Le Conseil Général du Tarn doit se prononcer vendredi sur l'avenir du barrage de Sivens. En attendant, les gendarmes défendent leur action et les juges d'instruction toulousains sont sur le site du Testet.
Ce jeudi au petit matin, "pas l'ombre d'un uniforme" n'était visible sur la "Zone à défendre", la ZAD, installée sur le chantier de la retenue d'eau de Sivens, selon le site d'un collectif d'opposants, qui sont encore quelque centaines à camper sur le lieu. Les deux juges toulousains en charge de l'instruction sur la mort de Rémi Fraisse sont arrivés sur le site accompagnés d'enquêteurs. L'enquête se poursuit alors que les gendarmes défendent leur action et que la question de l'avenir du barrage est plus que jamais posée.
"Si des fautes ont été commises, il y aura des sanctions"
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et le patron des gendarmes ont défendu l'action des forces de l'ordre après la mort de Rémi Fraisse. "Si des fautes ont été commises, il y aura des sanctions mais, en même temps, nous ne sommes pas dans un pays de justice expéditive", a déclaré ce jeudi matin le ministre de l'Intérieur sur France Info. "La vérité doit toujours précéder la justice dans la définition des sanctions qu'elle porte. Il y a également une inspection de la gendarmerie, elle donnera ses instructions dans 15 jours", a-t-il ajouté.Hommage aux forces de l'ordre
Bernard Cazeneuve a tenu à "rendre hommage" aux forces de l'ordre, soulignant que, "depuis le début de septembre à Sivens, 56 policiers et gendarmes (avaient) été blessés". Mercredi soir à Paris, en marge d'une manifestation d'environ 250 personnes en mémoire à Rémi Fraisse, un CRS a été hospitalisé, et 12 "contusionnés", a-t-il rappelé.Le directeur général de la gendarmerie nationale (DGCN) Denis Favier a également défendu l'action de ses hommes mercredi soir, excluant de suspendre le gendarme qui a tiré la grenade suspectée d'avoir provoqué la mort de Rémi Fraisse. "J'estime qu'il n'y a pas de faute intentionnelle volontaire", a-t-il justifié. Il a assuré que des vidéos prises par les escadrons et versées au dossier montreront que les gendarmes ont essuyé "des tirs de pierres, de cocktails Molotov, de boulons".
Une information judiciaire contre X
Mercredi, le parquet de Toulouse a ouvert une informatih00on judiciaire contre X pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, faits commis par une personne dépositaire de l'autorité publique dans l'exercice de ses fonctions".L'enquête privilégie la thèse d'un décès dû à l'explosion d'une grenade offensive lancée par un gendarme, après la découverte de traces de TNT sur les vêtements de Rémi Fraisse, 21 ans, tué dimanche vers 2h du matin.
Rémi Fraisse, un militant pacifiste, selon ses proches
Témoignant sur le site écologiste Reporterre, la petite amie de Rémi Fraisse, Anna, a démenti les accusations évoquant la présence de cocktails Molotov dans le sac à dos de son copain. "Il avait juste une bouteille de vin et des gâteaux apéritif", a-t-elle affirmé. Le manifestant, un botaniste amateur de reggae, a été décrit par ses proches et sa famille comme "foncièrement pacifiste".Le sort du barrage débattu vendredi
Les militants ont appelé à une manifestation vendredi à 9h00 devant le Conseil général du Tarn à Albi, alors que les élus doivent se prononcer sur l'avenir du projet de barrage. Le président socialiste du conseil général, Thierry Carcenac, va demander à l'Assemblée départementale d'officialiser une suspension des travaux "mais en aucun cas sine die". il refuse en l'état d'abandonner ce projet mais a accepté de l'amender en suivant les préconisations faites par des experts mandatés par la ministre de l'Écologie Ségolène Royal. Ces derniers estiment que le projet est surdimensionné et coûteux.Les opposants en appellent au Premier ministre
La ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal réunira mardi prochain "l'ensemble des parties prenantes" au dossier. "Il faut que l'on trouve une solution", a-t-elle dit. France Nature Environnement, Nature Midi-Pyrénées et le Collectif pour la sauvegarde du Testet ont adressé mardi soir une lettre ouverte à Manuel Valls dans laquelle il lui réclament "l'abandon immédiat du projet". "Vous seul avez maintenant le pouvoir d'amener l'apaisement", souligne la lettre. Mais Manuel Valls a déjà fait valoir que c'était "au Conseil général du Tarn" de décider du devenir des travaux.Retrouvez ici notre dossier complet sur le barrage de Sivens