Démission d'Abdelaziz Bouteflika, les réactions à Marseille de la communauté algérienne

"Les choses ne font que commencer", a réagi Ahhmed Ouared représentant en Paca du Jil jadid Europe (Génération nouvelle), parti d'opposition au régime algérien, à l'annonce de la démission d'Abdelaziz Bouteflika, 82 ans, au pouvoir depuis deux décennies en Algérie.

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Cible d'une contestation populaire inédite depuis plus d'un mois, lâché par l'armée, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a démissionné mardi soir.

Cette annonce des médias officiels a été saluée par un concert de klaxons à Alger, et des Algérois ont commencé à se rassembler sur le parvis de la Grande poste, épicentre de la contestation, en plein centre de la capitale.

A Marseille, pas de klaxons, mais "de quoi trinquer une bonne partie de la nuit". Pour Ahhmed Ouared représentant en Paca du Jil jadid Europe (Génération nouvelle), vitrine légale en France du parti de l'opposant au régime algérien Soufiane Djilali, "c'est une très bonne nouvelle, après six semaines de manifestations, on ne s'attendait pas à ce que son départ soit aussi rapide".

Plus d'un millier de personnes, la plupart d'origine algérienne, ont manifesté depuis le 22 février, notamment à Marseille pour dénoncer le maintien de la candidature d'Abdelaziz Bouteflika aux présidentielles.

Une démission hautement symbolique

"C'est complétement symbolique que Bouteflika démissionne", tempère Zina Mebkhout, membre du Collectif pour une Alternative Démocratique et Sociale en Algérie (CADSA- Marseille). "Ce n'est pas tant le personnage qui pose problème que tout le clan qui est autour".

Selon la Constitution, c'est le président du Conseil de la Nation (chambre haute), Abdelkader Bensalah, 77 ans, qui assurera l'intérim durant une période maximale de 90 jours au cours de laquelle une présidentielle doit être organisée.

La Constitution est fortement critiquée par l'opposition au régime. Pour Ahhmed Ouared, elle a permis l'installation "d'une mafia", d'un "régime politique corrompu qui doit aussi partir". "Le peuple ne veut plus voir ces têtes qui ont gouverné pendant plus de vingt ans en Algérie".
 
"Si on arrivait dans le meilleur des cas à organiser des élections démocratiques, le président élu bénéficierait de la même Constitution, celle qui confond aujourd'hui les pouvoirs et permet à un président d'être un dictateur", ajoute Zina Mebkhout.  "Il faut l'organisation d'un réferendum, seule voie pour la création d'une assemblée constituante qui permettrait de faire table rase du passé et avoir le début d'un semblant de démocratie participative".

Depuis plus d'un mois, les manifestants réclament le départ d'Abdelaziz Bouteflika mais aussi celui de son entourage et plus largement celui du "système" au pouvoir.

Malgré cette démission, le mouvement de contestation pourrait par conséquent se poursuivre.

Le mandat de trop de "Boutef"

"Boutef", comme l'appellent familièrement ses compatriotes, détient le record de longévité à la tête de l'Etat algérien, mais voulait briguer un nouveau quinquennat en 2019, à l'occasion de ses 20 ans au pouvoir. Le mandat de trop.

Elu pour la première fois en 1999, constamment réélu au premier tour avec plus de 80% des voix en 2004, en 2009 et 2014, ce 5e mandat semblait pourtant acquis aux yeux du régime en début d'année.

Mais l'annonce de sa candidature a déclenché, à partir du 22 février, des manifestations massives et une contestation inédite, de la part d'une population outrée par un tel projet. Jusqu'au bout, Abdelaziz Bouteflika aura tout de même voulu s'accrocher au pouvoir aussi longtemps que possible: après avoir d'abord reporté sine die la présidentielle du 18 avril tout en restant en fonctions, le président, lâché par plusieurs fidèles, avait fait savoir lundi qu'il démissionnerait, mais seulement d'ici l'expiration de son mandat, le 28 avril.

Sommé de quitter le pouvoir immédiatement mardi par un de ses principaux fidèles, le général Ahmed Gaid Salah, chef d'état-major de l'armée, il a finalement jeté l'éponge.

"L'Algérie n'a jamais été un État de droit."

Les opposants au régime algérien savent que malgré son départ, le parcours vers une Algérie démocratique est semé d'embuches.

"L'Algérie n'a jamais été un État de droit", rappelle Ahhmed Ouared représentant en Paca du Jil jadid Europe. "Pour monter un vrai État de droit, cela va prendre des années".

"C'est important d'être enthousiasme, mais le travail débute maintenant", ajoute Zina Mebkhout, du CADSA- Marseille.

"L'étape qui va suivre est une étape beaucoup plus difficile que d'obtenir le départ du président Bouteflika. Il va falloir réussir à rester dans un état d'esprit démocratique uni, autour de l'intérêt collectif".

"Les choses ne font que commencer", avertit Ahhmed Ouared. "Ce régime est un hydre à sept têtes et il peut encore se régénérer".


 
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