Si l'Île-de-France est parmi les régions les plus attractives d'Europe pour les investisseurs étrangers, notre région est également celle qui accueille la plus grande concentration d'éditeurs de jeux vidéo en France avec plus de 40% des acteurs de la filière française sur son territoire.
En 2018, la région Île-de-France crééait l'un des premiers fonds d'aide régionaux destinés aux créateurs de jeux vidéo, après la région Hauts-de-France. Aujourd'hui, elle est un poids lourd de l'industrie française avec près 43,4% des acteurs du secteur du jeu vidéo, soit les développeurs, les fournisseurs de technologies et prestataires de service, les éditeurs et les distributeurs, selon le dernier baromètre du Syndicat national du jeu vidéo (SNJV).
Or, depuis près de treize ans, l'Île-de-France accueille la Paris Games Week, le plus grand salon français du jeu vidéo à l'initiative du Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (SELL). France 3 Paris Île-de-France a posé 3 questions à James Rebours, son président et organisateur de la Paris Games Week.
L’Île-de-France est un vivier de talents avec plus de 40% des acteurs de la filière dans la région. Que représente-t-elle pour le jeu vidéo ?
James Rebours : L'Île-de-France accueille plus de 300 entreprises sur son territoire. Elles emploient 4 000 collaborateurs, souvent avec des postes très qualifiés sur des profils d'ingénieurs ou créatifs très particuliers. C'est plus d'un milliard et demi de chiffre d'affaires généré, uniquement en Île-de-France. Nous constatons une vraie dynamique qui embarque toute la région francilienne. Elle est la première région de France du secteur et dynamise l'ensemble de la filière française du jeu vidéo.
"L'Île-de-France est la première région de France du secteur et dynamise l'ensemble de la filière française du jeu vidéo"
James ReboursOrganisateur de la PGW et président du SELL
Au sein de la Paris Games Week, nous avons créé des espaces liés à la formation et aux écoles parisiennes et en région qui forment au jeu vidéo. Plus de onze écoles seront présentes. Quand vous prenez les jeunes qui sont passionnés par le jeu vidéo, plus de 40% [des 18-24 ans selon une étude SELL / Médiamétrie réalisée en 2022, ndlr] sont intéressés pour en faire leur avenir professionnel.
Ce que nous essayons de faire, au niveau du SELL et avec les régions, c'est de pouvoir dynamiser cet écosystème de formation, que ce soit les écoles publiques ou privées. Il y a une réelle demande pour former de nouveaux talents que l'on retrouvera dans la partie innovation technologique ou dans la partie création artistique.
→ Le réseau des formations aux métiers du jeu vidéo regroupe une vingtaine d'écoles, telles que l'école Bellecour de Lyon (privée), le CEPE-IAE de l'université de Poitiers (public), l'École nationale du jeu et des médias interactifs numériques d'Angoulême (public) ou encore l'école ISART Digital à Paris (privé), ndlr.
"L'idée est de postuler [à l'Olympic Esports Week] et cela intéresse l'ensemble des acteurs politiques franciliens"
James ReboursOrganisateur de la PGW et président du SELL
L'un des plus gros pilliers de cette édition de la Paris Games Week est l'esport, qui s'inscrit dans une dimension liée au sport. Avec la période olympique qui approche, la France fait en sorte de pouvoir accueillir également la Olympic Esports Week [une semaine de compétitions d'esport organisée par la Comité international olympique. Nous [la SELL] espérons y prendre part dans la continuité des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. L'idée est de postuler et d'y concourir. Cela intéresse l'ensemble des acteurs politiques franciliens.
Que représente le jeu vidéo dans le cœur des Français ?
James Rebours : En terme d'usage, le jeu vidéo est le premier loisir des Français. Aujourd'hui, près de 7 Français sur 10 jouent aux jeux vidéo, que cela soit une population plutôt jeune ou les seniors. Le point important est qu'en termes de mixité, 49% des joueurs sont des joueuses en France.
Nous avions une tendance structurelle de hausse de l'usage du jeu vidéo au niveau des populations françaises et européennes, qui s'est accélérée avec la pandémie. Les enfants se sont alors retrouvés avec leurs parents, presque contraints à partager des moments passionnels autour de l'usage des jeux vidéo. Cela a été un bel accélérateur pendant la pandémie.
→ En 2022, l'âge moyen du joueur français est de 39 ans selon le dernier bilan du jeu vidéo édité par le Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (SELL), ndlr.
James Rebours : Et maintenant, on a également une approche où certains jeunes enfants ont été hébergés le temps d'un week-end par leurs grands-parents. Ils les ont presque initiés au jeu vidéo pour en faire un véritable loisir social intergénérationnel.
→ À lire : E-Sport. Des séniors bretons décrochent leur place pour la Paris Games Week
"L'association SilverGeek est l'exemple absolu que le jeu vidéo est devenu transgénérationnel"
James ReboursOrganisateur de la PGW et président du SELL
James Rebours : Dans le cadre du SELL – Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs, nous avons vocation à soutenir des associations telles que SilverGeek qui est l'exemple absolu que le jeu vidéo est devenu transgénérationnel. Ce n'est pas un usage réservé aux jeunes enfants.
Combien pèse l'industrie du jeu vidéo en France ? Le jeu vidéo a-t-il suffisamment de considération de la part des institutions publiques ?
James Rebours : En France, l'industrie pèse 5,5 milliards d'euros. C'est la première industrie culturelle, devant le cinéma, la musique et même le livre. C'est un point d'orgue important pris en compte par les institutions et de nombreux acteurs sur le marché français.
"Plus d'un tiers de nos visiteurs sont hors Île-de-France. Il y a un réel effet d'attraction qui s'opère vers la région francilienne"
James ReboursOrganisateur de la PGW et président du SELL
Lors de la Paris Games Week 2022, nous avions la chance d'accueillir la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak. Elle est maintenant convaincue de l'essor du jeu vidéo. Le secrétaire d'État au numérique Jean-Noël Barrot s'était aussi déplacé. Cela va être réitéré cette année, notamment avec la ministre des Sports [et des Jeux olympiques et paralympiques, ndlr] Amélie Oudéa-Castéra, qui sera également présente.
Au-delà de ça, même si notre nom est la "Paris" Games Week, cela reste un événement très national car plus d'un tiers de nos visiteurs sont hors Île-de-France. Il y a un réel effet d'attraction qui s'opère vers la région francilienne pour cet événement.