Après les attentats de Paris se pose la délicate question de l'enterrement des terroristes qui ont perpétré ces actes. Retour sur l'exemple douloureux de Mohamed Merah à Toulouse en 2012.
Plus de deux semaines après les attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis, des familles de terroristes morts ont commencé à réclamer les corps pour les enterrer. C'est un moment toujours très particulier dans ce cas : comment rendre les corps aux familles en vertu des droits de tout être humain à disposer d'une sépulture et en même temps éviter que ces tombes deviennent des lieux de "pélerinage" pour ceux qui admireraient les terroristes.
Le cas s'est présenté en mars 2012 à Toulouse après la mort de Mohamed Merah. Après avoir abattu un militaire à Toulouse, puis deux autres à Montaubanoù il en blesse un quatrième, il assassine ensuite trois enfants et un enseignant dans une école juive le 19 mars. Le terroriste est "localisé" par la police dans la nuit du 20 au 21 mars. S'en suivent 32 heures de siège à son domicile, avant qu'il ne meure le 22 mars, abattu par les policiers du Raid.
Plusieurs jours vont alors passer. Toulouse, Montauban et toute la France sont sous le choc. On est en pleine campagne de l'élection présidentielle, qui a été suspendue pendant les événements. Et puis vient le moment de se poser la question de l'enterrement de Merah.
Les proches de Merah veulent l'enterrer en Algérie, le pays d'origine de son père. Le 29 mars, un transfert en avion est prévu, préparé, mais tout capote au dernier moment. L'Etat Algérien finit par refuser la demande d'enterrement sur son sol, pour des "raisons de sécurité". Il ne reste plus qu'à inhumer Merah en France, dans la ville où il est né, où il a grandi mais également où il a tué.
Saisi en urgence d'une demande d'enterrement au carré musulman du cimetière de Toulouse situé sur la commune de Cornebarrieu, Pierre Cohen, maire PS de Toulouse à l'époque, qui n'est pas favorable aux obsèques à cet endroit, commence par demander un délai de 24 heures. Il demande aux autorités françaises de trouver un autre lieu pour procéder à l'inhumation de Merah.
Mais le climat politique et l'ampleur médiatique qu'a pris toute l'affaire Merah, projettent la question de ses obsèques au niveau national. Le président de la République et candidat à sa propre succession Nicolas Sarkozy tranche alors dans le vif : il reproche au maire de Toulouse ses tergiversations et "ordonne" d'une certaine manière que le corps de Merah soit inhumé à Toulouse dans les meilleurs délais, pour que l'on passe à autre chose.
Le 30 mars 2012, le corps de Merah est transporté de l'institut médico-légal au carré musulman du cimetière de Cornebarrieu. Il est inhumé par ses "proches", principalement des amis dont son demi-frère par alliance Sabri Essid. La tombe ne porte pas de nom, aucune inscription.