Montrer une autre façon de faire de l'agriculture, réfléchir sur le revenu paysan, redéployer une ceinture verte maraîchère autour de Paris... Les sujets abordés par la Confédération paysanne, le troisième syndicat agricole de France, sont nombreux à l'occasion du dernier week-end du "Salon à la ferme".
Alors que la soixantième édition du Salon international de l'agriculture s'ouvrira samedi porte de Versailles, la quatrième édition du "Salon à la ferme", à elle, déjà commencé. Jusqu'à dimanche, cinq fermes d'Île-de-France ouvriront leurs portes au public, pour découvrir le monde agricole directement depuis les exploitations.
Maraîchage, culture de céréales, élevage de poules pondeuses ou d'ovins : toutes les formes de productions y passent, ou presque. Ces fermes, situées dans les Yvelines, la Seine-et-Marne et le Val-de-Marne, proposent des visites de leur exploitation.
Volonté de montrer une autre réalité
Dans sa ferme bio de Mandres-les-Roses (Val-de-Marne), Sophie Besnard participe pour la deuxième fois au "salon à la ferme", à l'appel de la Confédération paysanne. ""Nous voulons montrer autre chose que les animaux bodybuildés que l'on voit au Salon de l'agriculture."
Dans sa ferme, l'éleveuse de volailles de chair et de poules pondeuses bio attend entre 100 et 150 personnes ce samedi. L'occasion pour les visiteurs de voir ce qu'elle met véritablement sous le nom d'"agriculture paysanne". Car Sophie Besnard prône le respect des cycles naturels de la faune et de la flore, le bien-être animal ainsi que la transparence des pratiques d'élevage et des prix payés par les consommateurs.
A la suite des visites de la ferme, l'éleveuse organisera un débat sur la thématique de la souveraineté alimentaire, l'un des chevaux de bataille de la Confédération paysanne. En présence de paysannes et de paysans, mais également de clients et d'amapiens.
"Être plus proche du public et des territoires"
Un "Salon à la ferme" dont le calendrier n'est pas étranger à la tenue du Salon qui se tient porte de Versailles. "Quand le Covid a empêché la tenue du Salon de l'agriculture en 2020, nous avons eu l'idée d'ouvrir directement nos fermes. Bien que la Confédération paysanne conserve un stand au Salon, nous témoignons d'un certain pas de côté. On ne se met pas en marge, mais on affiche une démarche différente pour être plus proche du public et des territoires", explique Gaspard Manesse, maraîcher dans les Yvelines et porte-parole de la Confédération paysanne d'Île-de-France.
Une démarche alternative qui revendique une diversification des cultures. "En Île-de-France, notre paysage agricole s'est spécialisé sur les grandes cultures. Il n'y a presque plus d'élevage, ni de production légumière et fruitière", argue Gaspard Manesse. "Nous sommes soumis à de nombreux périls, avec en premier lieu l'artificialisation et la destruction des sols agricoles causées par l'urbanisation", poursuit-il.
Un modèle agricole à repenser
Pour le porte-parole, la tenue de ce salon à la ferme permet de promouvoir un autre modèle agricole, qui rapprocherait le producteur du consommateur. "Auparavant, il y avait des milliers de fermes qui alimentaient Paris. Il faudrait redéployer cette ceinture verte de production maraîchère pour permettre d'alimenter un bassin de consommation de dix millions d'habitants."
En défendant une production locale et respectueuse de l'environnement, les membres de la Confération paysanne souhaitent tendre à plus d'autonomie alimentaire. Un projet contrarié par plusieurs facteurs, comme l'explique Gaspard Manesse : "Si on ne s'attaque pas aux leviers majeurs que sont le prix du foncier, la formation et l'installation des agriculteurs, s'il n'y a pas une volonté politique forte de réinstaller de l'agriculture avec des fermes à taille humaine qui fassent vivre les producteurs, alors ça ne marchera pas. C'est un problème systémique."