C’est un marché récent en plein essor : le diamant de culture. Si ces pierres prennent des millions d’années à se former dans la nature, cela ne prend que quelques semaines pour les fabriquer en laboratoire. Le seul à en produire en France est en région parisienne. L’avantage de ces pierres : elles coûtent moins cher. A cela s’ajoute aussi le côté éthique et écologique.
A l’œil nu, aucune différence. Pourtant ces diamants ne proviennent pas d’une mine. Ils ont été conçus dans un laboratoire en région parisienne. Le seul en France à faire naître des diamants.
Alix Gicquel est chercheuse et spécialiste de la physique des plasmas. Le diamant de laboratoire : toute une vie de recherche pour elle. « J’ai commencé en 1988, à la tête d’une équipe au CNRS, à l’université Paris-XIII. Je travaillais sur la production de diamants de laboratoire », raconte-t-elle.
Des diamants qui poussent dans des réacteurs à plasma
Puis en 2020, elle crée sa société « Diam Concept », spécialisée dans la création de diamants de culture. Installée dans un laboratoire à Jouy-en-Josas, dans les Yvelines, elle fait y naître des diamants via des réacteurs à plasma.
Ce sont d’immenses machines, dans lesquelles poussent à basse pression les diamants. « On met des petites plaques de diamant carrées, appelées germes de diamants, et on injecte des gaz, des micro-ondes et on se débrouille pour que tout cela chauffe. Puis le carbone va diffuser et s’incorporer dans le germe de diamant et le diamant va pousser », précise Alix Gicquel. « Un diamant de mine est extrait du manteau terrestre par un volcan, alors qu’ici on a une mine technologique à plasma. »
3 semaines à 2 mois selon la taille et la couleur voulue
Il faut compter 3 semaines à 2 mois pour faire pousser un diamant, selon la taille et la couleur souhaitée. « Plus le diamant est gros, plus il va falloir le faire pousser longtemps pour avoir de l’épaisseur », note la chercheuse et fondatrice de « Diam Concept ».
Chaque pièce fabriquée est unique. Dans ce laboratoire, on en produit une centaine par mois pour la joaillerie. De nombreux clients parisiens viennent d’ailleurs se fournir ici pour leur magasin. C’est le cas d’Alexandre Sasso, fondateur de l'« Atelier Lavoisier », une boutique de joaillerie, située à quelques pas de la place Vendôme, à Paris.
Avant de ramener les fameuses pierres dans son atelier, ils les sélectionnent dans le laboratoire d’Alix Gicquel. « Là je regarde l’éclat de la pierre, comment elle joue. On va regarder sa couleur, sa clarté et tous les critères qui peuvent exister sur un diamant ».
Sertir une bague : un travail « minutieux »
Puis après avoir été taillées, les pierres rejoignent son atelier et sont disposées délicatement sur les bagues, pour les orner. « C’est minutieux, il faut faire très attention. On travaille avec une grosse loupe binoculaire grossissante », souligne Alexandre Sasso. « Le geste doit être le plus précis possible ».
Dans sa boutique, il n’utilise que des diamants naturels recyclés ou des diamants de laboratoire.
Ces diamants de laboratoire, aussi appelés diamants de culture, c’est en Asie qu’on en fabrique le plus. En Chine, mais aussi en Inde, deuxième pays producteur au monde.
« Un diamant de laboratoire coûte 2 à 3 fois moins cher en boutique qu’un diamant de mine »
Des pierres de culture, plus écologiques et éthiques que celles extraites d’une mine. « Le diamant classique qu’on connaît tous, pour extraire un carat de diamant, c’est-à-dire 0,2 gramme, il faut concasser 350 tonnes de roche, sans parler des émissions de CO2 et des conditions dans lesquels ils sont extraits », précise Alexandre Sasso.
Un argument de taille pour la vente, en plus du prix. « Il faut savoir qu’un diamant de laboratoire ça coûte 2 à 3 fois moins cher en boutique qu’un diamant de mine. »
Budget minimum pour l’achat d’une bague chez « Atelier Lavoisier » : 1000 euros.
Un filon porteur pour la joaillerie
Un marché en plein essor. Résultat de plus en plus de sociétés décident de miser dessus. C’est le cas de la Maison ODACE, crée il y a un an par un couple de passionné. « On a lancé notre site en ligne en mai 2022. Depuis, on a eu une croissance d’environ 100% chaque mois. On a enregistré près de 50 à 60 % de notre chiffre d’affaires en novembre et décembre dernier. Donc on fait vraiment une courbe exponentielle. On a enregistré de belles ventes sur notre site internet. La deuxième étape c’est de multiplier nos points de vente physique et demain on aimerait avoir des boutiques en France et à l’étranger », explique César Serruys, co-fondateur de la Maison ODACE.
Le diamant de laboratoire : un diamant du futur. Même si aujourd’hui celui-ci ne représente que 2% du marché français, il reste un filon porteur pour la joaillerie.
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