VIDÉO. Attentat d'Arras : un an après la mort de Dominique Bernard, les enseignants partagés entre la résilience et la crainte

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Un an après la mort de Dominique Bernard, professeur tué dans un lycée d'Arras par un terroriste, les enseignants oscillent entre résilience et craintes. ©Agnès Girault-Carlier / Élouenne Martin / Franck Goncalvez / France Télévisions

Un hommage à Dominique Bernard doit se tenir, dimanche 13 octobre. Cela fait tout juste un an que ce professeur de lettres a été assassiné dans un lycée d'Arras. L'assaillant disait se revendiquer de l'organisation État islamique. Aujourd'hui encore, ce drame fait réagir les enseignants.

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Dominique Bernard tué par un terroriste se réclamant de l'organisation État islamique : c'était il y a un an, jour pour jour. Le professeur de lettres a été assassiné dans un lycée d'Arras (Pas-de-Calais).

Une attaque survenue presque trois ans après l'assassinat de Samuel Paty. Ce professeur d'histoire-géographie avait aussi été tué par un terroriste, dans un collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines).

Une cérémonie se tient ce dimanche en présence de plusieurs ministres, en hommage à ces deux enseignants. Côté professeurs, il est difficile de continuer comme avant, un an après cette deuxième attaque contre l'un des leurs.

Aborder les sujets sensibles sans peur

Romain Grandinetti est professeur d’histoire-géographie, depuis 15 ans. Il rejoint sa classe de terminale, pour leur donner un cours de Droits et grands enjeux. Le thème de son cours du jour : peut-on tout publier ? Il y aborde notamment le sujet très sensible des caricatures du journal Charlie Hebdo, en 2007.

Même s’il admet avoir été ébranlé par l’assassinat de son collègue Dominique Bernard, il n’a pas changé son programme. "Je suis en totale empathie avec ce qui s'est passé, mais je ne me sens pas en danger dans l'école. Je n’ai clairement pas peur", confie le professeur au lycée Camille Sée à Paris.

Son objectif : transmettre aux jeunes un regard critique sur les caricatures. Il estime qu’il faut aborder ce sujet, mais sans présenter les images des caricatures elles-mêmes. Le cours est bien accueilli par sa classe. "Je trouve qu'on ne devrait pas avoir peur. C'est important d'en parler, car ça fait partie de la réalité de maintenant, en 2024", estime une élève.

Des craintes toujours présentes

Pourtant, certains de ses collègues ne sont pas aussi sereins. Dans le bureau de la proviseure, on s’affaire à l’organisation de la minute de silence prévue ce lundi. Certains enseignants éprouvent le besoin d’être accompagnés. 

"C'est une réalité, il y a des enseignants qui sont beaucoup plus frileux que ça n'a pu l'être les années précédentes", concède Aurore Metenier, proviseure du lycée. Elle s’interroge toutefois : "Comment on peut les soutenir, puisqu'il est hors de question que l'école fasse un pas en arrière en termes de liberté une fois encore d'expression ?"

Une aide bienvenue. L’année passée, ce moment de recueillement a suscité des débordements dans certains établissements. Jusqu'à raviver des peurs, comme chez cette professeur dans un collège en zone d'éducation prioritaire : "J'ai envie de dire un drame de plus, mais en même temps, quelque chose qui est devenu banal. Depuis la mort de Samuel Paty où l'impensable a été commis, il y a eu un point de bascule. On se demande finalement qui sera le prochain."

Signe de cette inquiétude, elle choisit de témoigner en restant anonyme. L'enseignante redoute des représailles. 

J'avais une liberté de parole en classe mais maintenant, je me méfie davantage.

Une professeure qui souhaite rester anonyme

"Je fais attention à ce que je vais dire. Je me dis 'fais attention, cela peut se retourner contre toi'. Je pense qu'il y a peut-être un peu plus de provocation aussi de la part des élèves", ajoute-t-elle.  

Un sujet important au cours de la formation

Ces craintes sont évoquées au cours de la formation des futurs professeurs. Devant ses étudiants en Institut national supérieur du professorat, le tuteur leur montre une façon d'aborder ces sujets. "C'est un sujet que je pourrais potentiellement insérer dans mon programme, mais je me pose des questions. En fait, la question est ici : pourquoi je me les pose et qu'est-ce que je risque ?", énonce Antony Soron.

Ce maître de conférences les encourage, par principe, à ne pas imposer l'étude d'un texte. "Le minimum, c'est de se questionner. Quand on débute, parfois décider de ne pas traiter ce texte maintenant. Il faut savoir se protéger", ajoute le formateur.

Des préconisations que peuvent suivre ces étudiants, et qui ne les dissuadent pas de bientôt exercer à leur tour ce métier.

Écrit par Toky Nirhy-Lanto avec Agnès Girault-Carlier

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