L’Autorité environnementale vient de rendre son rapport sur la future autoroute entre Castres et Toulouse. Dans ses conclusions, elle se montre quelque peu sévère sur ce projet en matière d’environnement. Elle pointe des lacunes, et exprime des recommandations.
Avant le début des travaux de l’autoroute A69, la législation européenne prévoit que les évaluations d’impacts environnementaux des grandes opérations soit soumises à l’avis, rendu public, d’une "autorité compétente en matière d’environnement". C’est ce que vient de faire l’Autorité environnementale.
Des lacunes
L'Autorité environnementale vient de rendre son avis, en date du 6 octobre 2022, sur la future autoroute entre Castres et Toulouse. L’instance pointe des lacunes :
"L’étude d’impact comporte encore de nombreuses lacunes en ce qui concerne les impacts sanitaires, les consommations d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre. L’analyse des variantes ne considère que le mode routier sans exploration suffisante de solutions de substitution raisonnables moins carbonées et moins consommatrices d’espace"
Des données obsolètes
L'Autorité environnementale évoque également un décalage entre l'analyse du projet effectué il y plusieurs années et les données connues aujourd'hui.
"De façon générale, ce projet routier, initié il y a plusieurs décennies, apparaît anachronique au regard des enjeux et ambitions actuels de sobriété, de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et de la pollution de l’air, d’arrêt de l’érosion de la biodiversité et de l’artificialisation du territoire et d’évolution des pratiques de mobilité et leurs liens avec l’aménagement des territoires." Et de poursuivre :
"L’analyse socio-économique, dont seul un résumé est présenté, ne semble pas avoir été actualisée : elle repose sur des données de trafic et des hypothèses d’émissions de polluants désormais obsolètes."
Des recommandations
Dans son avis l'Autorité environnementale recommande principalement au porteur du projet de mettre à jour son étude. Cela comporte plusieurs recommandations :
- reprendre la modélisation du trafic à l’aide d’un modèle pour prendre en compte des modes de transport non routier,
- mettre à jour le chapitre traitant des variantes afin de tenir compte des objectifs nationaux relatifs à la transition énergétique et à l’absence d’artificialisation nette, et de vérifier si le choix retenu reste pertinent,
- calculer et actualiser les émissions lors de la mise en service et à long terme, et d’adosser l’évaluation des risques sanitaires sur les valeurs guides de l’Organisation mondiale de la santé les plus récentes,
- reconsidérer les mesures d’évitement, réduction et compensation proposées à l’aune des objectifs d’absence de perte nette de biodiversité et d‘artificialisation nette.
Le concessionnaire répondra aux recommandations
Atosca, la société qui a obtenu la concession de la section de l'autoroute A69 entre Verfeil et Castres a réagi par un communiqué et précise qu'elle répondra aux recommandations de l'Autorité environnementale.
"ATOSCA tient systématiquement compte des avis des différentes instances consultatives sous le contrôle de l’État. Elle s’engage à approfondir des travaux d’études pour conforter les solutions proposées aux territoires."
Un projet qui divise
Le 12 septembre dernier, le Conseil national de protection de la nature avait rendu un avis défavorable sur ce projet d'autoroute. De son côté, le comité de suivi garde le cap et l’objectif d’un démarrage des travaux début 2023 est maintenu. L’autoroute A69 est une opération classée priorité nationale par le gouvernement. Sa mise en service est prévue en 2025.
Les opposants au projet restent mobilisés. Ils prévoient une marche entre Castres et Toulouse du 21 au 24 octobre prochain.