Réchauffement climatique et méthane : si on décarbonait les pets de vache grâce à un simple complément alimentaire ?

Pour réduire les émissions de méthane rejetées par les vaches, cinq éleveurs laitiers qui alimentent les fromageries Bel ont testé un complément alimentaire innovant. Moins d'une cuillère à café par jour et par vache permettrait de réduire d'un tiers l'impact carbone des ruminants.

Décarboner les pets de vache pour lutter contre le réchauffement climatique... Si le sujet peut faire sourire, il est très sérieux, c'est même l'un des principaux sujets de la COP 28, qui se tient à Dubaï jusqu'au 12 décembre.

Le méthane, un puissant gaz à effet de serre

Car derrière l'image bucolique de la vache, se cache une véritable usine à gaz. Du méthane, que le ruminant produit en grande quantité lors de la digestion avant de le rejeter dans l'atmosphère et qui représente 12 % des émissions de gaz à effet de serre sur le territoire. 

Pour y remédier, cinq éleveurs laitiers de la région, qui alimentent les fromageries Bel, ont testé début 2023 un complément alimentaire innovant. Le Bovaer, c'est son nom, permettrait de réduire de façon significative la production de méthane lors de la digestion des ruminants.

Moins d'une cuillère à café par jour et par vache réduit d'environ 30% la production de méthane

Yoann Lézé

Éleveur laitier

Yoann Lézé, installé à Quelaines-Saint-Gault en Mayenne, a expérimenté cet additif sur son cheptel en février et mars derniers, et les résultats sont encourageants.

"C'est très simple à utiliser. Ça se présente sous forme de poudre, que l'on mélange au fourrage, notamment à l'herbe et au maïs, explique Yoann Lézé, éleveur laitier installé à Quelaines-Saint-Gault, en Mayenne. Une fois dans l’estomac, le complément bloque la production d’enzyme".

Une petite quantité de cet additif, "un quart de cuillère à café par jour et par vache", suffirait à réduire d'environ 30 % les émissions de méthane, "sans aucun effet sur le comportement des vaches, ni sur la quantité et la qualité du lait produit", précise Yoann Lézé, qui est également vice-président de l'association des producteurs Bel de l'Ouest, l'APBO, qui regroupe 700 éleveurs dans la Sarthe, la Mayenne et l'Orne.  

Cet additif n'a aucun effet sur le comportement des vaches, ni sur la qualité et la quantité du lait

Yoann Lézé

Vice-président de l'association des producteurs Bel de l'Ouest

Mais pour être efficace, l'additif doit être distribué toutes les 4 heures. Encore faut-il que les vaches restent à l'étable pour que leur alimentation soit entièrement contrôlée. Une fois dans les prés, cela devient impossible. C'est la principale limite à la réduction de l'impact carbone sur l'élevage bovin.

Un frein qui devrait être levé à l'avenir, assure l'entreprise DSM, qui développe actuellement un produit à libération lente qui devrait permettre au Bovaer d'être efficace pendant les heures de pâturage.

Vers une filière laitière "bas carbone" 

Pour le groupe Bel, qui produit les fromages de grande marque, comme La Vache qui rit, Babybel, Boursin, ce complément alimentaire "offre un immense potentiel pour avancer vers une filière laitière bas carbone et offrir aux consommateurs des produits responsables et durables", estime Simon Bonnet, directeur achat Lait de Bel.

Le recours à cet additif s'inscrit dans un système de production vertueux, mis en place en 2017, "où les éleveurs laitiers se sont engagés à nourrir 100% des vaches sans OGM avec un accès aux pâturages d'au moins 150 jours", ajoute Simon Bonnet, qui rappelle que l'ensemble des exploitations a déjà réalisé un diagnostic carbone, "avec un plan d'action personnalisé pour réduire leurs émissions".

Après ces premiers résultats prometteurs, le complément alimentaire sera déployé à plus grande échelle, de juillet à décembre 2024, chez tous les adhérents de l’APBO qui le souhaitent.

Le méthane au menu de la COP 28

Souvent oublié des politiques climatiques, "éclipsé" par le CO2, le méthane se retrouve aujourd'hui au cœur des débats de la COP 28.

Si les quantités rejetées dans l'atmosphère sont bien moins grandes que celles du dioxyde de carbone (CO2), son effet de serre est considérable. À quantité égale, le méthane est 84 fois plus réchauffant que le CO2 sur une durée de 20 ans. Sur une durée de cent ans, il reste 28 fois plus élevé.

Le méthane étant un composé à courte durée de vie, réduire drastiquement ses émissions permettrait une baisse rapide des concentrations atmosphériques, et donc des résultats plus immédiats qu'avec le CO2, dont la durée de vie est de 1.000 ans.

Autant de caractéristiques qui font du méthane le levier le plus puissant pour limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 degré Celsius, conformément à l'Accord de Paris sur le climat.

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