Malakoff, Montreuil, Melun... Les noms des villes d’Île-de-France paraissent généralement anodins et ancrés dans le quotidien des 12 millions de franciliens. Mais connaissez-vous vraiment leur origine ? Dans une série de vidéos aussi ludique que pédagogique intitulée « Topo », Mathilde Morin revient sur la signification des noms de plusieurs communes de notre région.
Vous avez toujours rêvé d'acquérir des connaissances historiques pour briller en société sans avoir à vous plonger dans une vaste encyclopédie ou de passer des heures à faire des recherches dans les centaines de mètres de rayonnage des archives départementales ? « Topo » est fait pour vous ! « Topo » est bien entendu le diminutif de « toponymie » qui est l'étude des noms de lieux. Mathilde Morin, comédienne passionnée d'histoire, a sélectionné 10 villes dont elle nous dévoile la provenance de leur nom atypique, à commencer par Malakoff qui lui inspire ce commentaire : « J'ai tellement entendu le nom de cette ville durant mon enfance, qu'un lien avec la Russie n'était plus une évidence ».
« J'ai tellement entendu le nom de cette ville durant mon enfance, qu'un lien avec la Russie n'était plus une évidence »
Mathilde Morincomédienne passionnée d'histoire
Comme pour le Kremlin-Bicêtre, le nom de Malakoff dans les Hauts-de-Seine est étroitement lié à une campagne militaire dans l’Empire russe : la guerre de Crimée, entre 1853 et 1856. Une tour défensive en pierre sur la colline de Malakoff, qui surplombe la ville de Sébastopol.
En 1855, la prise héroïque par les Français de la « tour Malakoff » qui surplombe et protège la ville de Sébastopol est une telle victoire qu’elle est célébrée dans toute l’Europe. Et à Vanves, un promoteur immobilier nommé Alexandre Chauvelot fait l’acquisition de terrain en friches. Alors inspiré par la ruée vers l’or en Amérique du Nord, il y fait un construire un lotissement qu’il nomme « Nouvelle-Californie ». Pour rendre le lieu attractif, il décide d’y créer un parc à thème sur la guerre de Crimée, accompagné d’une reconstitution de la fameuse tour Malakoff de Sébastopol. À proximité, une guinguette est également nommée « À la tour de Malakoff ».
En 1883, lors de la scission avec le village de Vanves, un décret donne le nom de la tour à la nouvelle commune, qui apparaît comme une évidence. « Le nom propre est un fait de langage, certes, mais attribué par une personne ou une population dans un cadre géographique, historique et social donné », écrit le chercheur spécialisé dans l'anthroponymie et la toponymie de la France Pierre-Henri Billy dans son Dictionnaire des noms de lieux de la France. Les habitants ont ainsi, par habitude, donné le nom d’un lieu phare de leur village, à la future commune.
Tout autant surprenant, saviez-vous que la ville de Montreuil, aussi appelée Montreuil-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis (93), est mentionnée en tant que « Monasteriolum » dès le 10ème siècle, qui signifie “le petit monastère” ? La ville a en effet été établie autour d’un couvent au 8ème siècle. Par la suite, une appellation « Monsterellez lez Peches » ou Montreuil les Pêches est attestée au 16ème siècle.
La raison ? Une culture de pêches en espalier, le long de 600 kilomètres de murs et serrés en labyrinthe pour protéger les fruits du vent, s'était considérablement développée au cœur de la ville. Montreuil approvisionnait ainsi toutes les capitales européennes. « C'est impressionnant, surtout quand on s'aperçoit que ce fruit s'est retrouvé sur le blason et le logo de la ville », ajoute Mathilde.
« C'est impressionnant, surtout quand on s'aperçoit que ce fruit est sur le blason et le logo de la ville »
Mathilde Morincomédienne passionnée d'histoire
Aujourd'hui, la ville de Montreuil, avec l'aide de la région Île-de-France et de nombreux soutiens, prévoit un budget de près d'un million et demi d'euros pour la restauration d'ici à 2025 des 34 hectares de murs à pêches restants, « un patrimoine d'exception » pour les Montreuillois.
Melun en Seine-et-Marne est une des autres villes parcourue par Mathilde Morin. C'était une place forte gauloise du pays des Sénons. La première trace écrite de la ville de Melun il y a plus de 2000 ans atteste du nom de Melodunum, du gaulois « melo », qui signifie « hauteur » et « dunum » qui signifie « fortifiée ».
D’ailleurs, la ville de Melun n’est aujourd’hui plus fortifiée, elle perd son dernier château fort en pierre situé sur la pointe de l’île Saint-Étienne en 1833. Une ville autrefois fortifiée, qui a régulièrement été détruite par les troupes ennemies en chemin vers la capitale. Pendant la guerre de Cent Ans, la ville de Melun a tenu tête durant cinq mois aux troupes anglaises et bourguignonnes. Elle en tire sa devise « Fidèle aux murs jusqu'à manger des rats ».
Dans les Yvelines, le nom de Rambouillet ne fait écho à aucun terme utilisé de nos jours. Il tient son origine du latin Rumbelitto, c'est attesté en 768. Avec son suffixe -itto, d’origine latine, Rambouillet signifierait alors « petit Rambeuil », une petite clairière naturelle ou défrichée, un sens confirmé par les « toponymistes et celtisants » selon Pierre-Henri Billy.
Célèbre pour sa forêt de près de 200 hectares " où on peut encore croiser des cerfs, des sangliers ou des chouettes " précise Mathilde, Rambouillet est également connu pour abriter un chêne de 550 ans labellisé « arbre remarquable ». L'histoire ne dit pas si cet arbre a poussé près de la clairière qui a donné son nom à Rambouillet.
Coulommiers, Bagnolet, Issy-les-Moulineaux, Sarcelles ou encore Versailles sont d'autres villes à l'histoire singulière à découvrir avec Mathilde Morin dans « Topo », à voir dès maintenant sur france.tv/idf.