Gros plan sur une expression marquant les stéréotypes de l'époque : le village "nègre". C'est le nom donné par les Poilus à certains des campements construits en deuxième ligne, à l'abri des tirs ennemis. Ces huttes leur rappelaient les villages d'Afrique qu'ils avaient vus en photos.
Les soldats de la Grande Guerre avaient leur propre vocabulaire. Des mots qui racontaient ce qu'ils mangeaient, ou buvaient et aussi le toit qui les protégeait. En première ligne, ils se cachaient dans les "cagnas", abris empruntés aux Tonkinois. Il y avait aussi les "gourbis", mot venu d'Afrique du Nord. Un peu plus loin, à l'arrière, les Poilus construisirent des campements. Certains furent appelés villages "nègres".
Source archives :
- Historial de la Grande Guerre de Péronne
- Larousse
- Pathé Gaumont
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©France 3
La France de 1914 est un Empire. Les expositions coloniales et leurs villages reconstitués rencontrent un vif succès. Les populations noires y sont exhibées. Le Poilu se nourrit de ces stéréotypes. Aussi quand les hommes commencent à bâtir des huttes pour s'abriter de la pluie, leur nom est vite trouvé. Les villages "nègres" sont nés.
Dans son récit dessiné « Ma grande guerre », édité par Larousse, le soldat Jules Lavy raconte sa découverte d'un village "nègre", au détour d'un bois. Spectacle étrange qui le transporte au Soudan, la végétation exotique en moins. La féerie s'évanouit quand il observe ces maisonnettes de plus près. « Ces huttes si jolies d'aspect au loin sont de misérable gourbis en terre battue, fermés par de vieilles toiles de tente déteintes et percées.» L'abri est bien précaire.
Les Poilus sont mal installés. Un ingénieur propose une solution. Il s'appelle Louis Adrian. On lui doit le fameux casque des soldats français. Il imagine aussi des baraques peu coûteuses et faciles à monter. Construites en série, elles peupleront la deuxième ligne. Avec leur confort tout relatif, elles remplaceront les villages "nègres".