Pommeuse, Mouroux, Coulommiers... Des villages une nouvelle fois inondés. Si les pluies sont à l'origine de la crue du Grand Morin, la montée des eaux de la rivière a été associée à un phénomène de ruissellement important. Un scientifique nous explique les raisons de cette "crue majeure".
"Les précipitations observées mercredi ont engendré une hausse généralisée sur le Grand Morin. Une crue majeure. Des débordements généralisés sont à prévoir. Selon les secteurs, les niveaux observés pourraient être supérieurs à la crue de 2016", selon le dernier bulletin de Vigies crues qui émet ce jeudi une alerte rouge dans ce secteur, l'état maximum de la vigilance crues.
Pics de crues en 1990 2016, 2020, 2021 ou même très récemment en septembre dernier, le Grand Morin a une nouvelle fois quitté son lit en raison d'une montée de ses eaux. Les inondations se répètent dues à une pluviométrie intense et soudaine. Pour Ludovic Faytre, responsable des études risques et aménagements à l'Institut Paris Région, cette nouvelle crue est aussi due à un phénomène de ruissellement.
La géographie du bassin du Grand Morin, une vallée, "fait aussi l'importance de la crue", explique ce spécialiste. "Le bassin-versant du Grand Morin est relativement un petit bassin. Il y a l'importance du relief avec un encaissement du bassin, plus ou moins, accentué. Cela peut favoriser évidemment le ruissellement rapide des eaux", analyse Ludovic Faytre.
Le ruissellement rapide des eaux provient également de la nature de l'occupation du sol. "Autour du Grand-Morin, on a des territoires avec une part agricole relativement importante qui n'est pas boisée. Cela favorise aussi le ruissellement. On a donc une masse très importante d'eau sur un sol qui n'a pas la capacité de s'infiltrer (...) L'eau ruisselle à l'échelle du bassin-versant, descend très très vite et ça crée une inondation importante", ajoute-t-il.
Une étude publiée en 2023 par l'Institut Paris Région, relevait que les inondations par ruissellement étaient majoritaires en Île-de-France. Entre 1982 et 2021, 88 % des arrêtés CatNat - état de catastrophe naturelle - étaient liés à des phénomènes de ruissellement. Selon ce rapport, "le quadrant nord-est de la Seine-et-Marne jusqu’à la vallée du Grand Morin apparaît également comme particulièrement impacté avec plus de 17 % des arrêtés CatNat recensés."
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"Des phénomènes plus importants"
Sous-affluent de la Marne et de la Seine, le Grand Morin est alimenté par plusieurs dizaines de petits ruisseaux ou rus qui prennent leurs sources dans des forêts, mais aussi par trois rivières dont la principale, l'Aubetin se jette dans le Grand Morin, à hauteur de Pommeuse.
Depuis le début de l'année, dans certaines zones en Seine-et-Marne comme à Pommeuse, des habitants ont été victimes à trois reprises d'inondations dues à une crue soudaine de la rivière et des pluies intenses.
"En Île-de-France, on a eu plusieurs dizaines d'événements chaque année en raison d'orages très localisés. Ce qui vient de se passer est certainement lié à cette tempête. Ce sont des phénomènes qui sont plus importants et plus nombreux" , alerte Ludovic Faytre.
"C'est la conséquence aussi du dérèglement climatique. On sait qu'à l'avenir et c'est pour ça qu'il vaut mieux les prendre en compte, ces phénomènes de pluviométrie un peu extrêmes et très intenses vont être d'une grande occurrence", prévient-il.
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