On l’attendait plus en tant que mère de l’auteur des crimes et du principal accusé qu’en tant que témoin clé qui allait faire aujourd’hui des révélations. Cela s’est confirmé et a été l’occasion de nouveau incidents entre la défense et les parties civiles.
Zoulikha Aziri est arrivée au Palais de Justice en avance : la mère de la famille Merah pensait être convoquée à 9 heures. Elle est repartie pour revenir en début d’après-midi. Cela aura eu pour conséquences de lui faire affronter deux fois dans la même journée les micros et caméras des journalistes en salle des pas perdus.
Mais un autre affrontement l’attendait : celui avec les questions du président de la Cour d’assises, de l’accusation et des parties civiles. Pendant 3 heures, elle a répondu, parfois dans un mauvais français, parfois en arabe avec l’aide d’une interprète.
Bien-sûr, elle a redit qu'elle condamne les actes de son fils et demandé pardon aux victimes : "Si j’avais su auparavant j’aurai tout fait pour empêcher Mohamed. Oui je condamne ces actes. S’il était vivant, il aurait payé ce qu’il a fait".
Mais c'est une audition qui n’a amené aucune information fracassante mais encore un peu plus de tension dans un procès qui n’en manque déjà pas.
Par exemple, elle ne dit pas qui était à son domicile, connecté à sa Freebox, le 4 mars au soir quand quelqu'un y consulte l’annonce du Bon Coin où Imad Ibn Ziaten, qui sera la première victime une semaine plus tard, cherche à vendre sa moto. Une requête avec le mot clé "Militaire". “J’étais seule, il n’y avait personne, je n’ai pas d’ordinateur mais Mohamed avait mes codes et s’en servait depuis chez lui”. Les experts ont montré que c’est techniquement impossible.
Et puis il y a, dans sa très longue et pénible déposition, des petits arrangements avec le déroulé des évènements, avec sa mémoire qui lui joue des tours. Notamment sur les raisons des voyages en Egypte d’Abdelkader ou en Afghanistan et au Pakistan pour Mohamed.
“Elle n’a pas de trous de mémoire, disent les avocats des parties civiles, elle est dans le mensonge en permanence”. Et Maître Patrick Klugman qui représente les victimes, conclut : “C’est normal qu’une mère protège son fils, de toute façon nous n’en attendions rien de cette audition. Mais cette femme n’est pas une mère, c’est une couveuse de salafistes”.
“C’est aussi la mère d’un mort” est intervenu en fin d’audition dans la salle d'audience l’avocat de la défense Maître Dupond-Moretti et là les parties civiles ont craqué. “Vous êtes tous des assassins” a hurlé en larmes le frère Imad Ibn Ziaten avant de sortir de la salle.
La justice et la vérité n’ont pas avancé d’un pas avec cet interrogatoire. La tension, elle, est encore monté d’un cran.