Entre la foule dans les couloirs et les insfrastructures non-adaptées aux personnes à mobilité réduite, accèder aux sites olympiques sera parfois un défi pour les spectateurs handicapés. Seule une infime partie du réseau est accessible et prendre le RER ou le métro reste un combat quotidien pour les personnes non-valides.
A moins d'un des JO, une question me taraude, vais-je pouvoir prendre les transports en commun pour assister aux JO ? Journaliste à France Télévisions, je me suis lancé un défi : aller au Stade de France en RER. C'est ici qu'auront lieu les épreuves d'athlétisme des Jeux Olympiques et Paralympiques et la cérémonie de clôture pour les Paralympiques. Précision qui a son importance, handicapé, je suis en fauteuil roulant.
Direction le Stade de France : RER C et B
Accompagné d'une équipe de reportage, je prends la direction du RER C devant France Télévisions pour rejoindre le RER B. Pas de difficultés pour accéder à la gare. En revanche, les choses se corsent pour monter dans le train. Il y a plusieurs marches entre le RER et le quai. Je peux me lever et marcher sur quelques mètres et arrive donc à grimper à bord, non sans l'aide de mes collègues pour porter le fauteuil.
Première réflexion : "Si j'avais été tout seul à, je n'aurais pas pu faire le trajet." Un argument que reprend Sandra Bossard, présidente de l'association des professionnels de l'accessibilité. "Dans de nombreux endroits en Île-de-France, des personnes en situation de handicap seules ne peuvent pas se déplacer et c'est une privation de liberté", estime-t-elle.
Une fois descendu du train, aucun ascenseur en vue à notre arrivée à la gare Saint-Michel. Il me faut descendre plusieurs escaliers pour rejoindre les quais du RER B. Mon handicap me permet de me lever et me débrouiller dans les escaliers. En revanche, ce n'est pas le cas de tous et l'absence d'ascenseur dans une station peut représenter un obstacle infranchissable pour certaines personnes invalides. "Les difficultés sont différentes selon le type de handicap. Quelqu'un qui est atteint d'une déficience visuelle aura parfois du mal à se repérer dans le métro où les arrêts ne sont pas toujours annoncés par exemple", juge Vincent Julé, vice-président de l'association pour la prise en compte du handicap dans les politiques publics et privées.
Nous avons bouclé le trajet en 2 heures et 10 minutes alors que les applications de navigation nous promettaient un parcours d'une heure. Conclusion : il est impossible pour une personne à mobilité réduite de se rendre seule au Stade de France en transports en commun.
A noter, la SNCF propose le service Accès + pour obtenir l'aide d'un agent dans le RER B. Mais il faut s'y prendre à l'avance et réserver. Pas question d'arriver le jour même. Impossible donc pour une personne en situation de handicap de se déplacer librement sur des trajets quotidiens sans anticiper son voyage.
L'épreuve des escaliers place de la Concorde
Mes places sont déjà réservées pour les épreuves de skateboard qui auront lieu place de la Concorde en juillet 2024. Mais encore une fois, vais-je pouvoir m'y rendre seul et en métro ?
Pour rejoindre la Concorde, je décide de prendre la ligne 1. Elle est par chance l'une des rares, avec la 14, à proposer des ascenseurs. Pas de chance : les stations Châtelet et Concorde n'ont que des escaliers. Au total, cinq cages de plusieurs dizaines de marches chacune. Un obstacle infranchissable pour les personnes à mobilité réduite. Un défi également pour toutes les personnes en perte d'autonomie. "On en revient à la question de la liberté. Beaucoup de personnes sont découragées face à ces difficultés et finissent par rester chez elles, faute de solutions adaptées", déplore Vincent Jute.
Pour accéder, je suis contraint de prendre l'escalator. Un choix périlleux quand on se déplace en fauteuil roulant, voire dangereux qui nécessite la présence d'un accompagnateur.
À la suite de ce nouveau périple, nous arrivons à la Concorde non sans fatigue. Un comble lorsque l'on sait que la célèbre place parisienne accueillera la cérémonie d'ouverture des Jeux Paralympiques !
9% des stations de métro accessibles
Dans 10 mois, la capitale française sera scrutée dans le monde entier. Ses transports seront mis à rude épreuve. Pour les 350 000 visiteurs en situation de handicap attendus, l'accès aux transports en commun représentera un véritable défi. Certes, des navettes permettront à 40% d'entre eux de rejoindre les sites olympiques.
De nombreuses gares RER sont accessibles. Cependant aujourd'hui, au quotidien, je prends le bus et le tram qui sont eux 100% accessibles. Le parcours prend plus de temps qu'avec le métro, mais je n'ai pas d'autres choix.
Dans les prochains mois, Île-de-France Mobilité prévoit 1,5 milliard d'euros d'investissement pour rendre 240 stations de métro accessibles à horizon 2024. "Nous allons installer des ascenseurs dans chacune des stations qui comptent plus de 5 000 voyageurs par jour", indique Laurent Probst, directeur général d'IDFM. Selon ses chiffres, seules 9% des stations de métro sont accessibles. Soit 27 stations sur 309.