Sur le plateau de Saclay, elle est devenue, pour ses opposants; le symbole d'un étalement urbain qui fait disparaître des terres agricoles fertiles. La ligne 18 du Grand Paris Express inquiète aussi les agriculteurs pour une autre raison, l'infrastructure constituera, à certains endroits du tracé, une véritable muraille infranchissable, ce qui va sérieusement compliquer leur travail quotidien.
Sur le plateau de Saclay, la récolte des fèveroles s'annonce exceptionnelle cette année. Pourtant, Emmanuel Vandame, paysan en agriculture biologique et propriétaire de ces terres, est inquiet pour l'avenir. La future ligne 18 du super métro, le Grand Paris Express, coupera ses terres en deux et compliquera ses déplacements au quotidien. "Aujourd'hui on fait ce qu'on veut, c'est-à-dire qu'on traverse la route où on veut et on rentre dans les champs où on veut. Demain, il y aura un métro qui est infranchissable donc pour aller du sud au nord ou du nord au sud, on aura des points de passages obligés. Ces points de passages obligés nous obligent systématiquement à faire des détours c'est-à-dire que pour faire quelque chose qui prend trois minutes, ça va prendre une demi-journée" dénonce l'agriculteur.
En 35 kilomètres, la ligne 18 reliera la gare de Versailles-Chantiers à l'aéroport d'Orly. Pour limiter son coût, elle circulera sur un viaduc avant de rouler à même le sol, gênant ainsi le passage des engins agricoles. Mais la société du Grand Paris qui conduit les travaux du métro affirme qu'il n'y aura pas de conséquences pour les agriculteurs : "pour répondre à ces inquiétudes, nous avons fait un test (...) on a reconstitué le gabarit du futur ouvrage, nous avons fait venir une moissonneuse-batteuse qui est du gabarit des engins utilisés dans le secteur et nous avons fait des tests qui ont montré qu'il n'y avait pas de problème pour pouvoir passer, pour pouvoir tourner, pour pouvoir manœuvrer la moissonneuse-batteuse" rassure Bernard Cathelain, membre du directoire de la société du Grand Paris.
Un entre-deux possible ?
Les élus du territoire ne sont pas opposés au futur métro mais militent pour un scénario alternatif. Pour faire passer la ligne 18, ils proposent un compromis sur une petite portion d'un kilomètre entre Villiers-le-Bâcle et Châteaufort avec le creusement d'une tranchée sous la départementale.
"Il est acté aussi qu'elle passe sous les carrefours à certains endroits mais pas à tous et notre demande c'est qu'elle puisse passer sous les carrefours à chaque fois pour pouvoir préserver les fonctionnalités agricoles. Ce n'est pas un changement majeur que nous demandons mais c'est un changement qui change beaucoup de choses par rapport à l'utilisation des terres agricoles" précise Caroline Doucerain, présidente de l'association Terre et Cité et maire des Loges-en-Josas.
En vue d'obtenir un ultime arbitrage, huit maires ont écrit début juillet à la première ministre Elizabeth Borne. Le dernier tronçon contesté de la ligne devrait être mis en service à l'horizon 2030.
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