ne peut pas être plus démocratique que ce qu'elle. La démocratie, c'est ça : la majorité est pour, donc on fait."
Mais depuis plusieurs semaines, des rumeurs circulent sur la présence dans le secteur du chantier de l'A69 d'anciens membres de la ZAD de Sivens."C'est plus une crainte pour les services de l'Etat que pour nous, pense Guy Bousquet. Je sais que c'est inquiétant, mais j'espère qu'au plus haut niveau, on ne laissera pas s'installer un nouveau Sivens ou un Notre-Dame-des-Landes. C'est bon pour personne."
Pour Geoffrey Tarroux, "Sivens est un traumatisme dans le Tarn et ils produisent pourtant les mêmes erreurs (dans le dossier de l'A69). Tout le monde sortirait perdant si cette situation venait " Pour une fois, pro et anti A69 partagent le même point de vue sur ce point.