Alors que Montreuil devenait en 2018 "la première ville de plus de 100 000 habitants" à proposer une mutuelle santé communale, la collectivité change son offre dès ce jeudi, après "des hausses de tarifs répétées". De son côté, la Région a décidé de "geler les tarifs" de sa propre offre, face à l’inflation.
"L’objectif principal, c’est toujours de permettre à des personnes qui n’ont pas de mutuelle aujourd’hui d’avoir une meilleure couverture financière de leurs soins… La santé est un poste de dépenses important, d’autant plus avec l’inflation", résume Vincent Kaufmann, le directeur adjoint à la Santé de la mairie de Montreuil.
Depuis 2018, la Ville de Seine-Saint-Denis propose une mutuelle santé communale. "On avait réalisé une enquête auprès de la population, un tiers des personnes indiquaient ne pas avoir de complémentaire santé. C’est malheureusement encore plus vrai aujourd’hui : beaucoup de gens dans cette situation se retrouvent avec des restes à charge importants, ce qui peut amener à ne pas consulter. C’est un vrai sujet de santé publique", raconte Vincent Kaufmann.
"On avait donc lancé un partenariat avec un organisme du champ mutualiste pour proposer un contrat collectif pour deux types de population : les habitants de Montreuil, et les agents salariés de la Ville", poursuit-il. Si l’offre a attiré 4 800 personnes au total en cinq ans, dans le cadre d’une convention signée avec la mutuelle "Solimut", la mairie déplore aujourd’hui une "des hausses de tarifs répétées".
"Le propos n’est pas de dégrader notre relation avec notre ancien partenaire, pour en dire du mal, mais ces augmentations répétées et importantes ont amené à relancer un Appel à manifestation d'intérêt (AMI)", retrace Vincent Kaufmann.
Dès ce jeudi 8 février, la "Mutuelle Familiale" prend donc le relai. Au-delà des remboursements garantis et des montants des cotisations, la Ville affirme avoir veillé sur l’encadrement des tarifs, "garantis pour une durée de deux ans" jusqu’à 2026. Ensuite, "les éventuelles évolutions tarifaires seront limitées à +5 %/an", selon la mairie.
Le directeur adjoint à la Santé précise que le panel de personnes éligibles a par ailleurs été élargi "aux gens qui travaillent à Montreuil" mais aussi "à ceux qui y étudient".
"Ça peut se traduire par un gain en termes de pouvoir d’achat, jusqu’à 40-50 euros par mois pour certains"
Alors que la Ville promet "des conditions et des tarifs préférentiels", Vincent Kaufmann explique que l’intérêt des mutuelles communales vient d’abord d’un "effet de volumétrie quand les contrats sont négociés".
"Avec une offre qui couvre une population de la taille d’une ville comme Montreuil, les risques liés aux situations individuelles sont lissés, et ça se répercute sur le modèle économique, détaille-t-il. Et ça peut se traduire par un gain en termes de pouvoir d’achat, jusqu’à 40-50 euros par mois pour certains. Aussi, des actions de prévention sont demandées aux candidats, par exemple pour renforcer les dépistages, les bons comportements liés à l’alimentation, ou d’autres informations de santé publique."
Pas d'"objectif chiffré" en termes d’adhérents pour cette nouvelle offre, précise Vincent Kaufmann, qui souligne que les personnes signent "à titre individuel". Et tandis que la mairie rappelle qu’en 2018, Montreuil devenait "la première ville de plus de 100 000 habitants" à proposer ce type de mutuelle communale, le directeur adjoint à la Santé explique que "depuis, ça s’est répandu dans d’autres communes franciliennes qui ont pris la même orientation, notamment en Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne".
Au-delà des mairies, la conseil régional a également lancé en février 2023 une offre qui suit le même principe : "Île-de-France Mutuelle Santé", en partenariat avec plusieurs organismes du secteur. En 2024, la Région a d’ailleurs "décidé de geler les tarifs (...) pour redonner du pouvoir d'achat aux Franciliens", annonce la page dédiée.
"Le gel des tarifs, c’est un geste en faveur du pouvoir d’achat, explique Farida Adlani, vice-présidente chargée des Solidarités, de la Santé et de la Famille. L’Île-de-France est la première région à avoir proposé une mutuelle de ce type. Cette offre a été lancée dans un contexte compliqué économiquement, qui rend de plus en plus difficile pour les Français et les Franciliens de prendre soin de leur santé. Le but est d’éviter un renoncement aux soins, avec des tarifs 20% moins chers que la moyenne des mutuelles, en s’adressant à tous les publics et surtout ceux qui ont un pouvoir d’achat faible ou modéré : les jeunes, les personnes sans emploi, les seniors, les travailleurs non salariés…"
Pour ce qui est de la capitale, un "Complément Santé Paris" est proposé pour les personnes handicapées et les personnes âgées avec des revenus modestes, sous certaines conditions de ressources.