Lundi 29 janvier, Valérie Pécresse et Anne Hidalgo effectuent un déplacement commun au Japon pour promouvoir la candidature de Paris aux JO et le tourisme. Quels sont les points communs entre les deux femmes politiques à la tête des deux institutions les plus importantes de l'Île-de-France ?
Valérie Pécresse et Anne Hidalgo ensemble au Japon pour promouvoir la candidature de Paris aux JO et de façon plus globale le tourisme en Ile-de-France. La présidente la région Ile-de-France parle un peu japonais et n'a pas manqué de le faire savoir sur son compte twitter.舛添要一東京都知事に対し、お計らいに心から感謝の意を表明します。アンヌ・ヒダルゴと一緒に訪日できるのは幸せな事です。私は日本人の皆様に「パリへ戻って来て下さい」を伝えるために東京へ行きます。@舛添要一 @Anne_Hidalgo
— Valérie Pécresse (@vpecresse) 26 février 2016
Anne Hidalgo publie elle une photo où apparement il est question des JO.
#Paris2024 La force d'un rêve : https://t.co/8fHHwoJzrP pic.twitter.com/DkqJHOBHZ2
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) 28 février 2016
Elles ne prendront pas l'avion ensemble mais cette journée de déplacement devrait leur permettre de faire mieux connaissance et de voir ce qui les rapproche. Car si elles sont d'un bord politique différent, elles ont aussi beaucoup de choses en commun.
Des débuts accrochés
Entre la maire de Paris et la présidente de la région Île-de-France, tout avait pourtant mal commencé. En pleine campagne des régionales en décembre 2009, où elles sont toutes les deux candidates, Anne Hidalgo balance sur twitter une photo floue et peu avantageuse de Valérie Pécresse présentée comme endormie en pleine séance. Pas très élégant. Valérie Pécresse parle "d'enfantillages" et nie l'humaine défaillance, expliquant qu'elle était en train d'écrire un SMS sur ses genoux.La presse s'en donne en coeur joie. Si on ne parle pas de crépages de chignon, on peut lire le mot chamaillerie. Le type de vocabulaire utilisé et que les féministes dénoncent à chaque différent entre femmes politiques. Le féminisme, Anne Hidalgo et Valérie Pécresse s'en revendiquent. Discrètement préférant les actes de pouvoir à la parole de victimisation. Une femme à la tête de la capitale de la France, une autre à celle de la plus importante région de l'Hexagone. On ne le note peut-être pas assez mais c'est pourtant une exception dans la politique française. Il suffit de comparer avec Lyon/Auvergne Rhone-Alpes et Marseille/ Paca. Un signe incontestable de modernité de la région parisienne. Elles n'en ont pas fait des tonnes sur ce thème au moment de leur élection respective mais c'est un premier point en commun très fort. Deux femmes qui ont réussi en politique.
Une ascension parallèle
Ce combat pour s'imposer dans un milieu très masculin, elles l'ont raconté toutes deux. Et à la même époque. En juin 2006, Anne Hidalgo, alors première adjointe à la mairie de Paris, publie "Une Femme dans l'arène". Six mois plus tard, c'est Valérie Pécresse qui dégaine son "Etre une femme politique...c'est pas si facile". Elles y racontent le scepticisme du regard masculin à leur égard et la difficulté à concilier vie de famille et carrière. Elles ont toutes les deux trois enfants qui ont sensiblement le même âge avec le même schéma. Deux naissances qui se suivent et une troisième un peu plus tardive. Elles sont toutes les deux mariées avec un polytechnicien. Jean-Marc Germain et Jérôme Pécresse, dont l'annuaire des anciens indiquent qu'ils y étaient tout deux en 1986. Les mauvaises langues parleront de la reproduction sociale des élites. Si Valérie Pécresse a fait l'Ena et HEC, Anne Hidalgo est passée par l'université avant de devenir inspectrice du travail. Mais toutes deux se sont impliquées dans le soutien scolaire au moment de leur études.Anne Hidalgo a 56 ans. Agée de 48 ans, Valérie Pécresse est un peu plus jeune. Une légère différence qui s'estompe au regard du CV professionnel. Toutes deux entrent en politique au même moment. La maire de Paris rejoint le cabinet de Martine Aubry en 1997 quand la présidente de la région Ile-de-France arrive à l'Elysée en 1998. Peut-être lurent-elles les notes respectives qu'elles envoyaient à leur patron ? Et elles franchissent le cap électoral presqu'en même temps. Anne Hidalgo aux municipales de 2001 et Valérie Pécresse aux législatives de 2002. On peut donc parler d'une même génération politique.
Une carrière politique où elles ont appris chacune la patience. Anne Hidalgo dans le sillage de Bertrand Delanoë qui a du modéré souvent les ambitions de sa première adjointe. Valérie Pécresse dans celui de Jacques Chirac tout d'abord puis de Nicolas Sarkozy et qui a du gérer le passage de l'un à l'autre pour qu'on lui fasse confiance dans le camp de l'actuel président des Républicains. Deux femmes dont on observe l'ascension avec bienveillance, à qui on promet à un avenir mais qui doivent rester discrètes. Aucune n'est adepte de la petite phrase qui tue, des coups de sang ou de la polémique qui va vous mettre sur le devant des médias. Ce qui ne veut pas dire qu'elles manquent d'ambition ou de caractère.
Un avenir partagé
Le temps de l'émancipation arrive pour chacune en même temps. Le combat municipal pour Anne Hidalgo en 2014 et la bataille régionale pour Valérie Pécresse en 2015. Et on ne peut qu'être frappé par le mimétisme de leurs campagnes. Toutes deux affrontent un candidat de "dernière minute" sorti brutalement du chapeau. Face à cet esprit commando, elles vont appliquer une stratégie de générales en chef. Deux tortues (référence revendiquée par Valérie Pécresse) face aux lièvres Bartolone et NKM. Préparées depuis des années, ayant constitué un véritable réseau de soutien derrière elles, c'est la victoire aussi de deux caractères à sang froid qui se sont fixé un objectif et qui s'y sont tenu.Aujourd'hui, elles président conjointement la destinée de l'Île-de-France. Anne Hidalgo a d'ailleurs salué immédiatement la victoire de Valérie Pécresse se déclarant "prête à travailler avec elle" sans s'appesantir sur une campagne régionale assez violente. Elles s'opposeront sur la politique de circulation dans la capitale. Et elles se soutiendront pour défendre l'image de Paris et de l'Île-de-France dans le monde. Il ne s'agit pas forcément de faire de la politique autrement. N'exgérons pas. Mais toutes deux néanmoins, dans le contexte actuel du désaveu des politiques, veulent être exemplaires et revendiquent la noblesse du travail d'élu local face aux débats nationaux stériles. Posture très en vogue mais qui n'empêche pas la sincérité du propos et de la conviction.
Dommage qu'elles ne prennent pas le même avion. Elles auraient pu parler de ce passé, du présent et de l'avenir. D'une éventuelle candidature l'une contre l'autre à l'élection présidentielle ? Avec la promesse de ne pas s'agresser à grand renfort de photos sur Twitter ? C'est peu probable, car ce sont deux ambitieuses dissimulées qui ont appris de leur parcours respectif que la détermination est d'autant plus efficace qu'elle ne se clame pas sur tous les tons.