Une gare du Grand Paris Express est en construction mais beaucoup s'interrogent : une gare pour qui ? Pourquoi ? Les projets d'aménagements autour de ce nouvel arrêt sont loin de faire l'unanimité.
À l'horizon, des champs et une gare. Depuis avril 2021, les cultures ont laissé place à un immense chantier. La gare de Gonesse devrait accueillir ses premiers voyageurs en 2028.
"Il nous reste à faire les poteaux, les dalles [...] et puis le remblaiement autour de la gare. Après ça, on entrera dans une autre phase sur de l'aménagement de second œuvre", souligne Julien Sauvalle, adjoint du directeur de la ligne 17.
D'un parc d'attractions à un groupe scolaire
À l'origine, cette gare devait desservir Europacity, un méga complexe de loisirs censé créer 80 000 emplois. En 2019, l'Etat bloque ce projet privé car il ne respecterait pas la transition écologique. Deux ans plus tard, le Premier ministre Jean Castex propose d'autres projets dont une cité scolaire internationale et agricole.
En 2027, un collège, deux lycées et un internat, juste à côté de la gare, proposeront à 2 300 élèves un parcours spécifique : "Des sections européennes, internationales, un accent fort mis sur les disciplines scientifiques mais également technologiques et professionnelles, à vocation agricole avec une formation complète, du CAP au BTS", comme l'explique James Chéron, vice-président UDI de la Région Île-de-France en charge des lycées.
La question des terres agricoles
Un projet utile mais mal situé selon une poignée d'irréductibles. Après s'être battu contre Europacity, le collectif pour le Triangle de Gonesse désespère de voir ces terres urbanisées : "Sur l'Île-de-France, on est à peine à 3% d'autonomie alimentaire donc on est complètement dépendants des autres régions ou de l'étranger [...] si on détruit ces terres agricoles, on a encore moins d'autonomie alimentaire", dénonce Irène Godard, membre du collectif.
L'alimentation aura sa place mais d'une autre manière. Le projet Agoralim prévoit d'accueillir une extension des activités de Rungis dans différentes villes et du maraîchage dans le triangle. Pourtant, quatre ans après l'abandon d'Europacity, le maire de Gonesse déplore des avancées trop lentes, un manque d'ambition de l'Etat et l'oubli de "l'urgence sociale".
"Je pense qu'on peut trouver le bon chemin qui concilie toutes les urgences"
Jean-Pierre Blazy, maire (PS) de Gonesse
Attirer des industries de pointe ou à haute valeur ajoutée, c'est le rêve de nombreux acteurs du Val-d'Oise. Pour le que l'urbanisation du Triangle de Gonesse fasse enfin décoller le secteur le plus pauvre du département.