Début août, certains syndicats du CHU de Nantes faisaient état de quatre décès en file d’attente aux urgences. Une information contestée par la direction de l'hôpital.
Les urgences du CHU de Nantes comme théâtre de la fin de vie indigne ? Dans un communiqué diffusé ce vendredi 16 août, l'hôpital dément fermement cette information.
Dix jours auparavant, des syndicats du centre hospitalier faisaient état de quatre décès dans la file d'attente de ses urgences. Cela dans un contexte d'engorgement, notamment dû à la défection de médecin remplaçant l'été et à la fermeture de services dans d'autres structures de la région.
Temps d'attente démesurés
"La fermeture des urgences de Montaigu, la saturation de celles de Saint-Nazaire et de celle Challans ; oblige les gens à venir chez nous. Ça déplace le problème parce qu'on n'a pas plus de médecin pour gérer l'affluence", nous avait détaillés, Oliver Terrien, aide-soignant à Nantes et membre de la CGT.
Le syndicaliste nous indiquait également que, sur le terrain, cette saturation se traduisait par des temps d'attente démesurés. "La suppression de lits au sein de l'hôpital crée une stagnation des patients aux urgences. De fait, des gens dorment dans les brancards et attendent, pendant 40 h à 48 h, d'avoir une vraie chambre", soulignait-il.
Une septuagénaire décédée
Après la mort d'une patiente dans le couloir des urgences du CHU de Nantes en janvier, Oliver Terrien nous informait que d'autres drames de la sorte s'étaient reproduits. "Des personnes sont décédées dans des conditions déplorables entre fin juillet et le début de ce mois d'août", précisait-il.
Une information appuyée par le syndicat Force Ouvrière, auprès de nos confrères de Presse Océan. Selon les organisations syndicales, quatre patients seraient décédés en trois semaines dans la file d'attente des urgences nantaises.
"Rien ne prouve qu'ils sont décédés à la suite d'une prise en charge trop longue ou de mauvais soins. Toutefois, ils sont morts devant tout le monde et ça ne devrait pas arriver. Ce sont des fins de vie indignes", soulignait Olivier Terrien.
L'équipe médico-soignante a été très affectée par les conditions de ce décès inexpliqué
Professeur Eric Batardchef du service des urgences
Ainsi, une dame, âgée de 72 ans, aurait été retrouvée sans vie dans la nuit du 2 au 3 août, après 10 heures d’attente sur un brancard. Ce vendredi, la direction du CHU confirme ce décès, mais se dédouane de toute responsabilité : "il est intervenu après qu’une première prise en charge infirmière et médicale ait été mise en œuvre dès l’arrivée de la patiente aux urgences, conformément aux protocoles en vigueur".
Le communiqué transmis par l'hôpital donne également la parole au Professeur Eric Batard, chef du service des urgences : "l'équipe médico-soignante a été très affectée par les conditions de ce décès inexpliqué. Mais nous n’avons pas eu quatre décès avant prise en charge médicale en trois semaines, comme j’ai pu le lire".
24 heures aux urgences
Le Professeur confirme tout de même que les urgences nantaises ont connu une période de tension entre mi-juillet mi-août, avec des temps d'attente d'en moyenne 9 h.
"Des patients peuvent rester plus de 24 H aux urgences faute d’un lit d’hospitalisation disponible dans l’ensemble des hôpitaux et cliniques de la région. Il faut bien comprendre qu’il ne s’agit pas d’un délai d’attente pour être pris en charge et soigné par l’équipe médicale, mais bien du temps que le patient a passé au sein du service des urgences pendant lequel il est pris en charge par l’équipe médico-soignante.", précise-t-il.
Dans son communiqué, le CHU de Nantes assure également que l’activité de son service d'urgences est plus calme depuis une semaine. Le délai de passage reste toutefois long, avec un temps d'attente d'en moyenne sept.
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