Le procureur a reconnu, mardi, que l’enquête est au point mort malgré l’important dispositif mis en place pour retrouver l’enfant disparu dans le Haut-Vernet depuis samedi.
Une chape de plomb s’est posée sur le Haut-Vernet. Trois jours après la disparition mystérieuse du petit Emile dans ce village des Alpes-de-Haute-Provence, le procureur de la république a reconnu, mardi 11 juillet, qu’il n’y a "aucun indice pour nous aider à comprendre cette disparition" malgré les importantes recherches qui ont été menées. De quoi accroitre l’inquiétude sur le sort de l’enfant de 2 ans et demi. France 3 Provence-Alpes se penche sur les éléments qui poussent les enquêteurs à craindre pour la vie d’Emile.
Parce que malgré les moyens, les recherches n’ont rien donné
"Aucun indice, aucune information, aucun élément." Quand il a pris la parole, mardi, le procureur de Digne-les-Bains, Rémy Avon, a affiché un visage grave. Après les battues dimanche et lundi, l'enquête a été resserrée sur le hameau du Haut-Vernet, bouclé par les gendarmes : les 30 bâtiments composant le bourg ont été "totalement visités", 12 véhicules fouillés, les 25 habitants entendus et 12 hectares "méticuleusement" ratissés, a détaillé le magistrat. "Le petit Emile n'a pas été retrouvé", a-t-il lancé.
Pendant deux jours, les recherches et les battues ont été menées dans un périmètre de 5 kilomètres autour du hameau, en vain : "Au bout de 48 heures, l'enfant aurait dû être retrouvé dans ce périmètre", avait déjà reconnu le préfet des Alpes-de-Haute-Provence, Marc Chappuis, lundi. D’autant plus que les moyens engagés dans les premiers jours ont été exceptionnels : équipes cynophiles, drones, hélicoptères, volontaires…
Parce que la survie d’un enfant seul dans ces conditions est compliquée
C’est l’un des facteurs les plus inquiétants. Plus de 72 heures après la disparition d’Emile, l’état de santé du petit garçon est au centre de toutes les questions. Agé de 2 ans et demi, l’enfant n’a ainsi potentiellement pas mangé ni bu d’eau depuis samedi alors que de fortes chaleurs touchent la région. "Médicalement, on nous dit qu’au-delà d’un délai de 48 heures, vu le jeune âge de l’enfant, vu sa constitution et considérant qu’un humain qui serait privé de nourriture et d’eau par les fortes chaleurs actuelles, le pronostic vital est très, très engagé", a soufflé le procureur de la République de Digne-les-Bains, Rémy Avon, lors d'un point presse mardi soir.
Un constat partagé par de nombreux pédiatres. "Proportionnellement à son poids, un enfant a besoin de plus d’eau qu’un adulte. À 2 ans et demi, il pèse environ 14 kg et doit donc boire entre 700 mL et 1 litre par jour", précise au Parisien Robert Cohen, président du conseil national professionnel de pédiatrie. Quelles sont les conséquences si un enfant de cet âge ne boit pas suffisamment ? "Un œdème cérébral et un coma", pointe la docteure Raïssa Brulé-Pépin contacté par Le Parisien.
Des risques renforcés par l’importante chaleur qui règne depuis plusieurs jours sur le village du Haut-Vernet avec des températures la journée qui flirtent avec les 30°C, et une alerte canicule déclenchée par la préfecture. Sans oublier que même si l’enfant est décrit par ses proches comme "débrouillard" et donc capable de trouver un point d’eau pour se rafraîchir, le risque de noyade est très important à son âge.
Parce que l’enquête a pris un tournant judiciaire
Après plus de 48 heures de vaines battues citoyennes pour retrouver le petit Emile, l'enquête a pris une tout autre forme mardi. En effet, au vu des moyens déployés, le petit garçon "aurait dû être retrouvé" s'il s'était perdu dans le périmètre de cinq kilomètres autour du village, a déclaré le préfet, Marc Chappuis. Un dispositif de recherche "plus ciblé" et "sélectif" a donc été mis en place à partir de mardi. La totalité des 30 bâtiments composant ce minuscule hameau des Alpes-de-Haute-Provence ont ainsi été fouillés, 12 véhicules visités, les 25 habitants du bourg entendus et 12 hectares de terrain "méticuleusement ratissés", a déclaré le procureur de la République de Digne mardi soir lors d'une conférence de presse au Vernet.
"Nous allons désormais entrer dans une autre temporalité de l'enquête, qui va consister à analyser la masse considérable d'éléments recueillis", a détaillé Rémy Avon, avec notamment l'analyse des données de téléphonie autour du hameau au moment de la disparition d'Emile. Mais aussi l'analyse des 1.200 appels à témoins reçus. Pour interpréter ces indices, la cellule d'enquête va désormais devenir une cellule "nationale", passant de 15 à 20 enquêteurs. Cela permettra de bénéficier "de moyens régionaux et nationaux, notamment scientifiques et techniques, pour pouvoir accomplir toutes les investigations".
Si l'hypothèse selon laquelle le petit garçon ait pu se perdre malgré les battues et les ratissages de la gendarmerie n'est toujours pas à exclure, rappelle le procureur, cette probabilité est "très réduite", plus de trois jours après sa disparition.