Tueries de Merah à Toulouse et Montauban : le procès en appel de son frère Abdelkader débute ce lundi

Il y a sept ans, Mohamed Merah exécutait sept personnes, dont trois enfants d'une école juive, au nom du jihad. Le frère du tueur, Abdelkader,
condamné à 20 ans de réclusion en 2017, sera à nouveau jugé à partir de lundi à Paris pour "complicité" de ces crimes.

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Le premier procès intervenait dans un contexte de menace terroriste dans une France traumatisée par une vague d'attentats sans précédent, dont la tuerie de Merah avait constitué l'acte inaugural. 

Le second se tient après la chute du "califat" jihadiste, alors que les forces arabo-kurdes disent avoir ratissé le dernier réduit du groupe Etat islamique en Syrie. 

Le procès Merah ramène à ce moment de basculement en 2012 où la France est pour la première fois frappée sur son sol par un attentat jihadiste
depuis ceux du GIA algérien en 1995.
 

Abdelkader acquitté du chef de complicité 


En novembre 2017, à l'issue de cinq semaines d'audience, la cour d'assises spéciale de Paris avait condamné Abdelkader Merah, aujourd'hui âgé de 36 ans, à la peine maximale pour association de malfaiteurs terroriste (AMT) criminelle, mais l'avait acquitté du chef de complicité des sept assassinats perpétrés les 11, 15 et 19 mars 2012 à Toulouse et Montauban par son frère Mohamed.

 Le deuxième accusé, Fettah Malki, reconnu coupable d'avoir vendu l'arme et le gilet pare-balles utilisés par Mohamed Merah en ayant connaissance
de sa radicalisation, a écopé de 14 ans de prison, également pour AMT criminelle.

Les peines des deux hommes ont été assorties d'une période de sûreté des deux tiers.

L'accusation, qui avait requis la perpétuité contre le grand frère du tueur, présenté comme son "mentor" et "mauvais génie", avait fait appel, estimant que la cour n'avait "pas tiré toutes les conséquences juridiques des faits qui lui étaient soumis".

Un tueur "seul" 

    Un appel salué par les familles des victimes, au terme d'un procès constamment tendu entre la défense et les parties civiles, émaillé d'invectives entre parties civiles et témoins de la défense, de menaces de mort adressées à l'avocat d'Abdelkader Merah, et surtout, habité d'une douleur immense des familles que le verdict n'a pas apaisée.

Latifa Ibn Ziaten, mère du premier soldat tué par Mohamed Merah, avait regretté la "naïveté" de l'institution judiciaire, à l'heure où il fallait
"protéger nos enfants" du fléau de l'extrémisme.


Samuel Sandler, père et grand-père de trois victimes de l'école Ozar Hatorah de Toulouse, avait dit son amertume: "C'est mieux que rien mais nos enfants, eux, ont pris perpétuité".


Il va falloir revivre ces crimes: l'assassinat de militaires, visés du fait de l'engagement de la France en Afghanistan - Imad Ibn Ziaten, 30 ans, Abel Chennouf, 25 ans, et Mohamed Legouad, 23 ans - et les 36 secondes du massacre de l'école Ozar Hatorah où Mohamed Merah est venu tuer des juifs pour ce qu'ils sont: Jonathan Sandler, 30 ans, ses fils Arié et Gabriel, 5 et 3 ans, et Myriam Monsonégo, 8 ans.


 Avocat de la majorité des plus de 200 parties civiles, Me Simon Cohen attend désormais que les juges d'appel "se libèrent de deux leurres" qui ont, selon lui, biaisé le premier procès: "l'idée fausse d'une atteinte aux droits de la défense, alors qu'ils n'étaient pas contestés" et l'affirmation selon laquelle "il n'y avait pas d'éléments de preuves alors qu'il y en a".

C'est tout l'enjeu. Pour la cour d'assises spéciale, en premier ressort, Mohamed Merah a "toujours été seul" au moment où il a commis ses
assassinats, avant d'être abattu par le Raid le 22 mars. Et "s'il partageait bien les motivations" du jihadiste, "aucun élément de la procédure ne montre" qu'Abdelkader Merah "connaissait les objectifs visés et les crimes commis par son frère", a-t-elle souligné dans son arrêt.


    "Les juges, et c'est leur honneur, ont résisté à la pression de l'opinion publique", avait réagi Me Eric Dupond-Moretti, qui avait plaidé l'acquittement d'Abdelkader Merah, affirmant que son client ne s'était retrouvé dans le box des accusés que parce que son frère était mort.
 

A la veille de l'appel, il a refusé de s'exprimer. Plusieurs avocats de parties civiles joints par l'AFP espèrent eux que le procès, qui se tiendra jusqu'au 19 avril, soit "digne et apaisé".

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