TEMOIGNAGE. "La nuit, il venait dans ma chambre, je faisais semblant de dormir pendant qu’il abusait de moi", raconte difficilement Emma, victime d'inceste

Emma, parisienne, âgée de 42 ans, victime d’inceste par son beau-père, a porté plainte et a envoyé son agresseur en prison. Elle considère comme essentiel le rapport de la commission sur l’inceste remis au gouvernement qui propose 82 préconisations pour protéger les enfants. Emma revient sur son parcours de survivante.

Aujourd’hui à 42 ans, Emma est heureuse où en tout cas, elle semble prête à reconstruire sa vie. Pendant, très longtemps, la jeune femme a connu, le monde du jour et le monde de la nuit dans sa famille.

Lorsque sa mère rencontre son beau-père, Emma a tout juste un an. "Je l’ai toujours appelé papa. Il s’est toujours très bien occupé de nous. On était une famille très heureuse et j’adorais mon papa", raconte Emma qui grandit, entourée de ses deux petits frères. "Ma mère a eu deux enfants avec cet homme et j’ai toujours adoré mes frères avec qui je m’entends très bien", précise-t-elle.

Il attendait que tout le monde soit endormi pour venir dans ma chambre.

Emma, victime d'inceste et de violences sexuelle.

Une famille recomposée à l'image d'une famille normale. Sauf, que la nuit, tout se transforme pour Emma. "Je ne me souviens plus très bien quand tout a commencé, mais je devais avoir une dizaine d’années, car mon corps commençait à se former", murmure-t-elle. "Il rentrait dans ma chambre à une heure très tardive. Mon père a toujours regardé la télé très tard. Il attendait que tout le monde soit endormi pour venir dans ma chambre. Je faisais semblant de dormir, pendant qu’il me touchait la poitrine, le sexe ou qu’il frottait son sexe contre ma bouche tout en me faisant subir des pénétrations digitales. Je faisais en sorte de bouger pour tenter de l’empêcher d’atteindre mon corps, mais cela ne l’arrêtait pas et, ensuite, il repartait. Le lendemain, c’était le jour, je me levais et allais à l’école. La journée était normale", confie Emma. L’insoutenable, l’immoral, l’enfer de la nuit, l’oubli le jour, Emma le surmonte seule et silencieuse.

"81% des victimes de violences sexuelles sont des filles 19 % des garçons. On sait aussi que les agresseurs sont à 97% des hommes, et que dans 81 %, ils sont majeurs" annonce d’emblée, Arnaud Gallais membre de la commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), cofondateur des collectifs Mouv'enfants et de Prévenir et Protéger.

"La représentation la plus commune de la figure du pédocriminel est celle d’un individu inconnu, agissant seul dans l’espace public ou la figure monstrueuse de l’individu appartenant à un réseau qui enlève les enfants. Cette représentation a le mérite d’exprimer la grande dangerosité des agresseurs. Mais elle ne correspond pas à la réalité car, le plus souvent, les pédocriminels sont des hommes que nous côtoyons dans notre vie quotidienne : ils sont membres de notre famille, nos collègues. Ils peuvent être très bien insérés socialement ou vivre dans la précarité. Ils ont en commun de jouir d’une domination d’âge, d’autorité, de statut et de sexe sur les enfants qu’ils violent", expose la commission la commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), lors de son audition publique du 17 novembre dernier.

Pour un enfant difficile de parler d’un sujet comme la violence sexuelle, lui qui ignore tout sur ce sujet. Difficile aussi de dire qu’un membre de sa famille ou de son entourage nous fait du mal. Pour Emma, elle devait protéger la cohésion et l’amour qui régnait dans sa famille. Elle restera dans le silence.

Quand je suis arrivée dans leur nouvelle maison, mon père m’avait installée dans un studio indépendant. Il n’y avait qu’un grand lit où on dormait ensemble. Ça a continué comme ça durant des années, et même, quand on partait en vacances

Emma, victime d'inceste et de violences sexuelle.

"La peur est ce qui pousse l’enfant à rester terré dans le silence", explique Arnaud Gallais. Il en sait quelque chose, lui qui a dénoncé les abus sexuels dont il a été victime par son grand-oncle, prêtre missionnaire, entre l’âge de huit et onze ans, et par deux cousins à l’âge de douze ans. Son engagement, aujourd’hui est de protéger les enfants des violences sexuelles. Aussi, quand le 1er août 2020, le gouvernement, par le biais d’Adrien Taquet, secrétaire d’Etat chargé de l’Enfance et des Familles, annonce la création d’une commission sur les violences sexuelles faites aux enfants, centrée sur l’inceste, Arnaud Gallais rejoint la mission et témoigne dans ce rapport, remis le 17 novembre au gouvernement.

