Alors qu'une marche est prévue le 25 octobre sur les lieux, la famille de Rémi Fraisse, tué par une grenade offensive lancée par un gendarme mobile, pointe du doigt de failles de l'enquête judiciaire et craint un non-lieu.
Un an après la mort de leur fils Rémi Fraisse à Sivens, dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014, les parents du jeune homme, domicilié en banlieue toulousaine, pointent les failles de l'enquête judiciaire. Ils estiment que la commission rogatoire des deux juges d'instruction, qui s'est achevée en juin dernier, est "à décharge" pour la hiérarchie de la gendarmerie.
Le témoignage de la famille de Rémi Fraisse
La mère de Rémi Fraisse, Véronique, l'a exprimé ces derniers jours sur l'antenne de France Culture où elle s'exprimait pour la première fois. Elle y décrit son fils comme un garçon calme, non-violent, "pas un zadiste". Elle s'insurge contre certains médias qui décrivent son fils comme un ultra et revient surtout sur les conditions de l'enquête judiciaire.Une tribune de la famille dans Le Monde
Le père de Rémi Fraisse, sa mère et sa soeur signent également une tribune dans Le Monde daté du 23 octobre, dans laquelle ils demandent à savoir ce qui s'est passé. "Nous voulons savoir comment Rémi est mort, pourquoi il est mort", écrivent-ils. "Nous voulons savoir qui est responsable. Un non-lieu serait terrible".
Un manque d'objectivité dans l'enquête ?
Même sentiment pour l'avocate de la famille, Maître Claire Dujardin, qui reproche à la justice l'inertie de l'enquête. Une enquête sur laquelle la famille fait planer un manque d'objectivité, car elle est menée par des gendarmes qui enquêtent sur des faits commis par d'autres gendarmes.La famille a aussi demandé une reconstitution sur place, mais cette demande a été rejetée par les juges d'instruction.
Aujourd'hui, un an après, avocat et parents de Rémi Fraisse redoutent un non-lieu, qui ne les aidera pas dans un deuil déjà difficile (lire encadré ci-dessous).
EN VIDEO / l'interview de Claire Dujardin, avocate de la famille de Rémi Fraisse :
Le gendarme mobile n'a pas été mis en examen
De son côté, l'avocat du gendarme mobile de la compagnie de Limoges qui a lancé la grenade mortelle, plaide pour un malheureux et terrible accident. Pour Maître Jean Tamalet, le gendarme a agi dans le strict cadre légal. Le gendarme mobile n'a pas été mis en examen ni placé sous le statut de témoin assisté.EN VIDEO / l'interview de Jean Tamalet, avocat du gendarme mobile :
Un contexte toujours tendu
Des points de vue qui divergent sur une enquête dans un dossier extrêmement sensible et dans un contexte toujours tendu. Dans quelques jours, dimanche 25 octobre, une marche doit se dérouler à Sivens en hommage à Rémi Fraisse. Mais le même jour, des agriculteurs ont prévu de mener une opération "solidarité foin" avec un éleveur sur le site. La préfecture du Tarn n'a toujours pas indiqué si elle allait interdire l'une ou l'autre ou les deux manifestations pour risque de troubles à l'ordre public. EN VIDEO / le reportage de France 3 Tarn :
Un an après, toujours pas d'obsèques et un deuil difficile à faire
Un an après la mort de leur fils, les parents de Rémi Fraisse, domiciliés près de Toulouse, n'ont toujours pas pu réaliser la crémation qu'ils souhaitent pour la dépouille de leur enfant, et qui leur a été interdites pour des raisons judiciaires. Sur France Culture, sa mère a expliqué qu'il est "dans une boite, dans un HLM de cercueils".Le deuil est donc difficile à faire dans ses conditions pour ces parents qui ont vu en quelques heures le nom de leur fils devenir un symbole médiatique et un enjeu politique. "Le deuil, c'est une période de calme, de repli sur soi et sur ceux que l'on aime, explique Véronique, sa maman. Il va nous falloir faire le deuil de ce nom et de ce prénom qui ne nous appartiennent plus et qui nous font souffrir à chaque fois qu'ils sont mal utilisés".