Bienvenue à bord pour la campagne 2022. Durant six semaines un équipage composé de scientifiques et citoyens va sillonner le bassin occidental Méditerranéen à bord du "Bonita". Objectif, analyser les microplastiques présents dans l'eau.
"Cela faisait un moment que je voulais m’associer à un projet autour de la protection de la vie marine puis je suis tombé sur ce site.En deux mois je me suis décidée, je n’avais jamais mis un pied sur un bateau".
Maria Sinisi, 62 ans, encore plein d’étoiles dans les yeux, repense souvent à son séjour passé sur le bateau de l’association Expédition MED de 2021, elle était alors partie deux semaines.
Et elle a décidé de rempiler cette année ! Maria vient de la société civile, elle n’est pas scientifique mais parle quand même avec un jargon digne du professeur Tournesol.
Il faut dire que ces expéditions ne sont pas des vacances. En tant qu’éco-volontaire, elle comme les quelque six autres qui l’ont accompagné ont une mission clairement définie à bord.
"On est très encadrés par l’équipage explique très sérieusement Maria. Notre rôle est d’épauler les scientifiques à bord en faisant des prélèvements de plastique".
Cela se fait à l’aide de filets qui portent le nom de manta, un filet microplastique qui a des "ailes".
"Et il faut aller vite, pas plus de vingt minutes, chrono en main entre la mise à l’eau du filet et le prélèvement de l’échantillon. Sans oublier, surenchérit notre scientifique en herbe, de noter scrupuleusement les longitude et latitude du lieu de prélèvement".
Si dit comme cela, tout peut sembler très anecdotique, il n’en est rien. A la tête des expéditions MED, Bruno Dumontet qui lorsque nous le contactons dit être déjà sur le pont pour l’édition 2022.
"Le projet est né en 2009" explique l’intéressé. "Je ne suis pas marin à la base" précise-t-il d’emblée.
Ni capitaine Haddock ni scientifique tout à fait, agronome en fait. L’histoire est digne d’un film hollywoodien : "Un jour sur un ponton j’étais là avec ma canne à pêche. En regardant vers l’eau, un spectacle bien peu réjouissant, des plastiques flottant dans l’eau".
En réalité des microplastiques, largement médiatisés ensuite par le nom de septième continent. Bruno Dumontet se dit alors qu’il doit s’engager dans des actions marines.
Dans ces années là on voit apparaître les premiers protocoles d’observation des mammifères marins. Et de ces fameux microplastiques qui n’intéressent alors pas grand monde. Il décide alors de se lancer en se documentant.
"J’ai contacté un scientifique américain, Charles Moore, le découvreur du gyre plastique de l’océan Pacifique Nord".
L’océanographe fait alors référence en la matière. Bruno Dumontet lance alors les expéditions MED. L’originalité du projet sera d’associer un vrai équipage de bateau, cela va du capitaine au cuistot avec à la fois des scientifiques, et le grand-public.
Le courant passe avec le chercheur qui lui offre son premier filet manta, un filet étudié et reconnu dans le monde entier aux fins de prélèvements des microplastiques. L’aventure démarre ainsi.
La première expédition est décidée, un bateau acheté à 50/50 avec le capitaine. "Mais il fallait s’entourer, ici en Côte d’Azur, de chercheurs, de scientifiques faisant autorité" se souvient Bruno Dumontet.
Au départ les prélèvements opérés sur le bateau étaient conservés jusqu’au moment où l’on rentrait mais désormais les scientifiques nous accompagnent sur nos missions.
Les analyses se font en temps réel. Un gain notoire d’efficacité. Pour chaque expédition figurent à bord des personnes volontaires à qui l’on demande simplement de s’intéresser évidemment à la cause.
La traque aux microplastiques qui ne passionnaient pas les foules il y a quelques années fait l’objet de plusieurs milliers de publications de par le monde. Ce dont se réjouit l’initiateur d’expédition MED.
On y découvre le danger de ces microplastiques pour les mammifères marins mais aussi pour l’homme.
"Nous-mêmes à l’issue de chaque campagne nous publions un rapport sur nos recherches".
Je milite pour la science participative-
Bruno Dumontet
"Le problème avec la méditerranée" explique Bruno Dumontet "c’est une mer quasi-fermée. Les déchets viennent de partout, y compris de la rive sud et c’est pour cela que nous souhaiterions associer d’autres pays dans notre traque et analyse des microplastiques comme le Maroc ou l’Algérie".
Ce pays concentre à lui tout seul 8000 kilomètres de côtes. En juillet et août les expéditions vont se succéder en France mais aussi en Italie ou Corse le long des côtes. Trente éco-volontaires comme Maria feront partie du voyage. Il y a encore des places pour ceux que cela intéresse.