"Les abus sexuels dans les églises, mais aussi le livre choc de Camille Kouchner, La Familia Grande, ont créé un tel émoi collectif dans la société que les pouvoirs politiques se sont enfin décidés à aborder un grand tabou. Offrir aux victimes un espace de reconnaissance et d’accompagnement est essentiel, c’est le "On vous croit et vous ne serez plus jamais seules", formulé par le Président de la République", rappelle Arnaud Gallais.

Se taire pour ne pas briser la famille

Pendant dix ans, Emma sera victime de ces violences sexuelles, sans que jamais sa mère et ses frères ne l’apprennent. Elle se confiera rapidement à sa meilleure amie qui venait régulièrement à la maison. Un jour, alors que cette amie lui fait des nattes dans sa chambre, son beau-père rentrera et ira se poster derrière elle et lui touchera sa poitrine. Les adolescentes n’en parleront jamais entre elles et elles finissent par s’éloigner l’une de l’autre. Les années passent et cela aurait pu s’arrêter.  A quinze ans, sa mère quitte son beau-père amoureux d’une autre femme. Il déménage en Loire-Atlantique, mais Emma va continuer à donner l’apparence que tout va bien et continue à aller le voir. "Je prenais le train à Paris et j’allais le voir tous les quinze jours car je ne voulais pas briser ma famille. Ma mère n’allait pas très bien et je voulais que tout paraisse normal", avoue la jeune femme.

L’enfer se poursuit aux côtés de la nouvelle femme qui vit avec son père. "Quand je suis arrivée dans leur nouvelle maison, mon père m’avait installée dans un studio indépendant. Il n’y avait qu’en grand lit où on dormait ensemble. Ça a continué comme ça durant des années, et même, quand on partait en vacances", raconte presque normalement Emma.

Un jour, tout va s’arrêter. Emma a dix-huit ans. "Je m'en souviens très bien, c’était en 1998, l'année de la coupe du monde de foot. Il commence à me toucher les jambes, à me caresser et là je dis non… À ce moment-là, il me dit clairement qu’il ne voit pas où est le mal, qu’on n'a pas le même sang. Que ce n’est pas grave, et que je ne sais pas, ce que lui a vécu durant son enfance et il est parti de la pièce", raconte la jeune femme.

À partir de ce jour, les violences sexuelles cesseront. Emma fait ses études, travaille et voyage beaucoup. Elle continuera à voir son beau-père, sans subir aucune agression sexuelle jusqu’à l’âge de 30 ans. Ses relations amoureuses sont chaotiques. Elle cherche aussi son identité sexuelle. La relation amoureuse qu’elle vit avec une femme va beaucoup l’aider. Elle lui confiera ce que son beau-père lui a fait subir.

Le cerveau est fait pour qu'on survive. Il enfouit ce qu'on vit pour continuer à vivre, c’est ce que ma psy m’avait dit

Emma, victime d'inceste et de violences sexuelle.

Très en colère, sa compagne lui ordonne de ne plus se rendre chez lui et lui conseille de porter plainte et d’entamer une thérapie. "Je la remercie beaucoup aujourd’hui, même si on n’est plus ensemble. Avec elle, j’ai compris que je n’étais pas homosexuelle, donc j’ai avancé sur mon questionnement par rapport à ma sexualité, mais j’ai aussi compris qu’il fallait que je parle de ce que j’avais vécu", relate Emma. Les deux jeunes femmes se quittent, mais Emma est décidée à comprendre, pourquoi elle a autant de mal à vivre une relation amoureuse avec des hommes.

Elle se rend chez une thérapeute qui lui conseille de suivre une thérapie chez une psychanalyste spécialisée dans les abus sexuels. Un véritable coaching se met en place et Emma avance à grands pas.

