Des policiers ont manifesté ce vendredi matin sur les Champs-Elysées et sur la place Beauvau, à Paris. Alors que les manifestations contre le racisme et les violences policières se multiplient, certains fonctionnaires ne s’estiment pas soutenus par le ministère de l’Intérieur.
"Pas de police, pas de paix", brandi sur une grande banderole. Alors que l'état d'urgence sanitaire est toujours en place, une centaine de policiers ont manifesté ce vendredi matin sur les Champs-Elysées, en présence d'Alliance, UNSA Police, Synergie-Officiers et le SICP (Syndicat indépendant des commissaires de police). Une cinquantaine de véhicules – couverts de photos de collègues blessés – ont ainsi pris le départ de la place de l’Etoile, vers la place Beauvau.
"Pas de police, pas de paix" : des policiers manifestent sur les Champs-Elysées à Paris, en direction de la place Beauvau, en présence d'Alliance, UNSA Police et Synergie-Officiers.
— France 3 Paris (@France3Paris) June 12, 2020
On compte une cinquantaine de véhicules et un peu moins de 200 personnes sur place. pic.twitter.com/NjEbDAI2Q4
Le cortège a alors entonné une Marseillaise sous les fenêtres de Christophe Castaner, vers 11h, après être arrivé sur la place sous les applaudissements de la part de membres des forces de l’ordre basés à proximité. Les manifestants s’estiment lâchés par le ministre de l’Intérieur, et dénoncent ses annonces à propos des violences policières – principalement l’abandon de la technique d’étranglement.
Ce n’est vraiment pas l’image de la police nationale que l’on veut donner
"Ce qui nous gêne, c’est le climat social ambiant et la stigmatisation qu’il y a sur les policiers à longueur de temps (…) en disant qu’on est tous racistes, estime Fabien Vanhemelryck, secrétaire général d’Alliance, auprès de France 3 Paris Île-de-France. A un moment, il ne faut pas faire tout et n’importe quoi. Monsieur Macron doit prendre la parole."
Des menottes jetées au sol en signe de protestation à Orly
Un point de vue défendu également par Denis Hurt, de l’UNSA Police : "Il ne faut pas stigmatiser la police. Il y a effectivement peut-être une toute petite proportion de personnes qui ont des tendances. Mais ce n’est vraiment pas l’image de la police nationale que l’on veut donner, nous. Nos collègues sont de toutes les couleurs, et on ne fait pas d’arrestations en fonction de la couleur de peau sur la voie publique."
Le mouvement touche par ailleurs la police aux frontières : ce vendredi matin à Orly, des fonctionnaires ont jeté leurs menottes par terre en signe de protestation.
Un geste symbolique déjà lancé la veille par d’autres policiers, à Bobigny (Seine-Saint-Denis) ou encore à Cergy-Pontoise (Val-d'Oise). "Les flics de France ne considèrent plus Christophe Castaner comme le supposé premier flic de France, avait jugé Yves Lefebvre, secrétaire général d’Unité SGP Police, appelant ses collègues "à ne plus interpeller, à ne plus intervenir". Il nous a lâchés lundi, nous a jetés en pâture lundi. A lui de regravir l'Everest de la confiance."
Cette réaction au sein des forces de l’ordre survient alors que les manifestations contre les violences policières et le racisme se multiplient depuis la semaine dernière.