Groof, CYBIAH... L'Union Européenne finance 1027 projets en Île-de-France. A quelques jours des élections européennes, nous sommes allés voir ce qui se cache derrière ses sigles. Retrouvez tous les projets financés par l'Union Européenne dans notre région sur notre carte interactive.
"On a des serres agricoles qui demandent de l’énergie et d'un autre côté, on a des bâtiments qui perdent de la chaleur par les toits. Comment combiner tout cela ? Quelle est la meilleure synergie possible ?", questionne Amandine Galli, chef de projet paysage comestible et agriculture urbaine au bureau d'études des fermes de Gally, entreprise agricole dont le siège se trouve dans les Yvelines.
Pendant sept ans, onze experts du nord de l'Europe, originaires d'Allemagne, de Belgique, du Luxembourg, des Pays-Bas et de la France ont planché sur le sujet. Dans le cadre d'un programme européen de recherche baptisé Groof ou Greenhouses to reduce CO2 on Roofs, "des serres sur toit pour réduire le CO2".
Groof est soutenu par le programme européen INTERREG Nord-Ouest à hauteur de 60 % du budget total du projet. "Le programme d'étude est clos. A la suite de cela, nous avons décidé de construire quatre serres pilotes sur toitures en Europe du Nord. En France, nous avons installé l'une d'entre elles à la ferme urbaine de Saint-Denis", explique Amandine Galli.
La serre expérimentale s'étend sur 360 m2 au-dessus d'un bâtiment abritant des bureaux, un entrepôt et un hall d'accueil. On y cultive ici des plants de tomates. "C'est la chaleur latente du bâtiment qui va réchauffer la serre. Le bâtiment a été conçu pour pouvoir laisser la chaleur de l'étage du dessous, remonter vers la serre", explique Laureline Dequen, assistante du responsable d'exploitation Augustin Laureau.
Pour accompagner des agriculteurs et des constructeurs dans leurs projets d'installation de serres sur toit, les concepteurs de Groof ont rédigé un guide de bonne pratique. "Une sorte de boîte à outils traduite en plusieurs langues".
En Île-de-France, le développement de la serre sur toit s'amorce doucement. À Noisy-le-Grand en Seine-Saint-Denis par exemple, un entrepreneur a relevé le défi en installant une serre sur le toit d'une surface commerciale. L'installation qui devrait ouvrir cette année s'apparente à une ferme urbaine et s'appelle "Ma salade à toit".
1027 projets européens
En Île-de-France, 1027 projets sont soutenus par l'Union Européenne. 118 financés à plus d'un million d'euros.
On compte des projets conduits à l'échelle de plusieurs territoires européens comme Groof pour lutter contre les effets du changement climatique et réduire les émissions de gaz à effet de serre. Mais aussi des programmes régionaux qui correspondent aux objectifs affichés par l'Europe en matière de protection de l’environnement, du développement du numérique, de l’emploi, de l’éducation, de l’innovation ou encore de la sécurité.
Le projet CYBIAH
En 2022, 40 % des cyberattaques de type rançongiciel ont visé des TPE et des PME selon l'ANSSI, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information, acteur central de la cybersécurité en France.
"Quand on parle de rançongiciel, on va par exemple recevoir un mail, on va cliquer. On ne va pas faire attention et puis petit à petit, le cybercriminel va rentrer dans le système d'information de la structure et va en quelque sorte bloquer le système", explique Yann Bonnet, Directeur Général Délégué du Campus Cyber.
C'est pour prévenir ce genre de menace, aider les entreprises à se protéger que le projet Cibiah a vu le jour en 2023. CYBIAH - acronyme pour Cybersécurité et Intelligence Artificielle Hub - mobilise une petite équipe d'experts. Six personnes. Un programme qui fonctonne comme une start-up pour l'instant.
Le projet est né naturellement dans une tour du quartier de la Défense où se trouve le "le lieu totem" de la cyber sécurité, le Campus Cyber qui a pour ambition de réunir tous les acteurs de la cybersécurité en France.
"Notre cible, ce sont des structures qui emploient entre 10 et 250 personnes et qui ont un chiffre d'affaires inférieur à 50 millions d'euros" en Île-de-France, explique Yann Bonnet aujourd'hui coordinateur du projet CYBIAH. La métropole du Grand Paris, la CCI, des acteurs privés sont partenaires de ce projet qui a obtenu un fond FEDER. (Fonds européen de développement régional sur le territoire).
Sabotage des réseaux, espionnage, pillage des données, les menaces ne sont pas virtuelles. Par exemple en 2022, l’un des plus grands hôpitaux de la région, le Centre Hospitalier Sud-Francilien Corbeil-Essonne a été victime d’une cyber-attaque. Une rançon de 10 millions de dollars avait été exigée selon le directeur de l'établissement.
"Ce qu'on constate", argumente Yann Bonnet,"c'est que les gros acteurs économiques, par exemple ceux du CAC 40, ont bien pris conscience et ont mis des moyens considérables pour faire face à la menace cyber. Les plus petits acteurs, les PME, les collectivités manquent dans certains cas de moyens, de lisibilité par rapport aux offreurs" des opérateurs spécialisés capables de délivrer des services de cybersécurité.
Mettre en relation ces deux univers, celui de l'entreprise et celui des offreurs, c'est le pari de CYBIAH. "Quand on est, par exemple une PME, c'est extrêmement compliqué de comprendre les offres cyber et d'un autre côté, on aide les offreurs à mieux comprendre les besoins des entreprises", explique Yann Bonnet.
Le projet CYBIAH est encore en période de test. "Grâce au financement européen et de la région Île-de-France", la start-up propose pour l'instant aux entreprises qui la consultent, un diagnostic "sans reste à charge" qui permet d'identifier leurs vulnérabilités. "On va les aider pour qu’ils testent des services et des solutions qui sont adaptées réellement à leurs besoins", résume le coordinateur du projet CYBIAH.
La course aux porteurs de projets
En Île-de-France, le FSE le Fonds social européen est le fonds le plus mobilisé pour des aides à l’emploi, à la réinsertion à la création d'entreprises ou encore à l’éducation. Il est géré par Région Île-de-France et par l'Etat. 539 millions d’euros en Île-de-France alloués pour la période entre 2021 et 2027.
L'autre fond, le Feder soutient le développement économique des régions, le numérique, la recherche et l'innovation, mais aussi la protection de la biodiversité, la rénovation énergétique de logements et le développement de l'économie circulaire, se monte à 177 millions.
Une enveloppe gérée par la Région qui s'emploie à faire émerger et à dénicher les porteurs de projets qui en seront les bénéficiaires. Faute de quoi l'argent sera rendu à l'Europe. "Pour la campagne 2021-2027, on a lancé des appels à projets". Mais pour la dernière campagne de financement européen qui s'est soldé en 2021, "les fonds ont été dépensés à 100 % (.. ) avec un taux d'erreur dans le montage des dossiers de moins de 1 %", assure Jean-Didier Berger, Premier vice-président de la Région Île-de-France. "C'était notre gros enjeu, on a mis les bouchées doubles, renforcé nos équipes, sollicité des entreprises extérieures pour accompagner les porteurs de projets."