Le "tireur de Libé" Abdelhakim Dekhar condamné à 25 ans de réclusion aux assises de Paris

Abdelhakim Dekhar, "le tireur de Libé" jugé pour tentatives d'assassinat et séquestration en 2013, a été condamné vendredi soir à 25 ans de réclusion criminelle, une peine assortie d'une période de sûreté des deux-tiers, par la cour d'assises de Paris.

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Après 9 heures de délibéré, la condamnation prononcée - 25 ans de réclusion - est conforme aux réquisitions du parquet qui avait estimé que M. Dekhar avait agi "par "dépit social" et "rancoeur" envers la société.Son avocat, Me Hugo Lévy, a expliqué qu'il étudiait l'éventualité d'un appel. "C'est une peine lourde", a-t-il jugé. En cas d'appel, "nous tenterons de convaincre que la personnalité de M. Dekhar est en voie de transformation".

5 jours de traque

Jugé depuis une semaine, Abdelhakim Dekhar avait été qualifié d'"ennemi public numéro un" pendant cinq jours de traque, en novembre 2013 à Paris. Son périple armé avait démarré à BFMTV, puis Abdelhakim Dekhar avait grièvement blessé un assistant photographe à Libération, avant de tirer à la Société générale. La cour a estimé qu'il y a bien eu une tentative d'assassinat contre Philippe Antoine, alors rédacteur en chef à BFMTV, et contre César Sébastien, l'assistant photographe blessé à Libération.


A BFMTV, il avait menacé M. Antoine avec un fusil à pompe. Il aurait alors dit "La prochaine fois, je ne vous raterai pas", avant de prendre la fuite en laissant deux cartouches à terre.Trois jours après, il avait grièvement blessé par balle César Sébastien, alors âgé de 23 ans, dans le hall de Libération. Il a été touché par une balle dans le dos, qui a traversé son corps en passant à 2mm du coeur.

Un "resentiment contre la société"

Dans son réquisitoire, l'avocat général Bernard Farret avait déclaré: "le principal mobile, c'est tuer par dépit social". Il y a chez M. Dekhar "un ressentiment contre la société, l'Etat, le capitalisme", "un désir de vengeance". "Il n'est pas dans le remord. Il est resté dans la rancoeur", avait mis en avant le magistrat.

Abdelhakim Dekhar, un homme de 52 ans se présentant comme un "intellectuel", s'est plusieurs fois emporté en parlant politique pendant son procès, évoquant aussi bien la colonisation de l'Algérie que la crise de la sidérurgie dans l'est de la France, les banlieues etc... Mais dès le premier jour, il a raconté son "désespoir" et expliqué avoir "voulu scénariser son suicide". Il était "dans un projet de suicide par intermédiaire": il voulait que "la police le tue". Il souhaitait "une mort romantique".


Un "menteur pathologique"

L'accusé a été décrit au long du procès comme un homme violent, "un menteur pathologique". "Le problème de M. Dekhar, c'est qu'il n'a pas accepté de ne pas avoir réussi sa scolarité. Il s'est présenté comme ingénieur, alors qu'il était agent d'entretien", avait déclaré l'avocat général.

Abdelhakim Dekhar a déjà été condamné aux assises, en 1998, dans un dossier criminel majeur lié aux milieux de l'ultragauche. Il était soupçonné d'être "le troisième homme" de l'équipée de deux membres de cette mouvance, Florence Rey et Audry Maupin, qui s'était achevée par une fusillade au cours de laquelle trois policiers, un chauffeur de taxi et Maupin avaient été tués en 1994. Il avait été condamné à quatre ans de prison pour "association de malfaiteurs".

Pour l'avocat général, il s'est "réinséré jusqu'en 2013, mais il a suffi de problèmes familiaux et d'un coup de mou pour qu'il retombe". "Et il a commis des faits encore plus graves" que ceux pour lesquels il était jugé en 1998, a-t-il déclaré.
Le logeur d'Abdelhakim Dekhar, Sébastien Lemoine, a été condamné à six mois de prison avec sursis pour lui avoir fourni de l'argent et l'avoir hébergé. M. Lemoine l'avait dénoncé le 20 novembre 2013.
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