Au cours de sa thérapie, elle doit écrire une lettre à son beau-père. Elle lui dévoile toutes les atrocités qu’il lui a fait subir et les lourdes conséquences psychologiques pour elle, aujourd’hui. Sa réponse la mettra hors d’elle et la poussera à en parler à son entourage. "Dans sa réponse, il m’avoue qu'il s'est comporté comme "un salaud", mais qu'il voulait faire mon éducation amoureuse et sexuelle. Qu’il avait grandi dans l'époque de David Hamilton et qu'il était désolé si j’avais souffert. Et il finit sa lettre, avec "bisous minette je pars bientôt en vacances". Pour lui, tout ça c’était une banalité", s’exclame Emma. Elle finit par le dire à sa mère qui tombe des nues et l’encourage à porter plainte. Mais Emma a peur et ne veut pas que son beau-père aille en prison.

Entre-temps, Emma est recontactée par sa meilleure amie d’enfance qu’il lui annonce qu’elle est partie voir son père. Voulant en savoir plus, elle l’interroge mais n’obtiendra aucun aveu. Quelques mois plus tard, Emma apprend que sa meilleure amie s’est suicidée, dans sa baignoire, en 2013. À ce moment-là, Emma se décide et cherche à porter plainte. Là encore, sa démarche ressemble à un chemin de croix. "Je me souviens avoir appelé une avocate pour lui expliquer que je cherchais une avocate spécialisée dans les violences sexuelles et elle m’a répondu que cela n’existait pas."

Emma persévère, toujours seule, et découvre une avocate. "Elle était très à l’écoute et j’ai su que j’allais être aidée. Elle m’a dit d’aller dans le commissariat du 14ème arrondissement et ils m’ont immédiatement cru et pris ma plainte", raconte Emma. La jeune femme porte plainte en 2014 contre son beau-père.

Le procès a lieu en 2021 où il est condamné à une peine de huit ans d’emprisonnement ferme. "Je n’en reviens pas qu’on m’ait cru et qu’il ait été puni, plus de trente ans après le début des faits. J’ai eu beaucoup de chance et j’ai eu la chance d’avoir eu durant mon procès une juge et une procureure qui ont cru à mon témoignage", avoue Emma, soulagée.

L’imprescriptibilité des viols et agressions sexuelles commis contre les enfants

Que leur agresseur échappe à la justice, c’est la crainte qu’ont toutes les victimes. Depuis 2018, la loi permet aux personnes victimes de violences sexuelles pendant l'enfance de déposer plainte jusqu'à l'âge de 48 ans. Au-delà, les faits sont considérés comme prescrits et aucune poursuite judiciaire n'est possible. Aussi, pour améliorer le traitement judiciaire des violences, la Ciivise recommande de déclarer imprescriptibles les viols et agressions sexuelles commis contre les enfants.

"Actuellement, une plainte sur dix, en cas d’inceste, aboutit à la condamnation de l’agresseur. Les victimes tardent parfois à parler, certaines sont atteintes d’amnésie traumatique et quand elles veulent en parler, il n’est plus possible de porter plainte. Aujourd’hui, l'imprescriptibilité existe uniquement pour les crimes contre l'humanité. Nous considérons que les violences sexuelles contre un enfant sont aussi graves que des crimes contre l’humanité. Il faut que le droit s'adapte à la condition des victimes et pas que ce soit l'inverse, c'est fondamental. La justice ne m'a pas réparé, mais je fais partie des victimes indemnisées par l’Église. Aujourd’hui, mon grand-oncle est mort. J’ai 42 ans et l'instruction est en cours concernant mes deux cousins", déclare Arnaud Gallais.

Sortir du huis clos 

Pour les frères d’Emma, la nouvelle a été terrible. Même s’ils la soutiennent, la vérité sur leur père est difficile à croire et à accepter. Eux n’ont subi aucune agression sexuelle de sa part. Comment n’avoir rien vu ? Des questions que se pose beaucoup l’entourage des victimes. "Mon père était très doué pour mettre toujours une bonne ambiance dans la maison. Moi, je ne voulais pas casser cette ambiance heureuse", avoue Emma. Comment croire que sa mère n’ait rien remarqué ? "Ma mère était très dépressive et prenait des psychotropes", précise Emma. Un sommeil de plomb qui permettait à l’agresseur de ne pas s’inquiéter. Beaucoup de questions taraudent encore Emma. Par exemple : que se serait-il passé, si elle avait dit stop avant ? 

