Depuis plusieurs mois, Seta Niakate se bat pour que son fils atteint d'autisme sévère rentre au domicile familial et bénéficie d'une place dans un institut médico-éducatif. La structure dans laquelle il se trouve actuellement ne serait pas adaptée à sa pathologie. Récit du combat d'une mère pour le bien-être de son enfant.
Hématomes, bleus et traces de maltraitance. Depuis plus d'un an, Seta Niakate récupère Abdel Malik son fils autiste sévère toutes les deux semaines pour le ramener au domicile familial à Palaiseau en Essonne. "C'est tout le temps la même chose. Il est maigre, dénutri et sale. Lorsqu'il rentre, il me demande à boire puis je le lave."
Depuis juin 2022, Abdel Malik, 11 ans, a été placé à la demande de l'ASE, l'Aide Sociale à l'Enfance dans un appartement géré par l'Association d’appui à la participation, à l’inclusion sociale et environnementale (Aapise).
Dans l'appartement où il loge seul, des éducateurs sont présents de jour comme de nuit. Problème : "ils ne sont pas formés à la prise en charge de l'autisme", d'après la maman. Une version qu'appuie son avocate Sophie Janois. "Leur formation leur permet de gérer des enfants placés, mais pas le handicap", précise-t-elle.
La mère estime que son fils ne bénéficie pas de soins adaptés à son lourd handicap. "Il ne communique que par des vocalises, donc c'est parfois difficile de comprendre ce qu'il veut, mais je sens qu'il souffre", indique-t-elle au sujet de son enfant. Selon elle, les éducateurs le maltraitent. "Il rentre parfois avec des bleus et des hématomes. Il a besoin d'aide pour se laver et les éducateurs ne le font pas. Je retrouve une eau noire de saleté lorsque je le baigne au bout de 15 jours", détaille-t-elle. Abdel Malik doit également porter des couches au quotidien. "Quand il rentre, il arrive qu'elles soient pleines" ajoute-t-elle.
Défenestration du 2e étage
Outre les problèmes d'hygiène, l'enfant n'a aucun jouet pour se divertir selon la mère. "Il lui arrive de jouer avec des chaussettes pendant des heures. Il en vient même à s'automutiler car il s'ennuie", précise-t-elle.
En juin dernier, elle reçoit un appel de l'association. "Ils m'ont dit que mon fils était à l'hôpital. Qu'il se serait défenestré alors que les éducateurs faisaient le ménage." En arrivant, elle trouve son fils complètement nu et couvert de plaies. "Il est resté dix jours à l'hôpital", note-t-elle avec émotion. La version de la défenestration est également soutenue par son avocate. "Il semblerait qu'il ait sauté du deuxième étage", indique Sophie Janois.
Demande d'un placement en IME
Depuis plusieurs années, Seta Niakate demande le placement de son fils dans un IME, institut médico-éducatif géré par l'Etat. "Depuis qu'il est tout petit, je me bats pour qu'il y soit scolarisé et puisse être chez moi le reste du temps", déplore la mère du jeune garçon.
Une place en IME, la psychologue clinicienne qui a vu l'enfant peu après son séjour à l'hôpital la demande également. Dans une attestation de visite que nous avons consultée, elle s'alarme "quant au projet de le faire réintégrer un espace de vie dans lequel il a subi un tel traumatisme".
"Cet enfant a une notification de la Maison des personnes handicapées (MDPH) et a donc le droit à une place en IME", affirme l'avocate. Le placement dans la structure actuelle ne devait être que temporaire. "Les dirigeants m'ont dit qu'il serait là le temps de trouver une place en IME dans une structure adaptée et cela fait bientôt deux ans qu'il est là-bas."
Dans une ordonnance adressée au juge des enfants en juillet dernier, elle demande son placement en IME et son retour au domicile familial. "Nous pointions déjà du doigt que les locaux de l'Aapise étaient inadaptés avant l'accident mais rien ne semble changer depuis", déplore-t-elle. L'avocate a également déposé une plainte contre l'association notamment pour défauts de soins.
La mère d'Abdel Malik a fait appel cet été de la prolongation jusqu'en juin 2024 de la prise en charge de son fils dans la structure actuelle. Sa demande reste pour l'instant lettre morte.
De son côté, le Département de l'Essonne qui est en charge de l'ASE renvoie la balle à l'Etat. "Nous sommes tristes pour cette famille. Il faut que cet enfant soit placé en IME, mais c'est à l'Etat de prendre cette décision", indique François Durovray, président LR du département. Il estime qu'au sein du département, 2 000 enfants qui devraient être en IME n'y sont pas faute de places.
Contactée, l'association AApise n'a pour l'instant pas donné suite à nos sollicitations.