Les répétitions s'enchaînent à quelques jours du défilé militaire du 14 Juillet. Exit les Champs-Elysées, la parade aura lieu cette année sur l'avenue Foch, près de la porte Dauphine. Un changement de programme qui nécessite de s'adapter.
Il fait encore nuit quand la première musique militaire retentit sur l'avenue Foch. Dans le paisible et cossu XVIe arrondissement, la montre affiche à peine quatre heures du matin et pourtant, l'avenue est en ébullition. À trois jours du défilé du 14 Juillet, militaires et civils s'activent pour les dernières répétitions générales, sous l'œil amusé de jeunes spectateurs fraîchement sortis de boîte de nuit.
Malgré quelques contretemps, les militaires se mettent progressivement en place pour cette édition 2024 à la saveur toute particulière. Car Jeux de Paris obligent, le défilé ne se tiendra pas sur les Champs-Elysées - comme il est d'usage depuis 45 ans - mais sur l'avenue Foch, entre l'Arc de Triomphe et la place Dauphine.
Une topographie qui impose des changements
Un nouveau tracé qui a son lot de contraintes, comme le raconte le chef de bataillon Clément Cognon, en charge de la conception, de l'organisation et de la conduite du défilé : "Un défilé militaire c'est une horlogerie. Le but du jeu est d'avoir des enchaînements de séries militaires qui soient le plus fluide possible."
Pour que rien ne vienne perturber cet engrenage fragile, les organisateurs n'ont eu d'autres choix que de s'adapter au lieu. "La difficulté principale est que la descente est plus courte que les Champs-Elysées, ce qui nécessite d'ajuster le volume des troupes", poursuit le commandant. "Nous avons perdu 25% de distance, il a donc fallu réduire d'autant les troupes."
En passant de 900 mètres de parcours à seulement 620 mètres, d'autres contraintes se sont imposées. Parmi elles, l'impossibilité d'organiser un défilé motorisé. "Nous devons réinventer ce défilé", confie le général adjoint Eric Chasboeuf, en charge des troupes à pied. La tribune présidentielle, dotée traditionnellement de 1 200 places, a été réduite à 500, faute d'espace. Une tribune complémentaire a dû être installée le long de l'avenue.
Le virage final, une fois le passage devant le Président effectué, a également été une source de préoccupations : "C'est un virage bien plus serré, à 170 degrés" ajoute le général adjoint. Autant de difficultés techniques surmontées sur cette avenue du XVIe arrondissement, choisie parmi d'autres sites, pour son moindre impact sur la vie des Parisiens et sur le mobilier urbain.
Pour le général adjoint Eric Chasboeuf, ce changement de localisation ne retire rien au charme du célèbre défilé, bien au contraire : "Je pense que ça va être rempli d'émotions car le resserrement des espaces va permettre aux spectateurs d'être bien plus proches des troupes. D'habitude, ils sont à 15 mètres, là ils ne seront qu'à trois mètres."
Libération et olympisme à l'honneur
Ce cru 2024 sera placé sous deux thématiques imposées par l'Elysée : les 80 ans de la Libération, ainsi que "l'olympisme et les armées". Un projet sur lequel planche David Baillais, en charge des animations du défilé, depuis plus d'un an. "Le lieu est particulier, plus intime. Mais nous savons depuis 2022 qu'il sera organisé avenue Foch, donc nous avons eu le temps de nous préparer", indique-t-il.
Pour cet anniversaire de la Libération, l'association des Garand de la Mémoire a ainsi prêté deux véhicules d'époque, et qui défileront exceptionnellement ce dimanche. Deux chœurs de l'Armée française reprendront également la chanson Douce France, de Charles Trenet. Ils seront accompagnés par les 31 emblèmes des pays ayant participé à la libération de la France.
Pour l'animation finale, qui sera placée sous le thème de l'olympisme, un relais de la flamme entre le colonel Thibaut Vallette, écuyer en chef du Cadre noir, et les élèves d'un collège de Seine-Saint-Denis sera organisé. Ils seront entourés de jeunes militaires ou en service civique, qui formeront les anneaux olympiques.
Au total, 4 000 défilants descendront l'avenue à pied, accompagnés sur terre par 200 chevaux, et dans les airs, par près de 300 aviateurs. D'ici le jour J, policiers, militaires, sapeurs pompiers et civils continueront de s'entraîner sur la base militaire de Versailles-Satory. Avant de retrouver, dès l'année prochaine, la plus belle avenue du monde.