Ce jeudi 30 mai, les pharmaciens baissent le rideau et font grève. Ils dénoncent la pénurie de médicaments, inflation, vente en ligne et désertification. Des problématiques accentuées en milieu rural.
Ce jeudi 30 mai, la quasi-totalité des pharmacies seront fermées en France, à l'initiative de deux syndicats, l'USPO et la FSP qui ont déposé un préavis de grève. Parmi leurs revendications, ces professionnels de santé dénoncent les problèmes de désertification, de pénurie médicale ou encore les conséquences de l'inflation. Dans le milieu rural, ces problématiques s'accentuent.
À l'entrée d'une pharmacie de Manosque, dans les Alpes-de-Haute-Provence, les clients sont avertis : "30 mai en grève". Les rideaux resteront fermés. Pour cette officine, la pénurie de médicaments les empêche de travailler normalement. Une pharmacienne nous présente une commande d'une demi-journée. Il y a toute une liste de médicaments pour lesquels ils n'auront pas de livraison puisqu'ils sont en rupture. "On retrouve principalement des antibiotiques, des médicaments pour le diabète de type insuline, des médicaments postopératoires", nous explique Claire Aillaud, pharmacienne à Manosque et vice-présidente de la FSPF 04.
Une désertification dans les milieux ruraux
Le département des Alpes-de-Haute-Provence est majoritairement rural. Selon le conseil départemental, 59 % de la population vit en milieu rural. Les 59 officines installées jouent un rôle crucial pour une population relativement âgée. La pharmacie du village de Banon, par exemple, dessert une vingtaine de communes. Nombreux sont les clients qui doivent faire de la route pour venir chercher leurs médicaments. "Mon mari vient d'être opéré, il faut faire des kilomètres et des kilomètres pour acheter les piqûres", nous confie une cliente.
Maëlle Julien a repris l'officine à Banon en octobre. Elle appartenait anciennement à ses beaux-parents. "Personne ne s'est pressé pour la reprendre", explique-t-elle. Et pour cause, selon Michel Escoffier, pharmacien et président de la FSPF 04, ces pharmacies ne sont pas rentables. "Une pharmacie par jour ferme en France. Depuis 10 ans, 2000 pharmacies ont fermé, affirme-t-il. Elles sont invendables, car pas rentables. Donc la banque ne prête pas d'argent."
Les pharmacies fermées pour dénoncer
Des négociations ont été engagées avec la Sécurité sociale. "Les résultats ne sont, pour l'instant, pas positifs. Ce sont des demi-mesures", soutient Michel Escoffier. Pour dénoncer l'augmentation de l'inflation non compensée, le travail administratif chronophage et la pénurie de médicaments, ce jeudi 30 mai, 48 pharmacies sur les 59 seront ouvertes dans le département des Alpes-de-Haute-Provence. "On va montrer la détermination des pharmaciens de France. On veut une avancée pour pouvoir vivre et travailler normalement" ajoute-t-il.
Propos recueillis par Jules Boudier.