Dans les travées de ce SIA 2014, nous avons croisé Claude Ménara, agriculteur dans le Lot-et-Garonne et membre de l'Association Générale des Producteurs de Maïs (AGPM). Il nous explique pourquoi il milite pour les OGM, "une véritable boîte à outils" essentielle pour l'agriculture de demain.
"Les OGM, pour l'agriculteur que je suis, c'est produire plus, produire mieux, varié, utile, c'est répondre aux exigences des industriels et des consommateurs". Son discours est rodé. Et s'il a un accent qui rappelle celui de José Bové, ses idées sont bien différentes. Car vous l'avez compris, Claude Ménara est, lui, pro-OGM. Et voir le gouvernement poser des clauses pour bannir de notre pays la production de plans génétiquement modifiés type Monsanto 510 ou TC1507 de Pioneer-Dupont, ça l'irrite un peu...
Pour appuyer son propos, l'agriculteur avance des chiffres, comme ces 23 millions de tonnes de soja transgénique importés pour nourrir des cochon et des volailles franco-françaises. Ou plus largement ces 33 produits génétiquement modifiés autorisés... mais uniquement à l'importation. "On marche sur la tête, c'est une mascarade !" s'offusque l'agriculteur. "La France était le premier exportateur européen il y a quelques années. Maintenant, on se situe en 3ème ou 4ème position, derrière l'Allemagne, le Pays-Bas et l'Espagne..."
Alors, sans OGM, l'agriculture française est elle en danger ? Claude Ménara est formel : si on refuse la science, l'agriculture perd en compétitivité. "N'oublions pas qu'on est dans une économie mondialisée !"
Pour lui, les OGM font partie d'une "boite à outils" : "les généticiens ont besoin de ces instruments là pour créer, pour que les plantes aient des propriétés particulières, comme le maïs riche en amidon, le soja oléique ou encore le riz doré..." Ce dernier, enrichi en bêtacarotène, dispose d'une teneur en vitamine A plus importante qui permet notamment de combler les carences de certaines populations.
>> L'interview de Claude Ménara en vidéo et en intégralité :
"Les OGM, un problème politique !"
"On ne doit plus parler de problème d'environnement ou de santé publique concernant les OGM. C'est un problème politique" martèle Claude Ménara, qui est justement venu à Paris pour rencontrer les parlementaires présents au salon de l'agriculture et "faire du lobbying". Car pour lui, si la majorité intègre qu'il n'y a pas de danger à utiliser les OGM, les politiques veulent "faire plaisir aux écolos", surtout à quelques semaines des municipales. Et les discussions sont compliquées.
Pourtant, le gouvernement, via le ministre de l'agriculture Stephane Le Foll, semble entrouvrir la porte, et envisage la possibilité d'autoriser les OGM de deuxième génération. Un débat est même programmé en avril prochain. "C'est une excellente nouvelle. On sent un frémissement. Mais il faut des preuves", précise M. Ménara. "Je demande qu'en 2014, deux ou trois fermes fassent des expérimentations pour que le grand public voit les différences qu'il y a entre un maïs OGM, et un maïs conventionnel." Car selon lui, les OGM souffrent de désinformation. "Si 75% des consommateurs ont une mauvaise opinion des OGM, c'est parce que 95% d'entre eux ne savent pas ce que c'est".
Bref, le débat se poursuit. Pour luiClaude Ménara, de nombreuses plantes déjà génétiquement modifiées se retrouvent dans nos assiette et ce, sans qu'on le sache. Se pose alors un autre problème : celui de la traçabilité. Mais c'est un autre débat.