Valérie Pécresse, présidente d'IDF Mobilités, l'autorité régulatrice des transports franciliens, annonce la mise en place d'un nouveau protocole en cas de "malaise voyageur" pour ne pas interrompre le trafic des métros. La CGT et FO-RATP dénoncent la mesure.
"Pour les malaises voyageurs, nous n'arrêterons plus les rames de métro." Interviewée ce mardi sur BFM Business, Valérie Pécresse a annoncé deux mesures pour répondre à la crise des transports en commun parisiens, et notamment les irrégularités du trafic du métro, à quelques mois des JO.
Fin de l'arrêt systématique pour les malaises voyageurs
"Nous avons une doctrine absurde sur les malaises voyageurs, qui n'est pas celle de Londres ou de Tokyo. Quand quelqu'un s'évanouit dans le métro, au lieu de le sortir de la rame pour le faire respirer, on le traite comme s'il avait eu un choc d'accident de la route, et on le met en PLS dans la rame. Et on arrête la rame, en attendant que les secours arrivent. C'est le contraire de ce qui se fait ailleurs", a-t-elle expliqué pour justifier les arrêts intempestifs, sources de retards et d'irrégularités entre le passage de 2 métros.
Et de poursuivre : "Nous, ce qu'il faut. C'est sortir la personne de la rame. On vient enfin d'avoir la validation de ce protocole Samu. Pour les malaises voyageurs, nous n'arrêterons plus les rames de métro."
Le Samu de Paris et les sapeurs-pompiers de Paris ont eux-mêmes approuvé ce changement de doctrine, a confirmé Patrick Pelloux, médecin urgentiste au Samu de Paris. Les deux services de secours ont envoyé à la RATP un courrier, où ils expliquent que "le principe de non-évacuation sur le quai d'un voyageur pris de malaise n'est pas un gage de préservation de sa santé et de sa sécurité", a indiqué l'urgentiste.
D'après IDFM, un dialogue social ligne par ligne a été entamé à la RATP en février pour déployer cette nouvelle mesure et en discuter avec les conducteurs et agents de station pour une mise en place en juin, "avant les Jeux olympiques", a précisé l'autorité régulatrice des transports.
Des syndicats vent debout
Les personnes victimes de malaise seront donc déplacées sur le quai en attendant les secours pour permettre au train de poursuivre sa route. Une mesure dénoncée par Bertrand Hammache de la CGT-RATP. "Ce protocole de prise en charge de voyageurs malades modifie la philosophie jusque-là" [appliquée].
Ce nouveau protocole sollicite "les salariés de l'entreprise, ou des voyageurs sur les lignes automatiques pour sortir un voyageur malade, qui ne pourrait pas se déplacer directement sur le quai avant sa prise en charge par un service médical". (...) ''Le voyageur va être manipulé par n'importe qui, un voyageur ou un agent RATP qui n'a pas de formation requise pour le prendre en charge", ajoute-t-il, notant que peu de salariés ont une formation de premiers secours. Il souligne la responsabilité engagée par l'agent RATP qui devra évaluer l'état du malade et agir en conséquence.
Même son de cloche pour FO-RATP : "Si le malaise n'est pas traité correctement ou que la personne décède, ce n'est sûrement pas Madame Pécresse qui sera en garde à vue !", s'indigne le syndicat. "Nous n'accepterons aucune obligation, ni remise en cause de notre droit de porter assistance".
"C'est une posture politique qui répond à des injonctions de production pour les Jeux olympiques et paralympiques et qui à terme vise à mettre en difficulté professionnelle les agents de la RATP", déplore FO-RATP, numéro un chez les conducteurs du métro.
Des brigades canines pour les colis suspects
Valérie Pécresse a également annoncé le déploiement d'une vingtaine de brigades canines pour "renifler les colis et, en 10-15 minutes, lever le doute et pouvoir les sortir." Elle souhaite également faire appel à l'Intelligence artificielle pour repérer ces colis suspects.
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Objectif affiché, à quelques mois des JO, et l'afflux de près de 10 millions de voyageurs, fluidifier le trafic alors que de nombreux conducteurs de métro, et de bus manquent encore à l'appel. La RATP a lancé une vaste campagne de recrutement pour répondre aux besoins des métiers en tension au sein du réseau.