Les cris des goélands, qui nichent sur les toits dans la capitale, exaspèrent certains Parisiens. Les volatiles sont pourtant peu nombreux dans la région, même si leur population a tendance à augmenter ces 30 dernières années.
Loin des côtes, loin du cœur. Les goélands ont installé leur présence depuis les années 90 à Paris, nichant sur les toits. De quoi agacer certains riverains dans la capitale.
« Au printemps, on entendait les moineaux le matin ; c'était le signe du réveil, c'était tout à fait agréable. Et maintenant, ce sont ces cris rauques (...) qui nous embêtent ! », regrette par exemple Anne Castro, une psychanalyste installée à Belleville. « C'est infernal ! C'est une catastrophe de les entendre brailler, de les entendre pleurer », déplore aussi Rodolphe Ghelfi, un agent de sécurité dans le même quartier.
Une cinquantaine de couples reproducteurs
D’après les spécialistes, la population de ces oiseaux reste limitée dans la capitale. Jean-Philippe Siblet, ornithologue au Muséum national d'histoire naturelle, estime en effet que Paris abrite « une cinquantaine de couples reproducteurs » : un nombre inchangé par rapport à des estimations de 2013 de Frédéric Malher, vice-président du Centre ornithologique Ile-de-France (Corif).Impossible donc de parler d'une invasion de goélands, toujours d’après le spécialiste : « Il y a une augmentation indéniable de leur nombre depuis quinze-vingt ans mais (...) cela reste dans des proportions tout à fait raisonnables », sans rapport avec ce qui se passe « dans des communes côtières comme Le Havre ».
« Ils n'hésitent pas à faire plusieurs dizaines de kilomètres pour aller sur des décharges à ciel ouvert »
D’après Jean-Philippe Siblet, une raréfaction de leur nourriture sur le littoral – causée entre autres par une perturbation de l'écosystème par les activités humaines – explique en partie l’installation de certains volatiles en Île-de-France. Les goélands sont omnivores, et « trouvent une nourriture relativement abondante » grâce aux déchets en zone urbaine.« De surcroît, en hiver, ils n'hésitent pas à faire plusieurs dizaines de kilomètres pour aller sur des décharges à ciel ouvert qui avoisinent l'agglomération parisienne, ils s'y alimentent abondamment, ils ont moins de mortalité, ce qui fait qu'ils reviennent l'année suivante, plus nombreux », analyse l’ornithologue.
Un oiseau sans prédateur (ou presque) en région parisienne
Hormis chats et éventuels renards, qui n'accèdent ceci dit pas aux toits des immeubles, l’absence de prédateurs dans la région joue aussi un rôle. Mais selon Jean-Philippe Siblet, « l'effort nécessaire pour aller s'alimenter sur des décharges, situées dans les départements périphériques, serait trop important » pour voir la population d’oiseaux exploser à Paris.A noter que pour le goéland, chaque cri a une fonction particulière. Sa « clameur », qui agace parfois les Parisiens, retentit pendant la période de nidification, de mars à août.