Un an après l'abandon du projet de barrage de Sivens dans le Tarn, les discussions doivent reprendre sur l'avenir du site. Si partisans et opposants au barrage s'accordent à trouver la procédure beaucoup trop longue, ces derniers mettent des conditions à la poursuite des discussions.
A chaque pas sur la dalle d'argile, les bottes s'enfoncent de quelques centimètres, accumulant au fur et à mesure un amas de terre humide sur sa semelle. Christian Conrad pointe du doigt le sol : "Ici, l'an dernier, il y avait un 30 centimètres d'eau." Le naturaliste du Collectif du Testet se rend plusieurs fois par semaine sur le site de Sivens. Depuis l'arrêt du chantier et l'évacuation de la "Zone à défendre", il y a un an, la nature a repris ses droits.
La zone humide très abîmée
Avec l'arrivée du printemps, entre les fossés creusés par la Compagnie d'Aménagement des Coteaux de Gascogne et les mares d'eau remplies de colonies de grenouilles, les cardamides des prés tapissent la vallée de Sivens de fleurs violettes. Des espèces d'animaux et de plantes présentes avant le début des travaux ont fait leur réapparition. Certaines ont disparu. D'autres, nouvelles, se sont installées. "La zone humide est très abîmée. Cela ne peut pas durer longtemps comme ça", constate Christian Conrad "sa réhabilitation a été demandée par la Ministre de l'écologie et par les experts dans leur dernier rapport. J'espère que cela pourra se faire pour septembre prochain."
La réhabilitation comme préalable
Dans le protocole d'accord signé début décembre entre le Conseil départemental et l'Etat, courant décembre 2015, mettant fin au projet initial du barrage de Sivens, sont prévues "des mesures conpensatoires relatives aux 13 hectares de zones humides détruites" à Sivens. Huit sites identifiés pour leur biodiversité mais pas celui du Testet où devait se construire la retenue d'eau. La situation ne convient pas au Collectif du Testet. Le groupe d'opposants en fait désormais un préalable. Sans réhabilitation de la zone humide de Sivens, ils ne retourneront pas à la table des discussions du projet de territoire. Annexe 2 Protocole entre l'Etat et le Conseil départemental du Tarn
Un processus trop long
Du côté des "pro Sivens", on commence à s'impatienter. "Le processus commence déjà à devenir trop long", exprime la maire de Lisle-sur-Tarn, Maryline Lherm. Du temps, on en a pris. Les gens se connaissent, se sont réunis et se sont re-réunis. Les habitants et le Tescou ont besoin d'eau. Les élus et les agriculteurs ont la volonté d'avancer et d'écouter. Je ne suis pas sûre que ce soit le cas des associations environnementales. Le discours, notamment du collectif du Testet, n'est pas clair. Je crois que si l'on part comme ça, il y a une volonté de ne pas faire. Les prochains jours vont nous dire si il y a blocage ou pas."
Le nom d'un médiateur proposé
Les préfectures du Tarn et du Tarn et Garonne viennent d'adresser un courrier à l'ensemble des acteurs du dossier leur exposant la méthode adoptée et son calendrier.
Selon nos informations, la préfecture du Tarn a déjà proposé le nom d'un médiateur. Il est aujourd'hui en attente d'être validé. Un médiateur attendu tant les entretiens programmés les 25 et 26 avril prochain s'annoncent compliqués.
Voir ici le reportage de Sylvain Duchampt et Christelle Sivatte :