La rentrée scolaire rime souvent avec galère pour les parents d'enfants en situation de handicap malgré les quelque 130 000 AESH en France. Une situation à laquelle Géraldine, mère de Capucine, doit faire face depuis l'arrivée au collège de sa fille. Entre le manque d'AESH et les démarches sans fin, elle se sent dans une impasse pour aider sa fille de 15 ans.
"On me dit d'être patiente mais je n'en peux plus. Ça fait trois ans que j'attends", témoigne Géraldine Derlot. Mère de trois enfants, l'une de ses filles, Capucine, est en situation de handicap. Depuis trois ans, Géraldine reçoit des notifications de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) lui notifiant que Capucine doit avoir un accompagnant d'élève en situation de handicap (AESH) individualisé.
Pourtant, la jeune fille de 15 ans a fait son entrée en classe de quatrième et, une fois de plus, sans AESH. "Capucine est atteinte du syndrôme de West, d'un TSA lié à son syndrôme de West et d'un TDAH avec hyperactivité. Elle a des retards moteur et mental, il faut absolument qu'elle soit accompagnée d'un AESH individualisé et à temps complet, souligne Géraldine, avant de confier, ma fille est totalement laissée de côté."
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Une situation qui a commencé depuis l'arrivée de Capucine dans son collège de Créteil, ajoute Géraldine : "Elle avait fait toute sa maternelle et sa primaire avec une AESH. Mais il y a un manque cruel d'accompagnants pour le collège en entier."
"Elle a un niveau début CP alors qu'elle est en quatrième"
Après des dizaines de démarches pour s'assurer que sa fille puisse être accompagnée, Géraldine a l'impression d'être dans une impasse : "Je m'inquiète pour l'avenir de ma fille. Elle a un niveau début CP alors qu'elle est en quatrième, elle ne sait ni lire, ni écrire, explique-t-elle. Ça fait trois ans que Capucine ne fait rien à l'école parce qu'elle a besoin d'être suivie. Elle stagne, voire régresse."
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Pourtant, Capucine fait partie d'une classe ULIS, un dispositif pour l'inclusion scolaire, qui rassemble "une dizaine d'élèves en situation de handicap dans une classe, accompagnés par un organisateur (un professeur) et un AESH mutualisé" mais seules "deux AESH sont mobilisées pour tout le collège" précise Géraldine. Ces classes, où "les quatre niveaux, de la 6e à la 3e, sont mélangés", intègrent également des élèves en parcours classique.
Ça fait trois ans que Capucine ne fait rien à l'école parce qu'elle a besoin d'être suivie. Elle stagne voire régresse.
Géraldine DerlotMère de Capucine, 15 ans
Sans accompagnement individualisé, les cours en commun avec les parcours classiques sont d'autant plus difficiles pour Capucine. "Sans AESH elle ne peut rien faire, elle attend pendant des heures, elle s'ennuie", reconnaît Géraldine. Autre difficullté : en trois ans, quatre organisateurs se sont succédés. À chaque changement, "il faut tout réexpliquer, tout reprendre de zéro".
Devenir la propre AESH de son enfant, la solution ?
Géraldine Derlot est pourtant prête à tout pour aider sa fille. "J'avais moi-même demandé à devenir l'AESH de mon enfant, à suivre la formation. Mais on m'a dit que ce n'était pas possible, que je pouvais devenir l'AESH d'un autre enfant, mais pas de ma fille, regrette-t-elle. Pourtant, je sais qu'il y a des dérogations. Elles sont très rares mais j'ai vu des témoignages de mamans."
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Des témoignages, elle en reçoit aussi certains via son compte Instagram. Sous sa dernière publication, dans laquelle Géraldine raconte sa bataille pour obtenir une AESH pour Capucine, plusieurs parents commentent : "Mon fils démarre son année sans AESH cette année et on a demandé une individuelle, une mutualisée c'est déjà compliqué. On nous demande des dossiers et des tonnes de rendez-vous pour ne tenir encore aucune promesse, c'est un combat permanent."
C'est pareil dans l'école de ma fille et moi j'ai postulé pour devenir AESH et personne ne me rappelle... c'est désespérant
Témoigne une abonnéesur le compte Instagram de Géraldine
Une autre abonnée décrit quant à elle : "C'est pareil dans l'école de ma fille et moi j'ai postulé pour devenir AESH et personne ne me rappelle... c'est désespérant." Ce dernier point, Géraldine le souligne également : "Je connais une AESH partie en congé maternité. Elle est désormais revenue et a demandé un poste, mais elle n'en a toujours pas. On manque pourtant d'AESH !"
Toujours dans l'attente pour obtenir gain de cause, Géraldine ne baisse pas les bras pour autant. Pour débloquer la situation, elle a une ultime idée : "écrire une lettre au Président de la République".