Le chef de file du Front National à Graulhet, qui a recueilli 45 % des suffrages lors des délections départementales, vient d’apprendre par courrier son exclusion définitive du parti de Marine Le Pen. Jean-Pierre Rousseau s’en prend violemment aux instances FN du Tarn.
Un simple vote en faveur du maire UDI de Gaillac pour la vice-présidence de la communauté de communes de Tarn-et-Dadou, en mars 2014, lui aura été fatal.
C’est par courrier, vendredi dernier, que Jean-Pierre Rousseau a appris son exclusion du Front National. Une position arrêtée le 17 novembre dernier à Paris, lors de la commission des conflits du FN.
"Un aigri et un opportuniste"
« Il n’a jamais partagé les valeurs du Front National et n’a jamais respecté les consignes de vote du parti, se justifie le responsable du FN 81, Jean-Paul Piloz. Il n’a jamais été un véritable militant. C’est un aigri et un opportuniste. Nous avons fait une erreur en l’acceptant dans nos rangs. » renchérit le conseiller municipal de Castres.
45 % aux élections départementales
Les rapprochements à répétition avec la droite classique de la tête de liste du Front National de Graulhet, notamment lors des élections municipales ne semblent pas avoir été digérés au sein du FN 81. Au cours des dernières années, Jean-Pierre Rousseau a pourtant réussi à faire de Graulhet une place forte du Front National dans le Tarn. En mars 2015, à l’issue du premier tour des élections départementales, l’ancien banquier de 64 ans sort en tête dans le Graulhetois avec 37,18 % des suffrages. Au second tour, le chef de file du FN à Graulhet s’incline devant le duo de la gauche mais rafle quand même 45 % des votes exprimés. Jean-Paul Piloz en est persuadé : « ce n’est pas Jean-Pierre Rousseau qui a fait ce bon score, c’est le Front National de Marine Le Pen. »
Le FN 81, "un parti bolchevique"
L’élu Graulhetois est lui persuadé que ses bons scores lui valent aujourd’hui d’être chassé du parti frontiste. « Je me suis proposé comme candidat pour la liste des régionales. Je n’ai pas été retenu, explique-t-il avant de rajouter. Monsieur Piloz suit une ligne politique obtuse sans aucune possibilité d’ouverture et de concertation. Le Front National départemental est un parti bolchévique et je pèse mes mots. Je pensais que ce parti évoluait. Je me reconnais dans des personnes comme le maire de Béziers, Robert Ménard, et le député Gilbert Collard. Ils sont de sensibilité Front National mais n’ont jamais pris leur carte au parti. Ils ont leur liberté de parole. Aujourd’hui, je récupère la mienne. »
"Une élue nocive pour le Tarn et le FN"
Jean-Pierre Rousseau ne s’en prive d’ailleurs pas pour l’utiliser : « Le Front National du Tarn est dirigé par une équipe de « pieds nickelés.» J’en ai gros sur le cœur vis-à-vis de Monsieur Piloz et de Madame Boutonnet.» La députée européenne en prend pour son grade « Marie-Christine Boutonnet est une personne nocive pour le département du Tarn et le Front National. Elle n’a rien à faire des électeurs. Conseillère municipale à Gaillac, elle n’est jamais présente à la communauté de communes de Tarn et Dadou et n’appartient à aucune commission. »
Un groupe de "patriotes et de républicains"
Suivi par trois autres conseillers municipaux de Graulhet, Jean-Pierre Rousseau déclare vouloir former un nouveau groupe de « patriotes et de républicains » réunissant « une droite raisonnable et une gauche modérée, tout en gardant les idées principales du Front national. »A six jours du premier tour des élections régionales, le Front National se serait bien passé d’une telle publicité. L’ancien chef de file frontiste enfonce encore un peu plus le couteau. Jean-Pierre Rousseau appelle à ne pas voter Front National pour les élections régionales en Midi Pyrénées/ Languedoc Roussillon.