Figure du socialisme, plusieurs fois député et maire de Cordes-sur-Ciel (Tarn), Paul Quilès est mort le 24 septembre 2021 à l'âge de 79 ans.
C'est une figure marquante de la Mitterrandie, un poids lourd du socialisme, qui s'en est allé.
Paul Quilès est mort dans la matinée du vendredi 24 septembre 2021, à l'âge de 79 ans, a annoncé sa fille Emmanuelle Quilès à l'AFP. Il fut plusieurs fois ministre socialiste dans les années 1980 et 1990 et maire de Cordes-sur-Ciel (Tarn), élu au premier tour lors de quatre mandats consécutifs, jusqu'en 2020. Il a été député à plusieurs reprises, à Paris puis dans le Tarn.
"Mon père s'est éteint ce (vendredi) matin à Paris. Il s'est battu jusqu'au bout comme il l'avait toujours fait dans sa vie pour les autres", a-t-elle ajouté. Il se battait depuis deux ans contre le cancer. Sa mort avait été annoncée par erreur une première fois, mardi 21 septembre.
"Il a toujours donné le maximum de lui-même pour le territoire"
Première réaction venue du Tarn : "C'était un homme d'État. Malgré les coups qu'il a reçus lors des Législatives de 2007 [député sortant, il ne fut pas investi à nouveau, ndlr], il est resté fidèle au Parti socialiste", souligne Vincent Recoules, Premier secrétaire de la fédération du Parti socialiste tarnais. "Il continuait à participer aux débats au sein de la fédération, jusqu'à l'apparition de sa maladie en 2019".
C'était un homme qui élevait le débat et qui avait une exigence, mais pour de bonnes raisons. Il a toujours donné le maximum de lui-même pour le territoire.
"Le Tarn et Cordes-sur-Ciel perdent un élu, un militant, pleinement engagé pour les territoires ruraux et la justice sociale", déplore Carole Delga, présidente socialiste de la région Occitanie.
Plusieurs fois ministre lors des septennats de F. Mitterrand,#PaulQuilès fut un brillant et dévoué Homme d’Etat.
— Carole Delga (@CaroleDelga) September 24, 2021
Le Tarn et #CordesSurCiel perdent un élu, un militant, pleinement engagé pour les territoires ruraux et la justice sociale. Condoléances à sa famille et ses proches. pic.twitter.com/RwkF5rbEqp
"C'est l'un des seuls hommes politiques pour lequel j'ai beaucoup de respect. Il était droit, c'est quelqu'un qui n'a jamais eu d'affaires", déclare Jacques Valax, ancien député socialiste du Tarn, très "ému et touché par cette disparition".
C'était un homme intègre et, surtout, quelqu'un de fidèle et courageux dans ses engagements – ce qui nous manque aujourd'hui. Je retiens son caractère fort et trempé, d'autres évoqueront un mauvais caractère. Une vraie personnalité, caractère authentique. Un homme de combat.
"Son chemin était socialiste, et il l'a mené jusqu'au bout, il n'a pas dévié d'un seul iota", continue l'ancien député. "Ce que je retiens de son action dans le département, c'est sa gestion de Cordes. C'est une commune très difficile à gérer, avec très peu d'habitants et beaucoup de charges en raison des remparts et des murs. C'est un homme qui a rebaptisé Cordes-sur-Ciel et qui l'a fait exploser au niveau touristique et au niveau notoriété."
Concernant Cap Découverte, "peut-être que le projet était trop dispendieux, disproportionné par rapport à la réalité territoriale, mais si on ne lui avait pas mis des bâtons dans les roues sur le plan local, peut-être que ce projet aurait été dimensionné d'une autre façon".
"Toute sa vie, Paul Quilès aura servi la République"
Sur Twitter, le ministre de l'Interieur Gerarld Darmanin lui rend hommage : "Toute sa vie, Paul Quilès aura servi la République".
Toute sa vie, Paul Quilès aura servi la République, notamment à la tête du ministère de l’intérieur. J’adresse toutes mes condoléances à sa famille et ses proches.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) September 24, 2021
Philippe Martin a exprimé sur Twitter "son immense tristesse en apprenant la disparition de Paul Quilès dont [il] admirai[t] la solidité des convictions". Il a été son collaborateur au Ministère de l’Equipement et au Ministère de la Défense.
J’ai eu l’honneur d’être son collaborateur au Ministère de l’Equipement et au Ministère de la Défense. Immense tristesse en apprenant la disparition de Paul Quilès dont j’admirais la solidité des convictions. Souvenir d’un 10 mai 1981 à la Bastille, sous la pluie ?@LeGers32 pic.twitter.com/jh06MOqIuj
— Philippe Martin (@pmartin_32) September 24, 2021
Un fidèle de François Mitterrand
Fils d'un officier et d'une institutrice, Paul Quilès naît le 27 janvier 1942 à Saint-Denis-du-Sig, en Algérie française. Après des études à Polytechnique, il devient ingénieur dans le secteur énergétique auprès de la compagnie pétrolière Shell, jusqu'en 1978.
Parallèlement, ce catholique, ancien de la jeunesse étudiante chrétienne (JEC), entre au PS en 1972 et milite dans le courant mitterrandiste.
Son ascension politique prend son essor en 1981, quand il devient le directeur de la campagne présidentielle de François Mitterrand qui, en mai, accède à l'Elysée. D'abord ministre du Logement en 1983 puis promu à la tête d'un ministère élargi au Tourisme en 1984, il succède à Charles Hernu au poste de ministère de la Défense de septembre 1985 à mars 1986.
Six fois ministre
On le retrouve plus tard ministre des Postes et de l'Espace dans le gouvernement Rocard (1988-91). Il est ensuite à nouveau nommé au Logement (et aux Transports), avant d'obtenir le portefeuille de l'Intérieur, en 1992-93.
Elu en 1997 président de la commission de la Défense de l'Assemblée nationale, il préside l'année suivante la mission d'information parlementaire sur le Rwanda.
Ce père de trois enfants était le président de l'organisation "Initiatives pour le désarmement nucléaire", visant à "l'édification d'un monde plus sûr". Il avait écrit, seul ou en collaboration, trois ouvrages sur la question : "Nucléaire, un mensonge français", "Arrêtez la bombe !" et "L'illusion nucléaire".