A l'image de la tendance nationale, de nombreux maires et élus franciliens font face à des agressions verbales ou physiques. Un phénomène en hausse selon une étude demandée par l'Association des maires de France qui se réunit à Paris ce mercredi.
En juillet, la maison du maire de l'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) Vincent Jeanbrun (LR) était attaquée à la voiture-bélier, blessant sa femme et ses enfants. En octobre, la maire de Saint-Cyr-l'Ecole (Yvelines), Sonia Brau (UDI), voyait sa voiture partir en flammes alors qu'elle assistait à un spectacle. La maire (divers-droite) de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines) racontait ce lundi au micro de franceinfo avoir été "lapidée" : "J'ai reçu pendant cinq à dix minutes des pierres, envoyées par un groupe d'individus, et ce, très violemment."
Tout mon soutien à @brau_sonia, maire de @Saintcyrlecole, qui a eu sa voiture brûlée et a été menacée. Elle est victime des voyous qu’elle combat dans sa ville en s’attaquant avec courage aux rodéos sauvages qui pourrissent la vie des habitants. Les élus doivent être protégés. pic.twitter.com/dgyLU5pkUd
— Valérie Pécresse (@vpecresse) October 13, 2023
Des événements choquants qui témoignent du quotidien toujours plus difficile des maires, à l'image des derniers chiffres publiés par le Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po) pour l'Association des maires de France (AMF). L'enquête révèle en effet qu'en 2023, parmi les 8 000 maires interrogés, 69% d'entre eux déclarent avoir été victimes d'incivilités, soit 16 points de plus qu'en 2020. 39% disent avoir subi des injures et des insultes, et 27% ont subi des attaques sur les réseaux sociaux.
Des démissions en hausse
"Comme le maire est le représentant électif le plus proche des gens, à portée de baffes, c'est lui qui prend et devient le réceptacle à tout. La population est velléitaire, impatiente et exigeante ce qui se traduit en violence et en menaces, avec in fine très peu de condamnations", témoigne Stéphane Beaudet, le maire d'Evry-Courcouronnes (Essonne) et président de l'association des maires d'Île-de-France (Amif).
À la tête d'une commune de 80 000 habitants, le maire (sans étiquette) explique avoir lui-même été la cible d'incivilités. "Je suis un vieux maire, j'ai 22 ans de mandat donc j'ai plus de bagages face à ces situations. Ça n'a pas de prise sur moi, ce qui ne veut pas dire que c'est normal ou que ce n'est pas difficile à vivre", souligne-t-il.
Un climat délétère qui a pour conséquence une augmentation des démissions. Par rapport au mandat précédent, elles sont en hausse de 30%. "On est environ aujourd'hui sur un rythme de 450 démissions par an depuis 2020, alors qu'il n'était ce chiffre que de 350 par an pour la mandature 2014-2020", témoignait le directeur du Cevipof, Martial Foucault, sur franceinfo ce dimanche.
Le salon des maires ce mercredi à Paris
Mercredi se tiendra le salon des maires à Paris, organisé par l'AMF, avec pour thématique "Communes attaquées, République menacée". Pour le maire (UDI) de Sceaux et vice-président de l'AMF Philippe Laurent, ce congrès va permettre "de faire le point et de montrer aux maires qu'ils ne sont pas seuls".
Si l'édile affirme ne pas être directement touché par des attaques et des incivilités, il confie toutefois entendre "très régulièrement" des témoignages de maires victimes de violences. Symptôme de l'"individualisme" de notre société.
Pour éviter la "crise des vocations" déjà amorcée, il faut, selon le vice-président de l'AMF, "redonner le pouvoir d'agir aux maires". Des maires qui se sentent acculés avec "moins de moyens et plus d'obligations".