Nous avons rassemblé, analysé et décrypté 30 000 témoignages. Dans 97 %, l'agresseur est un homme et fait partie de l'entourage proche de la famille

Arnaud Gallais membre de la commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise)

Des témoignages, comme celui d’Emma, la Ciivise en a rassemblé plus de 30 000. Longtemps tenues secrètes, par les victimes d’inceste, ces violences sexuelles ont été décryptées et analysées pendant trois ans par la Ciivise, composée de 23 membres issus de différents domaines. Des professionnels de la santé, de la police et de la justice, de la protection de l’enfance, de la promotion des droits des personnes en situation de handicap, de la lutte contre les violences sexuées, de l’éducation et d’associations d’aide aux victimes ont travaillé ensemble pour aboutir à 82 recommandations de politiques publiques pour mieux repérer et protéger les victimes.

"Nous avons mis en avant, les impacts que ces violences sexuelles ont sur un enfant et les séquelles, que cela engendre sur son développement et sa vie d'adulte. Les 82 recommandations englobent différents champs la prévention, la protection, le repérage, la justice avec des axes d'amélioration à apporter. C'est une doctrine, ce rapport que nous avons remis, car: si nous voulons changer la société, il faut que toutes ces recommandations soient appliquées pour que les victimes puissent sortir de leur huis clos" énonce Arnaud Gallais.

Un rapport qui compte 752 pages et qui touche plusieurs champs et domaines à améliorer. Pour mieux repérer les victimes, la Ciivise demande que les professionnels de l’enfance et de l’adolescence soient formés pour questionner systématiquement sur les violences sexuelles. La commission préconise également deux rendez-vous de dépistage et de prévention à l'école primaire et au collège.

Repérer, signaler, protéger

La Ciivise souhaite également renforcer le rôle des médecins en instaurant une obligation de signalement des enfants victimes de violences sexuelles.

40 % des personnes déclarent une addiction, une sur deux a fait une tentative de suicide, une sur deux dit avoir des troubles alimentaires, et 40 % des filles affirment avoir des troubles gynécologiques, etc...Tout ça c'est important, parce que cela signifie, que le fait d'avoir été une victime et de ne pas avoir été protégée a un impact sur la santé physique et psychologique alerte le rapporteur de la Ciivise. "Prenons mon exemple, quand j'étais petit je faisais de l'énurésie, et le médecin au lieu de chercher la cause, m'a dit 'maintenant pipi-stop'. Seulement cette méthode ne permet pas de comprendre, pourquoi un enfant fait pipi au lit, alors que ça fait partie des symptômes des maltraitances infantiles en fait. Et c'est ça aussi qu'on essaie d'impulser dans notre rapport, celui d'ouvrir à des champs bien plus larges qu'aux symptômes pris isolément, et on ne voit pas la globalité du sujet. C'est pour cela que cela doit être repris dans son ensemble avec une vraie politique de santé publique", insiste Arnaud Gallais. 

D’ailleurs la commission demande aussi la prise en charge de tous les soins. "Aujourd’hui, les victimes doivent trouver toutes seules les bons professionnels et la plupart ne sont pas remboursés. Moi je travaillais sur des marchés pour pouvoir payer mes séances chez le psy", alerte Arnaud Gallais. Aussi, la Ciivise préconise la mise en place et le remboursement intégral, par la sécurité sociale, d’un parcours de soins spécialisés en psychotraumatisme de 20 à 33 séances réparties sur une année et renouvelables selon les besoins des victimes, explicite-t-il.

Les violences sexuelles touchent 2 à 3 enfants par classe, soit une personne sur 10 en France

Arnaud Gallais, victime de viols durant son enfance, et membre de la commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise).

Emma s’estime, encore chanceuse d’avoir rencontré la bonne thérapeute. "Le cerveau est fait pour qu'on survive. Il enfouit ce qu'on vit pour continuer à vivre, c’est ce que ma psy m’avait dit", se souvient Emma. Pour la jeune femme, l’heure est à la guérison. Elle souhaite pouvoir aider d’autres personnes heurtées par la vie à se reconstruire. Aujourd’hui, elle vit sur sa péniche, baptisée, C’est la vie, à  Asnières-sur-Seine, où elle propose des séances de coaching personnalisées aux femmes victimes d’un chaos dans leur vie. Elle envisage d’écrire un livre, comme une thérapie. En attendant, elle relaye son témoignage via des réseaux sociaux, et cherche à rejoindre des associations ou des actions comme celles menées par la Ciivise. "Moi, j’ai fini par porter plainte pour protéger ma petite-nièce de ce grand-père abuseur. Si mon témoignage peut aider d’autres petites filles, je serais très heureuse. Je suis fière de l'avoir fait. Ma mère est décédée six mois avant le procès d’un cancer, et elle aurait fière de moi. 6 mois. C’est important de témoigner c'est important. Ce n'est pas à nous d'avoir honte mais plutôt les agresseurs et ils doivent être condamnés" confie-t-elle.

