Jusqu'à deux ans et demi de prison ont été requis contre deux policiers de Paris, mardi 29 octobre. Ils sont suspectés d'avoir porté des coups sur une personne gardée à vue, avant les Jeux olympiques. Le jugement doit être rendu en janvier prochain.
Ces deux fonctionnaires de 25 et 32 ans ont comparu libres devant le tribunal correctionnel de Paris, ce 29 octobre. Placés sous contrôle judiciaire, ils sont déjà suspendus de leurs fonctions. Le parquet a également demandé une interdiction définitive d'exercer à leur encontre.
Ils sont suspectés de "violence aggravée par deux circonstances suivie d'incapacité supérieure à huit jours". En juillet dernier, un ressortissant péruvien de 42 ans avait été placé en garde à vue au commissariat des 5e et 6e arrondissements. Il venait de commettre un outrage envers des gendarmes déployés à l'occasion des Jeux olympiques.
La personne interpellée aurait été violentée, durant son passage au commissariat.
Un déchaînement de violence et des regrets
Sur les images de vidéosurveillance projetées à l'audience, le policier Maxime D. est vu en train de faire une clé de bras à l'interpellé. Alcoolisé, il refuse de retirer son collier. Devant le tribunal, l'agent de police déclare : "Il m'a insulté, je lui ai mis une claque". Tous deux entrent ensuite dans une salle de fouille sans caméras. Le Péruvien de 42 ans accuse alors le policier de lui avoir porté au moins six coups de matraque. Bilan : une fracture de l'avant-bras.
Le policier Maxime D. reconnaît les coups. Il tente alors d'expliquer cette escalade de violence : "La fatigue et l'énervement" à la veille de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques. Peu convaincant pour le procureur, qui juge l'affaire "particulièrement sidérante". Le gardien de la paix justifie dans le même temps les coups de matraque, car le gardé à vue "a tenté de me mettre un coup de boule".
Une affirmation fausse, à en croire le ressortissant péruvien interpellé. "Fragilisé psychologiquement" par l'affaire, selon son avocate Juliette Chapelle, il était absent à l'audience. "S'il était là, je m'excuserais", réagit le prévenu Maxime D. Sur les murs de sa cellule, le Péruvien avait écrit "à l'aide" avec son sang. "Le cri du désespoir d'un homme qui pensait mourir", tonne son avocate.
Potentielle inaction, possibles faux témoignages
Plus tard durant la nuit des faits, un second policier se met à frapper la personne gardée à vue. Matthieu D. porte neuf gifles et deux coups de pied à l'homme interpellé. "Il m'insulte, je perds mon sang-froid. Cela ne justifie en rien mon comportement", reconnaît le policier à l'audience. Ses supérieurs avaient déjà relevé son "impulsivité" lors d'évaluations.
À la barre, c'est la voix tremblante qu'il s'excuse pour avoir "jeté l'opprobre sur l'institution". "J'étais dans une période un peu compliquée", ajoute-t-il. Sur la vidéosurveillance, on voit ses collègues assister à la scène, indifférents. "Comme s'il ne se passait rien", s'étonne le président d'audience Alain Alçufrom. Maxime D. a lui-même porté plainte contre Mario, dénonçant des violences de sa part. "Pour me couvrir", admet-il à la barre.
Auditionnés, deux autres policiers présents cette nuit-là avaient appuyé son récit initial, avant de se rétracter. L'un d'entre eux a été condamné à six mois de prison avec sursis pour dénonciation calomnieuse, le 20 septembre. Le second, Clément B., chef de poste le soir des faits, était sur le banc des prévenus ce mardi 29 octobre. Un an d'emprisonnement avec sursis et une interdiction d'exercer dans la police de six mois ont été requis à son encontre, pour dénonciation calomnieuse et non-assistance à personne en danger.
Un des policiers incriminé dans deux autres affaires
Outre les possibles coups portés au ressortissant péruvien en juillet dernier, Maxime D. était également jugé pour une autre affaire. Elle remonte à juin 2022. Ce policier se voit alors accusé d'avoir aspergé de gaz lacrymogène une femme qu'il devait raccompagner après un refus de prise de plainte.
Maxime D. et Clément B. seront par ailleurs jugés le 20 mars 2025 dans une troisième affaire, pour violences en réunion. En mai, après une rixe devant un pub, ils avaient été filmés en train de porter des coups à deux hommes qui s'étaient alors écroulés au sol, inanimés, selon une source judiciaire.
Le tribunal correctionnel de Paris doit rendre son jugement le 15 janvier prochain.