Le tournant vers le bio semble bien enclenché selon de récents chiffres dévoilés par l'Observatoire régional de l'agriculture biologique (ORAB) francilien.

"D'un point de vue commercial et éthique, celui qui se lance en conventionnel n'a pas compris le sens de l'histoire", pense Sébastien Bouet, maraîcher biologique à Marcoussis dans l'Essonne.

Comme lui, ce sont 102 nouvelles exploitations qui ont été recensées par cet observatoire en 2020 en Île-de-France dont "69 fermes conventionnelles converties" précise un communiqué. Au total, cela représente 29 770 hectares cultivés sur l'ensemble des départements de la région.

La moitié des exploitations sont situées en Seine-et-Marne (49), ce qui démontre l'aspect rural du département. 27 sont dans les Yvelines, 16 dans l’Essonne, 7 dans les départements de la Petite Couronne et 3 dans le Val-d’Oise.

"On est confiant"

Pour Sébastien Bouet, le choix de se lancer dans le bio était "évident". Descendant d'une famille d'agriculteurs, il était ingénieur avant de se former à l'agriculture biologique. Il a créé son exploitation il y a trois ans avec son associée.

"La génération de mes parents n'a pas repris car avec la concurrence du sud de l'Europe et du nord de l'Afrique, il fallait faire du volume et à prix bas. Le fait que l'on soit en zone périurbaine a engendrée une pression foncière importante. Au final, on a perdu un savoir-faire", regrette-t-il.

Il cultive fruits et légumes sur son exploitation de 1,5 hectares en plein champ et 2 000 m² en serres. Depuis, son associée et lui se dégagent un salaire de 1200 euros par mois. "D'ici deux ans, on se versera entre 1700 et 2 000 euros. Je ne connais pas beaucoup d'agriculteurs qui peuvent dire cela moins de 5 ans après leur installation. Surtout, on est confiant", poursuit-il.

Ce dernier défend ainsi non seulement un modèle sain pour le consommateur, pour la terre, mais aussi économiquement plus intéressant : "Je connais plusieurs céréaliers de grande culture qui font le choix de passer au bio. Ils se rendent compte que les charges sont revues à la baisse. Même si les rendements sont inférieurs, le prix de vente, quel que soit le produit, est mieux valorisé".

Remise en question d'un modèle établi

Concernant le type d'exploitation, l'ORAB explique que ce sont "tous les types de productions sont représentés avec une majorité d’exploitations en grandes cultures (54), 14 en maraîchage, 6 en apiculture, 6 en élevage, 6 en arboriculture, 5 en PPAM (Plantes à Parfum, Aromatiques et Médicinales) et 3 en viticulture. Plusieurs exploitations ont un profil d’exploitation mixte (biologique et conventionnel), ce qui représente un potentiel de terres à convertir dans les années à venir."

Un enjeu d'importance alors que, selon des prévisions, la moitié des agriculteurs actuels doit partir à la retraite dans les 10 prochaines années. "Beaucoup d'agriculteurs d'aujourd'hui vivent mal le changement parce que c'est une grosse remise en question. C'est plus technique, cela nécessite d'autres connaissances qu'ils n'avaient pas jusqu'à présent", analyse Sébastien Bouet.

En 10 ans, l'Île-de-France est ainsi passée de 152 à 546 fermes bio et de 7000 à près de 30 000 hectares. Si la progression est importante, en 2020, les fermes biologiques sont encore très minoritaires et représentent 11,4%.

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