Comme Emma, 160 000 enfants déclarés sont victimes chaque année de violences sexuelles, soit un enfant toutes les trois minutes, d’après la commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise).

"Cela concerne 2 à 3 enfants par classe, une personne sur 10 en France", scande Arnaud Gallais. Aujourd'hui, cela ne suffit pas de dire que les violences faites aux enfants, ce n'est pas bien. Il faut mettre en place des actions concrètes pour faire de ce sujet une priorité. Aujourd'hui, ce n'est pas une priorité, regrette-t-il. Un appel relayé dans une tribune publiée dans  " Le Monde", dans laquelle un collectif d’une soixantaine de personnalités, parmi lesquelles Emmanuelle Béart, Anna Mouglalis, Neige Sinno ou Vanessa Springora, exhorte Emmanuel Macron à maintenir durablement la Ciivise. Emmanuelle Béart a révélé avoir été victime d’inceste entre ses 10 et ses 14 ans, dans un documentaire, " Un silence si bruyant", diffusé sur M6, réalisée par l’actrice et Anastasia Mikova.

"Sans le juge Durand, la Ciivise va perdre un lanceur d'alerte"

La Ciivise vient d'apprendre son prolongement, suite à la remise de ce rapport, mais l'annonce contrarie Arnaud Gallais.La commission sera coprésidée par un nouveau binôme, et non plus par le juge Edouard Durand et Nathalie Mathieu.

Désormais, la commission aura à sa tête, l'ex-rugbyman et responsable associatif Sébastien Boueilh (fondateur de Colosse aux pieds d'argile) et l'experte judiciaire, pédiatre et légiste Caroline Rey-Salmon. "Nous craignons que le rapport soit remanié, car nos 82 preconisations si'ncrivent dans un tout, c'est pour cela, que nous l'avons présenté comme une doctrine. Seul, le Juge Durand est  capable d'y veiller  car c'est un vrai lanceur d'alerte" explique le porte-parole de la Ciivise. Une affaire dans l'affaire, car, aujourd'hui, les membres de la commission, soutenus par des associations, demandent le maintien, du Juge des enfants, Édouard Durand, qui a créé ce climat de confiance avec les victimes.

"Il y a une nécessité, à mettre en place une politique publique durable en faveur des victimes d’inceste. Si la commission  perdure, sans la même équipe, le risque est grand que les enfants victimes de viols, restent dans l’oubli et les agresseurs restent impunis. Le juge Durand est indispensable. Il nous a crus, et croit les victimes. Peut-on se permettre, alors qu'on a créé une sorte d'espoir pour les victimes, de rester dans la communication, plus que dans l'action, moi je pense que non. On doit sécuriser les victimes, et conserver la confiance qui est née", conclut Arnaud Gallais.

En signe de protestation contre ce changement de présidence de la Ciivise, Arnaud Gallais, ainsi que dix autres membres viennent de démissionner. "Ce qui nous amène à démissionner, c'est le choix de ce binôme "politisé, loin de ce que la Ciivise a mis en place depuis trois ans. La vérité, c'est que le juge Durand dérangeait, car il a la connaissance du sujet et les compétences. Comme il n'a pas hésité à pointer un dysfonctionnement systémique de l'Etat à l’égard des victimes, il a été déchu de sa présidence, mais pas que, il n'est plus au tribunal de Bobigny. Il vient d'être muté à Pontoise. Sans lui, le rapport rendu va être vidé, et cela ne m'intéresse pas de participer à l'anéantissement de ces trois années de travail" déclare Arnaud Gallais.

 

Victime de violence, inquiet pour l’un de ses camarades, préoccupé par une situation d’enfant en danger ou en risque de l’être : face à toutes ces situations, vous pouvez appeler le 119, Allô enfance en danger.

Le 119 est un numéro national, joignable tous les jours de l'année 24h/24, et gratuit depuis tous les téléphones (fixes, mobiles, cabines..., et le numéro n'est pas visible sur les factures de téléphone ).

Il est aussi possible d'envoyer un message écrit au 119 via le formulaire à remplir en ligne ou d'entrer en relation via un tchat en ligne : allo119.gouv.fr.

Via une plateforme d'échanges en langue des signes pour les personnes sourdes ou malentendantes : accessible du lundi au vendredi de 8h30 à 19h et le samedi de 9h à 12h.

 

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