VIDÉO. Journées du patrimoine 2024. Visite d'un domaine exceptionnel où l'on découvre, à travers l'histoire d'une famille, le monde rural du 15ème siècle à nos jours

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Domaine rural d'Enfabre à Blan dans le Tarn
Découverte et rencontre avec Martine Languillon au domaine de L'Enfabre à Blan dans le Lauragais ©Hélène Bassas/FTV

Le domaine rural de l'Enfabre dans le Tarn, raconte à la fois l'histoire d'une famille et par son architecture le monde rural du 15ᵉ siècle à nos jours. Un patrimoine rare, intact, que les descendants ne cessent d'entretenir et de restaurer.

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Le domaine se situe sur deux communes, celle Blan et de Lenpaut dans le Tarn, et occupe aujourd'hui 70 hectares, constitués de bois, près et de terres cultivables.

Le Lauragais était au Moyen-âge, le grenier à blé du Midi de la France"

Martine Languillon propriétaire du Domaine de L'Enfabre à Blan dans le Tarn

La première fois que l'on se rend à L'Enfabre, on est immédiatement conquis par la beauté et le calme des lieux, et par Martine Langillon qui vous accueille chaleureusement. Elle est l'héritière de ce domaine rural que ses aïeux ont édifié. Elle a à cœur de transmettre ce que révèle le patrimoine bâti : une histoire familiale qui reflète l'histoire agricole du Lauragais.

Une histoire de famille 

C'est en 1745 que Jean Marty achète l'Enfabre. Il a la volonté de cultiver les terres, connaît leur qualité, des terreforts et des boulbènes, et mesure l'atout de bénéficier d'un ruisseau, d'une source et de nombreux puits.

Les six générations suivantes de Marty poursuivent la constitution du domaine.

Comme le rappelle Martine, l'émergence de cette grande maison paysanne repose sur l'envie tenace de constituer un solide patrimoine foncier et sur la ferme volonté de ne pas démanteler la propriété lors de mariage ou de succession. Pour y parvenir, la tutelle patriarcale et l'esprit de solidarité familiale s'imposeront avec pour seul objectif la constitution du domaine.

Ce qui distingue cette propriété rurale d'une autre, c'est le statut social du propriétaire : il travaille directement ses terres.

Martine précise qu'ils furent au départ qualifiés de laboureurs, puis devinrent laboureurs ménagers (petits propriétaires) ensuite maîtres de métairies. Le statut social augmenta corollairement avec le développement du domaine.

Neuf générations se sont succédées à l'Enfabre jusqu'à Martine. Elle a épousé Jean-Michel Langillon qui s'installa à son tour en tant qu'agriculteur sur la propriété. Quant à elle, elle exerça le métier d'archiviste à Graulhet et fut 31 années durant, élue communale dont un mandat en tant que maire. L'histoire et le devoir de mémoire lui tiennent particulièrement à cœur.

Avec son époux, ils sont animés par une solide volonté de préserver ce patrimoine. Un travail d'entretien au quotidien qui fait d'eux des retraités très actifs. Il faut aussi assumer la charge financière des travaux de restauration des bâtiments, façades, toitures pour lesquels ils ont recours à différentes instances telles la fondation du Patrimoine, le Conseil départemental du Tarn, qui leur allouent des subventions pour payer une petite partie de ces travaux.

Une architecture au service de l'agriculture

Il ne faut pas oublier que pendant des siècles la préoccupation fondamentale des populations fut de pouvoir produire ce qui était nécessaire à leur alimentation. Les surplus pouvant être vendus sur les marchés, comme celui de Revel.

Chaque bâtiment du domaine de l'Enfabre correspond à un usage spécifique et révèle les relations hiérarchisées au sein du domaine et la place de l'agriculture.

  • La maison de maître

Elle a certes les caractéristiques de la maison traditionnelle rurale, mais elle s'ornemente d'éléments plus bourgeois, comme la véranda, l'orangerie, et dispose d'un très beau parc avec une belle pièce d'eau.

C'est aussi de part et d'autre de cette grande maison que sont disposés les greniers à grains, l'ensemble constituant ainsi une cour fermée, dont l'accessibilité était contrôlée par les propriétaires. Cette disposition des bâtiments dévoile les réminiscences des peurs liées au vandalisme, que les paysans subirent lors de la guerre de cent ans ; On protège les récoltes qui font la richesse des propriétaires.

Ces bâtiments comportaient un rez-de-chaussée ouvert sur cour, réservé à la vie quotidienne des maîtres : garage à calèches, puis à voitures, écuries, cave à vin et volières dont celle dédiée aux pigeons, paons, pigeons d'ornement que Martine chérit et élève avec beaucoup d'attention.

Les étages étaient compartimentés pour recevoir les récoltes : céréales, légumineuses et vendanges.

Un autre marqueur du statut social des propriétaires est la maison du jardinier. Ce dernier s'occupait du parc, du jardin potager, des chevaux, de la mule, et de la vache pour le lait frais de la maison.

  • La métairie et ses dépendances

Elle est séparée de la maison de maître et à l'allure d'une longère. Elle dispose d'une grande habitation  étagée pour le maître valetage et pour accueillir les saisonniers. 

Selon Louis Assier-Andrieu, juriste « le maître valetage était en Lauragais depuis le XVIIIe siècle la forme spécifique d’exploitation des domaines. Il se distinguait du métayage (partage du gain et des pertes entre le propriétaire et l’exploitant) par l’administration directe du domaine par le propriétaire et en ce que le maître valet percevait un salaire annuel fixe pour le travail de la métairie, sa famille jouissant d’un lopin à mi-fruit pour y cultiver des fèves, du maïs et s’en nourrir ».

Ce bâtiment comportait aussi deux écuries, une grange, et est pourvu de trois belles arcades. Chaque arcade construite correspond à l'abri d'un homme, d'une paire de bœufs, et la production de 15 hectares de culture.

À proximité, un pigeonnier sur piliers, de type Castrais, dont l'envergure témoigne aussi de son importance dans l'exploitation du domaine. La colombine, la fiente de pigeons séchée servait d'engrais et les pigeonneaux étaient appréciés pour leur chair.

Pour les journées du patrimoine, le domaine sera exceptionnellement ouvert au public. Une exposition des œuvres photographiques et picturales de l'artiste revélois, Denis Estève sera à découvrir dans l'ancienne orangerie.

Et découvrez sur la carte ci-dessous, les autres possibilités de visites les 21 et 22 septembre 2024 en Occitanie :

Les journées du patrimoine sont organisées chaque année par le ministère chargé de l'Éducation nationale. Des centaines de lieux sont alors ouverts au public.

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