Suite à la mort de Nahel M., un automobiliste de 17 ans décédé mardi à Nanterre lors d’un contrôle de police, la garde à vue du policier soupçonné d'avoir tué l’adolescent a été prolongée. Après une première nuit de tension, 2 000 forces de l’ordre sont mobilisés ce mercredi soir.
Après la mort de Nahel, un adolescent touché par un tir de policier à bout pourtant au thorax alors qu'il était au volant d'un véhicule, lors d’un contrôle routier mardi matin à Nanterre (Hauts-de-Seine), on fait le point sur l’enquête et les nombreuses réactions suscitées par le drame.
- Au Sénat, Elisabeth Borne a estimé que les "images choquantes diffusées hier montrent une intervention qui ne semble manifestement pas conforme aux règles d'engagement de nos forces de l'ordre". Ces images, qui montrent un tir à bout portant au niveau de la portière du conducteur, "donnent à penser que le cadre d'intervention légal n'a pas été respecté", a ajouté la Première ministre, interpellée lors des questions au gouvernement. "Seule la justice permettra de faire toute la lumière sur ce drame", a-t-elle également déclaré.
- L'Assemblée nationale a observé une minute de silence. Les députés ont ainsi rendu un hommage à Nahel, ce mercredi dans l'hémicycle.
- Une marche blanche est prévue jeudi à 14h, à Nanterre. La mère de Nahel appelle à défiler en hommage à son fils, devant la préfecture des Hauts-de-Seine, en face de l’endroit où l’adolescent a perdu la vie. "Venez tous", annonce-t-elle dans une vidéo postée sur TikTok.
- Lors d’un point presse ce matin, Gérald Darmanin a qualifié d’"extrêmement choquantes" les images du contrôle de police diffusées sur les réseaux sociaux par un témoin de la scène. La vidéo n'est "apparemment pas conforme à ce que nous souhaitons dans la police", a déclaré le ministre.
- De son côté, Emmanuel Macron a exprimé son "émotion" après la mort de l’adolescent, et son "affection pour Nahel et sa famille". "Rien ne justifie la mort d'un jeune", a déclaré le chef de l’Etat, interrogé en marge d'un déplacement à Marseille. Le président a également appelé "au calme" et à ce que la "justice suive son cours". Alliance, l’un des principaux syndicats de police, a jugé "inconcevable" les propos d’Emmanuel Macron, qui a qualifié d'"inexplicable, inexcusable" le décès de Nahel.
- La garde à vue du policier soupçonné d'avoir tué Nahel va se poursuivre dans la nuit de mercredi à jeudi, annonce le parquet de Nanterre ce mercredi. Âgé de 38 ans, le motard de la police est interrogé par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) dans le cadre d’une enquête pour homicide volontaire ouverte par le parquet de Nanterre. Le parquet ajoute que l'ouverture d'une information judiciaire est "envisagée" ce jeudi.
- Une deuxième enquête a été ouverte, pour refus d'obtempérer et tentative d'homicide volontaire sur personne dépositaire de l'autorité publique.
- Alors que le policier soupçonné d'avoir tué l’adolescent estime avoir agi en légitime défense, les avocats de la famille de Nahel ont annoncé le dépôt d’une plainte pour homicide volontaire, à l'encontre des policiers. "N’importe qui tue quelqu’un sur la voie publique est immédiatement placé en garde à vue. Cet homme a été laissé pendant 10 heures libre de ses mouvements, avec son arme de service. Son arme de service n’a pas été placée sous scellé immédiatement… Là, il a eu largement le temps de se mettre d’accord avec ses collègues, de préparer sa version, ce qui est absolument scandaleux", a déploré Me Jennifer Cambla, avocate de la famille, invitée de Télématin ce mercredi.
- Le ministre de l’Intérieur a annoncé la mobilisation de 2 000 policiers et gendarmes ce mercredi soir en banlieue parisienne. La mort de Nahel a provoqué une nuit de tension dans plusieurs villes, en particulier dans les Hauts-de-Seine. Gérald Darmanin a communiqué un bilan de 31 personnes interpellées au niveau national, avec également 24 forces de l'ordre blessées légèrement et une quarantaine de voitures brûlées. Dans les Yvelines, à Mantes-la-Jolie, un incendie a détruit la mairie annexe du quartier du Val Fourré.
- Un tag visant nommément le policier en garde à vue après la mort de Nahel à Nanterre (Hauts-de-Seine) a été inscrit sur le mur d'un lycée de Montigny-le-Bretonneux (Yvelines), rapporte franceinfo. Il s'agit d'une inscription où ce policier était désigné comme un "tueur". L'inscription a depuis été recouverte de peinture par la proviseure du lycée. Les auteurs du tag ont été arrêtés en flagrant délit. Ces deux suspects sont âgés de 16 et 22 ans.
- Le domicile de ce motard de la police fait l'objet de mesures de surveillance, selon les autorités locales de son lieu de résidence, après la diffusion de menaces anonymes sur les réseaux sociaux.
- À Nanterre, "plusieurs bâtiments publics et privés, parmi lesquels des écoles, ont subi d'importantes et inacceptables dégradations parfois irrémédiables", a déploré la mairie, appelant à arrêter "cette spirale destructrice".
- Le maire de Mantes-la-Jolie (Yvelines) Raphaël Cognet, dont une mairie annexe a été incendiée ce mardi soir après la mort de Nahel, tué par un policier ce mardi matin, appelle ce mercredi sur franceinfo à la "responsabilité" afin que "les adolescents ne sortent pas" ce mercredi soir, alors que des appels à manifester ont été lancés notamment devant le commissariat de Trappes ou sur la place Saint-Anne à Rennes.
- L'ambulancier, filmé ce mardi en train de s'en prendre verbalement à des policiers après la mort du jeune Nahel, à Nanterre, et dont la vidéo avait été relayée massivement sur les réseaux sociaux depuis plusieurs heures, a été placé en garde à vue pour "outrage" et "menaces", a appris franceinfo auprès du parquet de Nanterre. Sur cette vidéo, on voit cet ambulancier, en grande colère, s'adresser à plusieurs policiers : "Il a 17 ans, tu vois qu’il a une gueule d’enfant. Pour un défaut de permis ! Pour un défaut de permis, frère ! Je le connais le petit, je l’ai vu grandir ! Sa mère elle l’a élevé toute seule, son père il l’a quittée, elle va enterrer son fils ! Pour un défaut de permis !", crie-t-il en s'adressant aux policiers.