Le travail et le bien être sont ils compatibles ? En Vendée, un organisme de formation dispense des astuces et des conseils dans les entreprises pour mieux vivre son travail au quotidien. A l'heure où la détresse psychologique touche près de la moitié des salariés.
Depuis Janvier, c’est devenu leur routine. Chez Aubineau, entreprise vendéenne de pommes, chaque matin, les salariés et les dirigeants se réunissent pour s’échauffer en musique.
Un moment bénéfique pour tout le monde.
"Avant on ne faisait pas ça, maintenant qu'on le fait je trouve qu'on se sent beaucoup mieux, estime une salariée, avant on arrivait on était un peu... tu vois... maintenant on est en pleine forme".
On est plus zen quand on attaque dès le matin, on a déjà plus le sourire
Un salarié vendéen
"C'est surtout intéressant pour tout le monde par ce qu'on a des équipes qui travaillent dedans et dehors, explique Manu Texeira, Codirigeant entreprise Aubineau , tout le monde se réunit le matin, on se dit bonjour, on passe ces cinq minutes en musique à se détendre,
Ça donne une bonne dynamique, tout le monde est content
Manu TexeiraCodirigeant entreprise Aubineau
Puis chacun repart à son poste de travail. Lancée il y a 5 mois, cette "mise en énergie" part d’une formation effectuée il y a plus de deux ans.
"J'y pensais depuis la fin de l'année dernière mais avec le covid c'est toujours un peu compliqué, raconte Bérangère Poupeau cheffe de station, et on a eu un gros mois de janvier, on travaillait beaucoup, les gens étaient aussi un peu fatigués, avaient mal un peu aux articulations, je me suis dit que c'était le moment de le mettre en place".
L'entreprise doit changer de prisme
Des formations au bien-être en entreprise dispensée par l’organisme X-Sens. Au programme du jour pour ces salariés : mise en énergie, mais aussi conseils sur le comportement et les attitudes nécessaires au travail.
On apprend à gérer son stress, on apprend à gérer ces émotions, on apprend à être heureux au travail
Nathalie BoudeauResponsable production
"Tout ça c'est des choses qu'on ne connait pas dans la vraie vie au travail", explique Nathalie Bourdeau, responsable production.
"L'entreprise, il faut qu'elle change de prisme, estime Alexandre Andries, directeur général O'Guste, on est souvent focalisé sur le métier, comment découper, comment préparer, mais on ne se pose jamais la question sur pourquoi on le fait".
Donner du sens au travail et être mieux pour faire mieux, depuis la crise sanitaire, l’organisme de formation voit la demande augmenter.
"Les gens sont perdus, fatigués, épuisés, constate Dominique Tremblin, cogérant XSens HD, très souvent il y a un très fort turn-over dans les entreprise, ce qui est fort regrettable. Une fois que l'on sait plus à quoi on contribue, ça évitera un turn-over".
Apporter plus de sens permettra vraiment de fédérer encore plus les gens dans les entreprises
Dominique TremblinCogérant XSens HD
Et les conseils ne s’arrêtent pas là. Comme pour l’entreprise Aubineau. Les participants sont suivis sur le long terme afin de faire le point sur l’évolution de leurs pratiques.
En burn out "on perd la finalité de ce que l'ont fait"
Anne-Claire Garnier, est psychologue du travail à Nantes, elle accompagne ses patients dans des problématiques liées à la souffrance liée au travail.
Pour elle, "la vraie question qui se pose est : ces pratiques s'inscrivent-elles dans une pratique globale de qualité de vie et des conditions de travail au sein de l'entreprise ?".
Le manque de sens "est souvent la porte d'entrée de "Je fais un travail, je n'ai pas l'impression qu'il est reconnu, j'ai l'impression qu'il ne sert à rien, je ne vois plus la finalité de ce pourquoi je travaille".
Il y a un tel découpage des missions réalisées en entreprise que parfois on perd la finalité de ce que l'ontfait
Anne-Claire GarnierPsychologue du travail
Selon le dernier baromètre du cabinet Empreinte Humaine, publié en mars dernier, la détresse psychologique des salariés ne cesse de progresser et touche désormais 41% d'entre eux.
Il seraient 2,5 millions en burn out.
"Les premiers signes du burn-out sont la fatigue et le repos qui ne repose plus, poursuit Anne-Claire Garnier, on arrive le vendredi soir bien épuisé et puis le week-end se passe, bien comme d'habitude, mais le lundi matin on ne sait pas pourquoi on est de nouveau très fatigué"
La fatigue du lundi midi est un signal fort de début d'épuisement professionnel
Anne-Claire GarnierPsychologue
A l'épuisement "peuvent s'ajouter, les petits maux de tête, les petits maux de ventre, l'irritabilité, les proches vous le font souvent savoir aussi".
"Il faut réussir à en parler, poursuit la psychologue, et c'est aussi à l'entourage d'avoir un réel travail à mener, l'entourage personnel mais également professionnel car la personne prise dans cette spirale-là ne s'en rend pas compte, elle le prend plutôt comme un aveu de faiblesse".
La psychologue recommande d'alerter "le manager de proximité, les ressources humaines et au besoin le médecin traitant, la médecine du travail".