Dans le magazine de la création artOtech, nous laissons carte blanche à des artistes pour chorégraphier un lieu. La danseuse Florence Loison nous révèle les dessous de la grande scène du théatre des Quinconces
Dans l'épisode d'artOtech consacré à Diana Higbee, la chanteuse lyrique à l'origine du festival Musica Le Mans, nous avons demandé à la danseuse Florence Loison de nous révéler par une improvisation les dessous du grand plateau de la Scène Nationale des Quinconques L'espal au Mans.
Ce jour-là, nous tournons les séquences d'artOtech au théatre des Quinconques L'espal au Mans
Depuis ce matin, nous déambulons dans les couloirs du théatre des Quinconques L'espal avec Diana Higbee pour évoquer l'opéra, le spectacle qui font la vie de cette "Madonna du lyrique". La scène nationale est implantée au coeur de la ville. Elle domine la place du marché et regarde la très fière cathédrale et la vieille ville. Un cube de modernité dans un paysage séculaire.C'est ici que nous avons donné rendez-vous à Florence Loison pour notre séquence "all we can do".
Florence va danser à domicile, sa compagnie compagnie Zutano BaZar, est basée en Sarthe, mais comme nous, elle découvre les coulisses inconnues de la plupart des chanteurs et des comédiens qui foulent la grande scène, là juste au-dessus, un espace qui supporte le plateau. Çà tombe plutôt bien pour une artiste qui plaide pour que la danse existe partout et aime multiplier les expériences in situ dans ces créations.
Elle regarde cet endroit comme une cathédrale de métal, elle nous dit avec calme mais gourmandise qu'il va devenir "son terrain de jeu".
Je me cache avec le preneur de son et le chef opérateur derrière l'un des pylones qui tient la structure. Il faut laisser tout le champ possible à la caméra de Bertrand et à l'artiste.
Elle s'accroche maintenant à ce mécano de barres parallèles. Elle respire lentement, se concentre. C'est parti, les muscles, le corps et le souffle s'engagent dans un dialogue presque trop simple avec ce décor froid, géométrique. Cette rencontre improbable devient pourtant un ballet harmonieux, une sorte de poll dance déconnectée du temps. C'est beau et puissant.
La danse terminée, elle revient vers nous et nous lance avec son sourire de rockeuse "c'était bon".
Paul ValéryL’état de danse : une sorte d’ivresse, qui va de la lenteur au délire, d’une sorte d’abandon mystique à une sorte de fureur
Le confinement et ses conséquences
Aujourd’hui, l'épidémie de COVID19 nous oblige au confinement. Pour Florence Loison "c'est d'abord le temps de la sidération, l'arrêt net de tous les élans, la mort soudaine et massive à l'échelle planétaire, la conscience des impacts pour l'avenir mais aussi l'incroyable reprise rapide du pouvoir de la nature". Nous visons une sorte de grand brouhaha mais aussi "de grandes oxymores fascinantes".Cette situation agit sur la créativité et son process de production artistique "encore davantage que ce que je réalisais déjà, en conscience d'un monde épuisé".
Florence a déjà la certitude qu'il faut apprivoiser cette nouvelle énergie "résultat d'un mélange de peur, d'inconnu, de désir, d'opportunité de transformer ce qui doit être changé, de luttes à tenir et de lâcher prise à accepter". On entend la danseuse mais aussi la chanteuse de rock rebelle qu'elle est aussi "impatiente de retrouver des corps dansants à ses côtés pour y parvenir".
Le rôle de la Danse
Et si la danse était un engagement social ? "La danse est première ! Elle est plus qu'utile, elle est nécessaire pour faire société.On lui assigne une résidence souvent trop limitée alors qu'elle existe parce qu'elle est fondamentalement libre, et par voix de conséquence, rend visible la liberté des corps qui la portent".
L'occasion est trop belle pour nous rappeler que pour elle "la danse est un art total et universel". Il lui permet autant un travail intérieur que de rencontre avec l'autre "tout ça dans une infinité d'espaces et de temporalités. C'est un art vertigineux qui me guide depuis plus de vingt ans".
Un mode d'expression qui permet d'inclure tout ce qui la constitue par ailleurs "ma passion pour la musique, l'écriture, les arts visuels, la philosophie, les sciences humaines et... le besoin politique".
Pour voir ou revoir l'épisode artOtech avec Diana Higbee et Florence Loison, c'est ici :
Quelques repères sur Florence Loison
Florence Loison est danseuse, chorégraphe et directrice artistique de la compagnie Zutano BaZar, implantée en Sarthe.Formée en Afrique, en France, en Allemagne, aux Etats-Unis, son geste éclot dans le voyage. Elle place son travail depuis plus de quinze ans sur la question des frontières. Auteure de pièces écrites et de performances in-situ, elle aime travailler dans les deux sens, chaque contexte lui permettant une expression de sa liberté différente et complémentaire.
Chanteuse de rock, reliée régulièrement à des metteurs en scène et intriguée par les arts numériques, sa recherche est protéiforme. Zutano BaZar – Plateforme pluridisciplinaire autour du geste, accueille régulièrement divers auteur(e)s d’ici et d’ailleurs dans son sillon.
La compagnie s’investit pleinement dans les pratiques amateurs et la multiplicité des possibles, pour que la danse existe partout.
Zutano BaZar et Florence Loison sont « artiste associé » pour trois ans à la commune nouvelle de Montval-sur-Loir (72) pour une résidence « Plateau danse » incluant soutien à la création, diffusion de pièces, programmation et actions culturelles. Florence Loison travaille actuellement à la création d’un nouveau lieu artistique - L'Astragale - implanté sur la commune de Dissay-sous-Courcillon.